Excellences, 
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais d'abord f�liciter Sant'Egidio et ses repr�sentants ici m�me, en particulier le professeur Riccardi et don Matteo, et les assurer de mes sentiments amicaux. Je tiens �galement � f�liciter le jury du Prix F�lix Houphou�t-Boigny pour la Recherche de la Paix, pour la pertinence de leur choix. Jusqu'il y a peu la guerre �tait synonyme de conflit international, mais les derni�res d�cennies ont vu se multiplier les conflits ethniques, les conflits religieux, identitaires au sein m�me des nations. Ces crises nous ont oblig� � repenser notre approche des conflits ainsi que les m�thodes pour les pr�venir et les r�soudre. Dans le m�me temps, de nouveaux acteurs sont apparus sur la sc�ne internationale et Sant'Egidio en est indiscutablement l'un de plus reconnus. Je ne veux pas rappeler � mon tour toutes les r�gions du monde o� Sant'Egidio � �t� actif, mais vous ne serez pas surpris si je retiens surtout ses actions et ses r�alisations en Afrique. Alors je veux vous dire que c'est aussi pour moi un motif de satisfaction que notre r�union cet apr�s-midi soit �galement plac�e sous le signe de l'Afrique et rassemble tant d'amis sinc�res et engag�s de ce grand continent.

Il est un autre aspect de l'activit� de Sant'Egidio auquel nous sommes particuli�rement sensibles. Je veux parler du dialogue interreligieux ainsi que du dialogue entre croyants et non croyants. Plut�t qu' � un conflit entre civilisations, je crois au dialogue entre les peuples et les cultures. Il y a quelques ann�es le professeur Riccardi d�clarait - et je cite - que "la droite raciste, x�nophobe, lep�niste, exprime le village qui se ferme, non la ville ouverte. Ce n'est pas l'esprit d'une civilisation riche, qui conna�t sa force, mais celui d'une province qui veut se clore. On ne fait pas - disait-il - de politique en se fondant sur la peur". Je peux sans r�serve faire miens ces propos, ce dialogue humaniste, d�mocratique, respectueux, confiant, auquel Sant'Egidio contribue si bien et qui nous est aujourd'hui le plus n�cessaire pour pr�venir les crises d'un type nouveau auxquelles nous sommes de plus en plus confront�s.

Professeur, vous et vos amis, vous incarnez mieux que d'autres une conscience citoyenne, fond�e sur l'engagement vigilant en faveur d'une soci�t� juste, g�n�reuse et ouverte. Vous menez votre combat avec d�termination mais avec mesure et pond�ration, sans l'ent�tement agressif et souvent vain, qui caract�rise trop souvent les luttes l�gitimes quand elles s'expriment de mani�re improvis�e ou brutale. Vous portez pourtant en vous - je le sais, je le sens - l'inspiration de la r�volte, de la saine r�volte. Mais vous en canalisez si bien l'expression pour la transformer en progr�s humain. Ceci confirme aussi la pertinence toujours actuelle de la d�marche des p�res fondateurs de l'Unesco pour qui c'est d'abord dans l'esprit des hommes que la paix doit se construire. Voil� pourquoi c'est pour moi un honneur et une joie de participer aujourd'hui � l'Unesco � la remise du Prix F�lix Houphou�t-Boigny pour la Recherche de la Paix � la Communaut� Sant'Egidio. Je vous f�licite et je vous remercie.