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18 mai 2000
Le Mozambique repart � z�ro
Frapp� en pleine reprise �conomique par des inondations catastrophiques
Joao Mutourbene est reparti satisfait � Maputo. La communaut� internationale va venir au secours du Mozainbique sinistr� par les cyclones Euline (27 f�vrier) et Hudah (du 5 au 8 avril). Encore un demi-million de personnes sont d�plac�es � l'int�rieur du pays. Et sur les quatre millions et demi d'habitants - en majorit� dans les provinces de Gaza, le long du fleuve Limpopo, et du Zamb�ze - qui ont fui la mont�e des eaux, la moiti� �prouve toujours de grandes difficult�s �conomiques.
"La phase d'urgence est pass�e. Il faut penser � reconstruire. Les paysans ont tout perdu maisons, b�tail, semences, outils agraires. Ils sont trop pauvres pour s'endetter et d�pendent enti�rement de l'aide ext�rieure ", explique ce responsable d'une ONG tr�s active dans le pays, la " Rural Association for Mutual Support", qui coordonne 250 coop�ratives agricoles ayant chacune un millier d'adh�rents. Sa plus grande satisfaction : le programme de micro-cr�dit (20 millions de dollars) que les pays donateurs vont financer. " C'est tr�s important. Sans cela de nombreux paysans n'ont aucun moyen de faire face � leurs �ch�ances. Le micro-cr�dit constitue une bou�e de sauvetage. Encore faut-il que le secteur coop�ratif n'en soit pas exclu ". explique-t-il.
Le programme fait partie de l'enveloppe de 452,9 millions de dollars que les pays donateurs ont accord�e au Mozambique, lors d'une conf�rence internationale qui s'est d�roul�e d�but mai � Rome sous l'�gide du Programme des Nations unies pour le d�veloppement (PNUD).
Les �tats-Unis se sont engag�s � verser 131 millions de dollars, la plus grosse contribution. Viennent ensuite l'Union europ�enne (60 millions), les Pays-Bas et la Grande-Bretagne (45 millions chacun) et le Japon (30 millions). " C'est une tr�s bonne journ�e. Pour le Mozambique, d'abord, dont la bonne gestion �conomique et le retour � la d�mocratie sont r�compens�s. Pour les donateurs, avec les �tats-Unis qui jouent � nouveau leur r�le de leader. Et pour le PNUD. qui pr�nait une nouvelle approche de la reconstruction. Qui plus est: il s'agit de contributions fra�ches et disponibles tout de suite, c'est-�-dire pour plus de la moiti� d�s le mois prochain", d�clare l'administrateur du PNUD Mark Malloch-Brown.
"En quinze ans, ajoute-t-il, le Mozambique a fait des progr�s consid�rables. Sans les cyclones, il aurait eu cette ann�e une croissance de 10 %. l'une des plus fortes au monde. La soci�t� civile est associ�e � cet effort. Quant au gouvernement. il vient de remporter une nouvelle l�gitimit� avec les �lections libres de l'an dernier. "
L'Italie tenait beaucoup � h�berger cette conf�rence. Elle a en effet jou� un r�le majeur dans le retour de la paix en 1992 dans l'ancienne colonie portugaise. Les tractations s'�taient d�roul�es au si�ge de la communaut� de Sant'Egidio, tr�s active dans ce pays : le p�re Matteo Zuppi un des piliers de cette communaut�, confie : " Le Mozambique est un exemple pour l'Afrique tout enti�re. Il est parvenu � instaurer la d�mocratie et une vie parlementaire et g�re tr�s bien ses ressources. Les progr�s effectu�s ces derni�res ann�es sont stup�fiants, m�me si la pauvret� r�gne encore. C'est pourquoi il est important d'engager au plus vite me reconstruction r�elle en le lib�rant de sa dette ext�rieure. " Cette dette ext�rieure s'�l�ve � deux milliards et demi de dollars.
Pour le ministre italien des Affaires �trang�res Lamberto Dini, le Mozambique est un partenaire fiable. Aussi l'Italie se propose-t-elle d'annuler l'int�gralit� des encours de Maputo �. son �gard, y compris ceux contract�s � l'�gard du secteur priv�. L'id�e a �t� avanc�e devant le Club de Paris en mars dernier: en attendant un moratoire g�n�ral, Rome comme Oslo et Madrid ont d�j� suspendu unilat�ralement les remboursements de dette publique qui leur sont dus. "Les initiatives d�j� prises dans le cadre du Club de Paris ont permis de r�duire le service de la dette �14 millions de dollars cette ann�e, contre 104 millions en 1998 ", poursuit M. Malloch-Brown.
Pour sa part, le pr�sident du Mozambique, Joachim Chissano, s'est f�licit� du cr�dit accord� � son pays: " Il faut agir maintenant et pas demain. Tout d�lai suppl�mentaire contribue � faire d'un petit probl�me aujourd'hui un gros probl�me demain. "
L'approche du PNUD sur des catastrophes de cette ampleur est nouvelle. II s'agit en effet de financer le moyen terme, entre la phase d'urgence et la reconstruction proprement dite. Cela veut dire remettre en marche l'�conomie et faire en sorte que les populations puissent de rentrer dans leurs foyers. Une vingtaine de projets ont �t� pr�par�s. Quelque 214 millions de dollars sont pr�vus pour la r�fection des infrastructures de base telles que routes, ponts et voies ferr�es (50 millions serviront � reconstruire la ligne ferroviaire du Limpopo, un axe de communication vital entre Maputo et le Zjmbabwe).
La remise en marche de l'�conomie absorbera 124 millions de dollars, dont 59 millions de dollars pour l'agriculture, 22 millions pour les p�cheries, 19 millions pour le commerce, 12 millions pour l'industrie et 7 millions pour le tourisme. �ducation, sant� publique et action sociale devraient recevoir 90 millions, tandis que 22 millions serviront � r�duire la "vuln�rabilit� " du pays, en cr�ant un office de m�t�orologie et en renfor�ant les capacit�s de lutte contre les d�sastres naturels un tiers de cette somme permettra de financer une campagne de rep�rage et de destruction des mines antipersonnel emport�es par les crues sur des terres fertiles. Il s'agit d'un programme vital pour permettre aux populations de r�int�grer leur domicile.