Comunità di S.Egidio


 

19/02/2001


� Sant�Egidio n�est pas un petit Quai d�Orsay sur le Tibre! �
Fondateur de la communaut� Sant�Egidio, le professeur Andrea Riccardi �tait l�invit�, dimanche, sur France 2, de l��mission � Midi moins sept�

 

Vous n�avez pas de porte-avions et pratiquez une � diplomatie aux mains nues � avec une � logistique de la pri�re � N�est-ce pas na�vet� dans un monde de rapports de force?

Professeur Andrea Riccardi : Sant�Egidio n�est pas un petit Quai d�Orsay sur le Tibre! Sant�Egidio est une communaut� de femmes et d�hommes (...) qui prient, qui croient, qui lisent l��vangile, qui cherchent � le vivre. Dans ce travail, les pauvres sont nos amis. On a beaucoup travaill� pour la solidarit� contre la pauvret�. Et l� on a rencontr� la guerre, m�re de toutes les pauvret�s. On s�est alors demand� pourquoi ne pas faire quelque chose pour la paix. Voil� l�id�e. Ce n�est pas une contradiction, c�est le d�veloppement d�une communaut� qui na�t tous les jours de l��coute de la Parole de Dieu et qui lutte contre les pauvret�s.

Y a-t-il une recette Sant�Egidio pour d�bloquer des conflits?

Je crois que le secret c�est la confiance entre les deux parties : chercher ce qui unit et mettre de c�t�, comme disait Jean XXIII, ce qui divise. Tel est notre secret : cr�er un climat de confiance et affirmer que la paix est raisonnable, qu�elle est l�int�r�t des peuples et que la guerre est une absurdit�.

En 1994 et 1995, vous avez tent�, � Rome, de former une plate-forme pour la paix en Alg�rie. Les choses n�ont pas abouti. Comment avez-vous v�cu ce qu�il faut bien appeler un �chec?

Je ne divise pas l�activit� de Sant�Egidio en �chec et succ�s. La paix au Mozambique en 1992 est un succ�s. On a sign� la paix � Sant�Egidio apr�s des millions de morts. Quant � l�Alg�rie, ce n�est pas un �chec de Sant�Egidio mais un �chec de l�Europe et des pays arabes qui ont laiss� l�Alg�rie dans cette situation terrible. On a voulu donner un signe : la maison de notre voisin, l�Alg�rie br�le. Que fait-on? On avait appel� des amis, des Alg�riens, � parler de l�Alg�rie et � s�interroger sur ce qu�on pouvait faire pour ce pays.

La Terre sainte br�le elle aussi: avez-vous dans vos cartons et m�thodes la possibilit� d�y d�poser un germe de paix?

Beaucoup de monde travaille actuellement pour la Terre sainte mais nos pri�res et nos intentions concernent le conflit des conflits : entre Palestiniens et Isra�liens. C�est un conflit cl� pour toute la M�diterran�e. Maintenant la religion entre dans le conflit. Et je crains cela.

Nous travaillons beaucoup pour le dialogue parce qu�en un monde o� des gens de religions diff�rentes cohabitent dans la m�me r�gion il faut dialoguer pour �viter que la diff�rence religieuse ou la diff�rence ethnique devienne un lieu de conflit, un terrain de culture de conflit. Pour cela je crois que le dialogue entre communaut�s religieuses est capital. Or je constate qu�il y a moins de sympathie, moins d�amiti� entre les communaut�s religieuses, et je crains cela.

Depuis 1968, date de la fondation de Sant�Egidio, votre exp�rience est inou�e. Si vous aviez une le�on � retenir de toute cette exp�rience quelle serait-elle?

C�est difficile de donner des le�ons aux autres. Je crois que la le�on est de prendre au s�rieux I��vangile, chercher � le vivre. Je dis toujours qu�il est possible de vivre Sant�Egidio quand il y a deux ou trois amis qui lisent l��vangile et qui sont amis des pauvres. La communaut�, c�est simple. Quand on commence avec s�rieux et fid�lit� des choses simples, on peut �tre amen� partout.
Je ne pense pas que les membres de Sant�Egidio soient des chr�tiens exceptionnels ou des h�ros. Ce sont des femmes et des hommes, comme tous les autres, normaux, qui cherchent � vivre l�extraordinaire de l��vangile et de la foi.

Jean-Marie GU�NOIS