Comunità di S.Egidio


 

25/02/2001


L�amiti� au service de la paix

 

Le jeudi 1er f�vrier, � l�UNESCO (Paris), la communaut� Sant�Egidio a re�u le prix F�lix Houphou�t-Boigny pour la recherche de la paix. Cette communaut�, pr�sente � Anvers, a �t� fond�e en f�vrier 1968 par Andrea Riccardi et compte actuellement 20.000 membres dans 70 pays du monde. Tous sont b�n�voles et gardent leur profession.

Cette communaut� �g�e aujourd�hui de 33 ans est sans doute un exemple parfait de ce que l�on peut attendre des chr�tiens en ce 21e si�cle. Fond�e dans les banlieues populaires de Rome, elle repose sur trois pieds : la pri�re, l�amiti� avec les pauvres, le service de la paix. Tout a commenc� par des r�unions de pri�re et de cours aux enfants pauvres de la banlieue romaine. Depuis lors, Sant�Egidio a �t� charg� par Jean-Paul II du suivi des rencontres d�Assise et s�est rendue c�l�bre pour avoir largement contribu� au r�glement du conflit au Mozambique. Ses membres ont �galement oeuvr�, avec succ�s et �checs, � la r�solution des conflits en Alg�rie, au Guat�mala, au Kosovo, au Burundi, au Congo.

De nombreuses personnalit�s �taient pr�sentes � Paris et ont pris la parole au cours de la c�r�monie de remise de prix. M. Boutros Boutros Ghali, secr�taire de la Francophonie, les a pr�sent�s comme des diplomates sans fronti�re ; les crois�s des temps modernes, et a soulign� leur g�nie du dialogue et de la m�diation. Jacques Delors, ancien pr�sident de la Communaut� europ�enne, a avou� sa complicit� profonde avec Sant�Egidio dans laquelle il trouve une conception de la charit� �t�ndue au domaine de la politique. Et de proph�tiser : � Le grand d�bat de ce nouveau si�cle sera : Quel dialogue entre les organisations internationales et les ONG? Ces organisations sont sans mandat, mais elles sont souvent le sel de la terre. � Le ministre Louis Michel voit dans une communaut� comme celle-ci l�apparition de nouveaux acteurs sur la sc�ne internationale. Il appr�cie leur sens du dialogue interreligieux et avec les nons-croyants. Le dialogue, en effet, peut pr�venir les crises en amont. � Vous portez en vous l�inspiration de la sainte r�volte �, a-t-il conclu.

Jean Foyer, vice-pr�sident du Jury, a vu dans l�amiti�, mot cher � la Communaut�, une traduction de la charit� (l�Agap�) chant�e par saint Paul dans sa premi�re Lettre aux Corinthiens. � La m�me fid�lit� aux pauvres les a conduits � s�occuper du peuple des pauvres et � mettre fin � la guerre, cause de pauvret�. C�est une diplomatie d�amateurs au sens �tymologique, c�est-�-dire par amour de la paix, des pauvres, des proches. Et c�est pour cela qu�elle r�ussit �, a expliqu� le vice-pr�sident. C�est, selon lui, un exemple de ce que peuvent la conviction et la foi religieuse dont certains voudraient effacer le souvenir dans la m�moire de la vieille Europe. Il ne s�agit pas de les r�compenser mais de les donner en exemple. � Heureux les artisans de paix parce qu�ils seront appel�s fils de Dieu �, a-t-il conclu sous les applaudissements.

� Parmi les nombreuses pauvret�s, nous sommes confront�s avec la m�re de toutes les pauvret�s. (�) Nombreux sont ceux qui peuvent faire la guerre et susciter les conflits, mais nombreux aussi ceux qui peuvent construire la paix �, a d�clar� Andrea Riccardi, qui recevait le prix au nom de la Communaut�. Et c�est au service de celle-ci que la Communaut� travaille � avec les mains nues du dialogue, en esprit de collaboration �.

Souvent des groupes politiques utilisent sans scrupules des motivations ethniques et religieuses pour susciter des passions belliqueuses. En r�ponse, Sant�Egidio tisse un r�seau d��changes et d�amiti� entre hommes et femmes de fois diff�rentes. � Le dialogue suscite sympathie, conduit � la cohabitation, et ainsi tarit les sources de conflits �, a expliqu� le fondateur qui a poursuivi en citant la vieille proph�tie d�Isa�e : � Ils briseront leurs �p�es pour en faire des socs, et leurs lances pour en faire de serpes � (Is. 2,4). � Oui, la rencontre, amis, c�est l�art de la paix, de la vie et de l�avenir. �

Les membres de la Communaut� ont conclu cette journ�e par un temps de pri�re � St-Mrri, �glise en style gothique flamboyant du 15e si�cle o� ils se r�unissent � Paris. Deux cents jeunes, de diff�rentes nations, chantaient d�un seul coeur : � Nous n�avons pas beaucoup de richesses, nous n�avons ni or ni argent, seulement la Parole du Seigneur : L�ve-toi et marche avec nous ! �

Charles Delhez