Comunità di S.Egidio


 

17/07/2001


G�nes s'appr�te � recevoir le G 8 sous une �troite surveillance polici�re
100 000 manifestants sont attendus, dont quelques milliers viennent pour "casser du flic"

 

G�nes s'active aux ultimes pr�paratifs avant le sommet du G 8, pr�vu du 20 au 22 juillet. D'importantes mesures de s�curit� ont �t� prises par les autorit�s pour �viter tout d�bordement, notamment lors de la grande manifestation du 21 juillet. Une bonne partie des contestataires antiglobalisation se sont regroup�s autour du Genova Social Forum (GSF), mais d'autres seront l� pour "casser du flic".

G�NES de notre envoy�e sp�ciale

Enormes chantiers en cours de finition dans le port et le centre historique, f�brilit� dans les bureaux des organisateurs du sommet, mobilisation r�solue mais sereine des �diles locaux, irritation inqui�te chez les commer�ants. Et puis partout des soldats en uniforme, des gendarmes et des policiers en patrouille qui surveillent le chaland : tel est, � la veille de l'ouverture du G 8, le visage de la capitale ligure, berceau de Christophe Colomb, neuf cent mille habitants, toute en longueur sur 35 km de front de mer et dont le c�ur �troit est un entrelacs de venelles. Ainsi l'a d�couverte Silvio Berlusconi, le nouveau chef du gouvernement italien de centre-droit, venu � trois reprises en une semaine v�rifier le bon avancement des pr�paratifs et exhorter les autorit�s � "faire mieux et plus vite". Pas question de laisser quoi que ce soit au hasard : la r�ussite de ce rendez-vous mondial est un test important pour son "programme des cent premiers jours" � la pr�sidence du conseil.

L'effervescence et la mobilisation ne sont pas seulement perceptibles du c�t� des autorit�s italiennes. Pour un motif contraire, celui de lutter contre la mondialisation, des associations catholiques sont arriv�es de toute la P�ninsule. Parmi elles, la communaut� Sant' Egidio, tr�s active dans le tiers-monde, qui, d�s samedi 7 juillet, a tenu un meeting en ville. Dans la lame de fond antiglobalisation qui depuis Seattle en 1999 a envahi les pays industrialis�s, cette composante catholique n'est pas n�gligeable. D'autant qu'en Italie la plupart de ses militants participent au Genova Social Forum (GSF), le principal mouvement antiglobalisation.

Car le GSF a ses colombes et ses faucons. Il regroupe pr�s d'un millier d'associations, qui vont de la Lila - qui se bat contre le sida - aux WWF �cologistes, en passant par les Tute Bianche (litt�ralement les combinaisons blanches), plut�t anarchistes et de gauche. Le porte-parole du GSF, Vincenzo Agnoletto, �cout� de tous, pr�ne la non-violence, une valeur de base dans ces mouvances nourries d'Internet qui, contrairement aux gauchistes des ann�es 70, ne cherchent pas � renverser le pouvoir et ne se reconnaissent plus dans les id�ologies th�ologiennes.

Samedi 14 juillet d�j�, � Vintimille, la fronti�re a �t� ferm�e et des milliers de jeunes Italiens et Fran�ais l'ont travers�e en dansant sous l'�il des cam�ras de t�l� et sous le nez des cordons de policiers impassibles.

C'�tait leur mani�re de protester "contre ce geste arrogant et ce manque � la parole donn�e du gouvernement, qui a compl�tement ferm� G�nes". La pr�fecture, qui coordonne le plan de s�curit� du sommet, a fait conna�tre le parcours autoris� pour l'immense cort�ge pr�vu par le GSF sur 5 km le samedi 21 juillet.

Sans attendre, les bouches d'�gout ont �t� obtur�es et les soupirails de certains palais ont �t� coiff�s de plaques de m�tal, au point que certains habitants voient en ces mesures le signe avant-coureur de la suppression de l'alimentation en gaz.

AMBIANCE DE GU�RILLA
Une autre rumeur circule sur des ruptures pendant le sommet des circuits t�l�phoniques, y compris ceux des portables. Il est vrai qu'on attend les jeunes contestataires am�ricains du projet Archim�de, qui avaient r�ussi � Seattle � d�poser un micro espion � l'int�rieur m�me de la salle de la r�union des Grands.

"Ce sont des voyous, ils viennent pour casser. On n'a qu'� les traiter en voyous", r�clament quelques voix fortes dans la nouvelle majorit�. Elles restent pour le moment minoritaires, mais, au GSF comme chez les Tute Bianche, on s'interroge : "Silvio Berlusconi cherche-t-il vraiment le dialogue d'une main, alors que de l'autre il nous fait arr�ter?" Le fait est que quelques groupes rebelles italiens ou �trangers, quelques milliers sur les cent mille contre-manifestants attendus � G�nes, viennent pour casser du flic. Ils ont toujours refus� d'adh�rer aux positions du GSF et se pr�parent � leur gu�rilla, mais � l'abri des indiscrets, refusant tout contact avec la presse. Don Gallo, un pr�tre proche des anti-mondialisation, veut le croire : "Les autres sauront tenir bon, sauf si des provocations interviennent de part et d'autre."

Pour la premi�re fois, des t�moins inhabituels pourront en rendre compte. Une quarantaine de cin�astes, dont les fr�res Taviani, Ettore Scola et Mario Monicelli se sont invit�s � G�nes pour y tourner un documentaire collectif sur les manifestations, financ� par leurs fonds personnels. Un collectif d'avocats est sur place pour donner une assistance juridique en cas de besoin.

Danielle Rouard