Comunità di S.Egidio


 

11/10/2001


Les Messages des Imams et de la Communaute Sant' Egidio

 

Le forum pour la R�conciliation nationale, entr� hier dans sa phase op�rationnelle a certes �t� marqu� par des auditions politiques, mais aussi des interventions de religieux. Notamment, celles du Conseil sup�rieur des Imams (COSIM) et de la Communaut� Sant' Egidio qui ont port� le sceau de la v�rit�, de la sagesse et de la signification profonde de la religion dans la vie de l'homme, surtout de l'Ivoirien qui vit une crise multiforme sans pr�c�dent. Nous avons choisi pour vous, des morceaux choisis de leur message � la Nation. Des messages qui appellent � l'esprit de communaut� et de tol�rance.


Message du Conseil sup�rieur des Imams

La�cit� � g�om�trie variable
"L'image de l'Islam est ternie dans les m�dias d'Etat cens�s �tre la propri�t� commune des Ivoiriens. Ces faits et d'autres sont-ils les signes de l'application impartiale de la Constitution de notre pays ? La C�te d'Ivoire est-elle une R�publique la�que, une et indivisible ? Car la la�cit� tant proclam�e est appliqu�e � g�om�trie variable".

Quand les gouvernants m�prisent les musulmans
"(...) Notre Constitution a �t� con�ue et adopt�e pour acc�der au pouvoir d'Etat. A preuve, la valse du "OU" et du "ET" lors de l'�laboration de cette Constitution. Il n'a pas �t� tenu compte de l'histoire de la C�te d'Ivoire, de son peuplement, de ses ethnies nombreuses et � cheval sur plusieurs Etats, des activit�s socioculturelles de ses populations. La Constitution se trouve aux antipodes des r�alit�s v�cues par les populations o� se m�lent chr�tiens et animistes. On constate que l'attitude des gouvernants vis-�-vis des musulmans frise le m�pris".

Policiers, matraques et bombes lacrymog�nes dans les mosqu�es
"Le Pr�sident B�di� � l'occasion de la premi�re r�union du Bureau politique le 10 juin 1994, affirmait : Le nouveau parti des R�novateurs veut cr�er un parti de Dioula et de musulmans � 80 %. Nos lois s'y opposent. Jamais nous admettrons une telle situation". Moins d'une semaine apr�s, les policiers entraient de force les 16 et 17 juin 1994 dans une mosqu�e d'Abobo, battant des fid�les avec leurs matraques et bombes lacrymog�nes... Le Secr�taire g�n�ral du PDCI, ministre de l'Int�gration d'alors d�clarant le 12 mai 1994 : "L'int�grisme religieux s'arr�tera aux portes du Sahel. Il n'entrera pas dans la for�t ivoirienne" .

Les musulmans sous Gu�i
"Quant au G�n�ral Gu�i, le cadre de ce forum est trop r�duit pour permettre au COSIM de recenser les pr�judices que le chef de la junte militaire a caus�s � toute la communaut� musulmane et � ses dignitaires. Enl�vements, tortures, meurtres, perquisitions, diffamation, etc".

Les musulmans sous Gbagbo
"Sous le pr�sident Gbagbo, le rapt, va continuer. En effet en d�cembre 2000, en plein mois de je�ne du Ramadan, plus d'une centaine de fid�les musulmans et leurs Imams seront battus en pr�sence des membres de leurs familles � Abobo, conduits � l'Ecole de police pour y subir d'autres humiliations : asperg�s de leurs urines recueillies pour des besoins de la cause dans des seaux, effets vestimentaires br�l�s, refus du Pr�sident Gbagbo de recevoir les Imams..."

Des recommandations du COSIM

- "Que les tenants du pouvoir, les autres acteurs politiques, la soci�t� civile, les congr�gations religieuses �uvrent ensemble pour faire de la C�te d'Ivoire une nation de Droit."

- "Que les principes de la�cit� soient appliqu�s. Les f�tes musulmanes (Ramadan, Tabaski, Maouloud, Nuit de Arafat...) doivent avoir le m�me caract�re officiel que les f�tes chr�tiennes No�l, P�ques, Toussaint, Ascension, Pentec�te, marqu�es de cong�s scolaires et de jours f�ri�s (...). Autant les f�tes de minuit pendant la No�l et celles de la Saint Sylvestre sont retransmises en direct, autant que les f�tes musulmanes cit�es plus haut doivent �tre retransmises en direct. Le m�me temps d'antenne � la t�l� et � la radio doit �tre accord� � toutes les confessions religieuses.

- "Que l'acc�s aux c�r�monies et lieux publics soit soumis aux m�mes conditions pour toutes les confessions.

- "Que les dispositions protocolaires et les d�cisions gouvernementales traitent de fa�on impartiale les dignitaires religieux (...).

- "Que les auteurs et commanditaires des r�cents crimes (viols, tortures, destructions de biens) soient identifi�s, jug�s et sanctionn�s.

- "Que leurs victimes soient indemnis�es et consol�es par la Nation.

- "Que l'�cole musulmane b�n�ficie des m�mes assistances que les autres �coles priv�es confessionnelles (...) "


Message de la communaut� sant'Egidio

Sant' Egidio et l'Humanisme chr�tien
"La communaut� est n�e en 1968, apr�s le Concile Vatican II comme disait le professeur Andrea Riccardi : "La communaut� qui jaillit de l'Evangile, d'une Evangile pris au s�rieux, devient c�ur de l'existence, faite d'exp�rience mobilisatrice de g�n�rosit� et de solidarit� (...). De cet humanisme nourri de la foi et anim� par l'esp�rance, na�t encore aujourd'hui une culture de solidarit�".

Le Frisson du changement
"Il n'y a pas � tomber dans le pi�ge du pessimisme, encore moins ces p�riodes difficiles pour notre monde. Le si�cle qui s'est achev� a marqu� une transformation profonde pour le continent africain. Avec les premi�res ann�es 90, avec le vent de la d�mocratie, tous les pays africains ont �t� travers�s, de mani�res diverses, par le frisson du changement, qui a secou� les soci�t�s africaines et les dirigeants politiques"

Le cas ivoirien et... le dialogue
" (...) Dans mon exp�rience personnelle, j'ai toujours vu la C�te d'Ivoire, et malgr� tous ses probl�mes, comme un lieu o� le dialogue est devenu une forme de vie et dans lequel la rencontre entre beaucoup de gens diff�rents a �t� � la base de sa m�me existence quotidienne. Il y a eu ensuite des probl�mes qui ont sembl� rompre cette harmonie. Vous �tes ici pour les r�soudre, pour les affronter avec s�r�nit� et justice, devant toute la nation qui vous regarde et avec le t�moignage de beaucoup de tr�s distingu�s amis"

L'�quilibre, l'histoire, la m�moire et le futur
"Comme l'�crit un grand philosophe, il y a un art difficile � exercer celui de l'�quilibre. Equilibre qui, aujourd'hui, il va falloir construire dans la m�moire l'histoire et le futur. Cet �quilibre est aujourd'hui l'objet de votre effort, de votre engagement pour la C�te d'Ivoire. Ici s'�crit une page de sagesse du peuple ivoirien : sortir d'un conflit � travers le dialogue (...) Se reconna�tre membres de la communaut� nationale, avec un int�r�t national en commun, dans le respect des institutions dont le pays s'est dot� et qu'il s'est donn�."

La culture de la fraternit�
" (...) Pour exp�rience personnelle, nous savons combien les incompr�hensions entre fr�res sont souvent les plus douloureuses, les plus profondes aussi du point de vue psychologique, parce qu'elles mettent en discussions les choses les plus ch�res. Les conflits avec les �trangers passent. Entre les fr�res, cela semble plus difficile. Et pourtant, on reste toujours des fr�res malgr� toutes les exp�riences. Cela est ce qui nous nuit, c'est la m�moire � transmettre aux jeunes g�n�rations".

L'art de la rencontre, de la paix et du futur
"La C�te d'Ivoire de demain a besoin de la sagesse, du dialogue, de la sensibilit� � la douleur des autres, de foi et de conviction, d'une amiti� ouverte � tous et qui vous soutiendra sur ce chemin. Cette rencontre de ce jour est pour nous pr�cieuse. Comme a �crit un po�te Br�silien Vinicius de Moares: "La vie, ami, c'est l'art de la rencontre". Oui, la rencontre, chers amis, et l'art de la paix, de la vie et du futur".

Assoumane Bamba