Comunità di S.Egidio


 

02/07/2002

L�implication diplomatique des ONG s�accro�t
Conflits apparents et n�gociations discr�tes

 

Elle a fait couler de l�encre pour tenter d�arr�ter l�effusion de sang au Guatemala, au Mozambique, au Burundi, en Alg�rie et dans les Balkans. Il s�agit de la communaut� Sant�Egidio, illustration parfaite de ce que peut �tre une diplomatie parall�le. Fond� par Andrea Riccardi en 1968, l�organisation jouit d�une r�putation tr�s favorable. Elle est souvent pr�sent�e comme le mariage parfait, et extr�mement difficile, de la religion, de la diplomatie, de l�engagement et de la neutralit�. Des personnalit�s aussi diff�rentes que Laurent-D�sir� Kabila (ancien chef d�Etat congolais), Paul Kagame (Rwanda), Museweni (Ouganda), Denis Sassou Nguessou (Congo Brazzaville), Madeleine Albright (ancien secr�taire d�Etat am�ricain), Hubert V�drine (ancien chef de la diplomatie fran�aise), Ibrahim Rugova (leader de la Ligue d�mocratique du Kosovo) et Mikha�l Gorbatchev (ex-pr�sident sovi�tique) ont d�fil� entre les murs du quartier g�n�ral.

La religion au service de la diplomatie
Les activit�s de la communaut� sont sous-tendues par celles d�autres organisations, telles que la Conf�d�ration internationale des syndicats libres (CISL), consid�r�e comme l��un de ses piliers tout-terrain�. Mais l�un des principaux atouts de Sant�Egidio est d�aborder les conflits en pr�sence sans prendre en consid�ration le sch�ma en vigueur qui fixe le statut de chaque partie en pr�sence et d�termine son r�le (victime/bourreau, agresseur/agress�, terroriste/d�fenseur de l�ordre public�). Au Mozambique, la communaut� s�est adress�e � la R�sistance nationale du Mozambique (Renamo) d�Alfonso Dlakhama et a fait de m�me au Burundi et au Rwanda, o� les Hutus ne sont plus consid�r�s comme des citoyens � part enti�re, puis dans les Balkans, champs de bataille o� les politiques ont raviv� les plus sombres �pisodes de l�histoire. De la Sierra Leone � l�Alg�rie, �il avait fallu quelque courage pour oser associer � un r�glement politique celui qui, aux yeux de la communaut� internationale, faisait figure de pestif�r�, fait remarquer Philippe Leymarie dans Une communaut� religieuse dans la m�diation des conflits.La communaut� met en avant un principe, celui de la relativisation qu�elle applique pour affirmer qu�il n�existe plus de recette toute faite. Ni la fameuse realpolitik ni le principe d�ing�rence ne suffisent � trouver des solutions viables. Sant�Egidio croit, en revanche, � la n�cessit� d�accepter la contradiction devenue r�gle. Cette n�cessit� est �trangement mise en exergue pour, dit-elle, ��viter le clash des civilisations, notamment la guerre culturelle avec l�islam�.Quels rapports Sant�Egidio entretient-elle avec le Vatican ? Est-elle, comme il est souvent �crit, le �sous-marin� du Vatican ? A noter tout d�abord que la communaut� n�a �t� officiellement reconnue par le Saint-Si�ge qu�en 1986, soit apr�s dix-huit ans d�existence. Sur le plan symbolique, rappelons qu�en 1991, l��v�que Don Vincenzo Paglia, l�un des plus anciens pr�tres de la communaut�, a �t� le premier repr�sentant de Rome � p�n�trer en Albanie pour y pr�parer discr�tement l�apr�s-communisme, � savoir le r�tablissement d�une hi�rarchie catholique. Huit ans plus tard, alors que la guerre du Kosovo faisait rage, Don Paglia s�est rendu en Yougoslavie. Or, quelques semaines plus tard, Ibrahim Rugova, le leader albanais jusque-l� assign� � r�sidence par Belgrade, sortait de l�isolement dans lequel il �tait r�duit, se rendait � Rome et �tait re�u par le Pape.

Louisa A�t Hamadouche