Comunità di S.Egidio


 

03/09/2002


Les religions se trouvent de nouvelles responsabilit�s
Le premier colloque international organis� par Sant'Egidio depuis le 11 septembre 2001 entend lutter contre le pessimisme ambiant.

 

Bernard Kouchner vient de terminer une table ronde. Epuis� par la chaleur du monumental th��tre de Palerme, il est accroch�, au premier rang, par une religieuse souriante et espi�gle. � Bernard, tu as dit beaucoup, mais quelle solution proposes-tu ? � Embarras et bonne humeur, Soeur Emmanuelle pointe une des questions centrales de cette 14e rencontre � Religions et cultures, entre conflit et dialogue �, organis�e dans la capitale sicilienne jusqu'� ce soir par la communaut� de Sant'Egidio, et premi�re rencontre du genre depuis le 11 septembre 2001. Dimanche, 495 personnalit�s civiles et religieuses sont arriv�es du monde entier. Elles veulent prier, m�diter et d�battre sur les cons�quences de ce drame. Et ce soir, dans les rues arbor�es de Palerme, chacune des 12 religions pr�sentes priera pour la paix, selon son rite. Des quatre coins de la ville, tous rallieront en procession de paix la place Politeama. R�unis l�, ils signeront et proclameront le 16e appel pour la paix. L'an pass�, � Barcelone, ville alors choisie par Sant'Egidio pour ce rassemblement annuel, cet appel pr�c�dait de quelques jours la date fatidique du 11 septembre.


Le 11 septembre renforce le besoin de dialogue

Alors impr�visibles, ces attentats impr�gnent aujourd'hui les esprits. Andrea Riccardi, fondateur de la communaut� de Sant'Egidio sait qu'il doit remonter le courant. Il se bat contre � le terrain du pessimisme �. Il propose, envers et contre tout, le dialogue entre les religions, � plus n�cessaire que jamais �. Il souligne la nouvelle � responsabilit� des communaut�s religieuses �. Aucune d'entre elles � ne peut plus vivre seulement pour elle-m�me �. Volontier proph�te, il conclut : � Nous sommes convaincus que nous sommes une image du futur : approfondir sa propre foi et vivre ensemble en paix. � Difficile toutefois. Hier matin, lors d'une des 16 tables rondes de la journ�e, sur le th�me � Un conflit de civilisation est-il in�vitable apr�s le 11 septembre �, Bernard Kouchner, sur la base de son exp�rience de repr�sentant sp�cial de l'ONU au Kosovo, reconnaissait : � J'ai souvent constat� qu'une fois la guerre d�clar�e, les structures religieuses n'ont plus de prise, d'influence directe. Le souvenir des massacres l'emportent sur les paroles de paix. � Il n'h�site pas � poser cette question devant un parterre o� les costumes religieux rivalisent d'originalit� : � Mais qui se charge des extr�mismes religieux au sein des religions ? �

Personne ici, � commencer par lui, ne simplifierait le d�bat au point de charger les religions d'une responsabilit� qui leur �chappe dans des conflits politiques mais beaucoup, comme Bronislaw Geremek, historien polonais, attendent que les religions se livrent apr�s le 11 septembre � une � autocritique �. Appara�tra-t-elle, ce soir, dans la d�claration finale ? Il y aura, d'ici l�, encore beaucoup de paroles � Palerme. Mais aussi de premiers pas.


� Passer de l'�tat de droit � la loi de l'amour �

Mgr Diarmund Martin, qui repr�sente le Saint-Si�ge dans les plus grandes conf�rences internationales, veut y croire. Pour lui, le terrorisme de l'an pass� est le produit d'une � d�viation pathologique de la globalisation �. Soigner ce mal avec les � armes traditionnelles � de la riposte militaire produira un � r�sultat oppos� �. Les croyants doivent, au contraire, � passer de l'�tat de droit � la loi de l'amour � et se battre � pour les pauvres qui ne sont pas des terroristes ou des sans-papiers potentiels, contre le protectionnisme �conomique, pour le respect des diff�rences �. Il appelle les croyants � une � nouvelle alliance � pour opposer � un non sans �quivoque au conflit �. Ils sont les � t�moins de la famille humaine �, rappellent-ils. Ils ont � la responsabilit� de l'esp�rance �. Et contre l'objection de la na�vet�, il oppose le concept du � proph�te �. Il est l� � pour dire ce que beaucoup ne veulent pas comprendre �. Il y a donc du travail � accomplir, les religions en sont plus conscientes que jamais. En introduisant ce congr�s, le cardinal Roger Etchegaray lisait un message sp�cial de Jean-Paul II qu'il repr�sente � Palerme. Le Pape attend de ce congr�s qu'il puisse � �valuer les efforts qui restent � accomplir ensemble �. Il ajoute que, dans une telle ville, au coeur de la zone m�diterran�enne, lieu de convivialit� � entre cultures et religions � mais aussi de � conflits cruels �, Terre sainte et Afrique ne doivent pas �tre oubli�es. Il esp�re que � de Palerme surgisse un nouvel appel pour que tous s'engagent de fa�on responsable pour la justice et pour une authentique solidarit� �.

Jean-Marie Guenois