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05/09/2002 |
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"Le sang d'un enfant irakien a-t-il moins de prix que celui d'un enfant am�ricain ?" La question, lanc�e par un pr�tre arabe, applaudie par des participants musulmans, donne la mesure du climat qui a r�gn� au cours du sommet interreligieux organis�, du dimanche 1er au mardi 3 septembre � Palerme, par la communaut� de Sant'Egidio. "Les enfants irakiens mouraient d�j� avant l'embargo, a r�pliqu� le Fran�ais Bernard Kouchner. On n'en finira pas avec les guerres avec la seule morale !" Les menaces de conflit arm� entre Washington et Bagdad ont donn� le ton - antiam�ricain et antiglobalisation - d'une assembl�e de 400 responsables chr�tiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes, etc., intellectuels et hommes politiques, croyants ou non, qui �taient venus en Sicile, un an apr�s les attentats du 11 septembre 2001, pour sceller une nouvelle �re de paix et de r�conciliation. Apr�s des temps de pri�re dans des lieux s�par�s, ils ont d�fil� en procession dans les rues palermitaines et solennellement r�p�t� que la paix du monde passe par la paix des religions et condamn� toute instrumentalisation du nom de Dieu � des fins d'extr�misme politique : "Les religions ne justifient jamais la haine et la violence. Le nom de Dieu est la paix. Personne ne peut l'invoquer pour b�nir sa propre guerre (...). A ceux qui tuent et font la guerre au nom de Dieu, nous disons : arr�tez-vous. Ne tuez pas. La violence est une d�faite pour tous."
L'int�r�t de cet appel vient de la qualit� de ses signataires. D'ann�e en ann�e, la communaut� de Sant'Egidio (60 000 membres, dont 25 000 en Italie et la moiti� en Afrique), sp�cialis�e dans les m�diations et le dialogue interconfessionnel, touche une diversit� plus grande de pays et de courants religieux, politiques, intellectuels. Toutes les Eglises orthodoxes, y compris les plus hostiles � Rome (Russie, Gr�ce, Ukraine), �taient repr�sent�es � Palerme. Le ministre isra�lien Dan M�ridor est venu y d�battre avec des porte-parole palestiniens. L'islam comptait aussi une vingtaine de personnalit�s d'Arabie saoudite, de Turquie, d'Iran, du Soudan. Une d�l�gation islamo-chr�tienne �tait venue d'une C�te d'Ivoire travers�e par des tensions religieuses. Ce sommet de Palerme a pris des positions proches de celles entendues � la conf�rence de Johannesburg. La vraie racine des conflits n'est pas la religion, qui leur sert souvent d'alibi, mais la litanie des pauvret�s et des mis�res. "Il n'y aura jamais de paix durable sans d�veloppement durable", a soulign� Andrea Riccardi, pr�sident de Sant'Egidio, satisfait d'avoir sauv� l'inspiration d'un dialogue menac� de scepticisme apr�s le 11 septembre et la mont�e des radicalismes religieux dans le conflit isra�lo-palestinien.
Henri Tincq
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