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05/09/2002 |
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La magie de Sant'Egidio est intacte. Un an apr�s le 11 septembre, elle oppose au pire la force tranquille de la pri�re. Cette communaut� catholique a encore r�ussi, mardi soir � Palerme, � unir des centaines d'hommes et de femmes de tous horizons et de toutes religions. Sur la place Politeama, ils ont proclam� un poignant appel � la paix (lire ci-dessous). Ils refusent plus que jamais la r�signation. � Le pessimisme offrirait � l'avance une victoire au terrorisme qu'il est justement en notre pouvoir d'�viter �, assure Andrea Riccardi, pr�sident-fondateur de Sant'Egidio. Ces trois journ�es siciliennes ont rivalis� d'int�r�t : rencontres personnelles, d�bats et pri�res, gestes pos�s, l'essentiel semblait partout. Dans le sourire transparent de Lucia, petite Palermitaine de 8 ans, qui venait de recevoir avec onze autres enfants et douze jeunes de tous les continents � l'appel � la paix � des mains d'un rabbin, d'un imam ou d'un moine bouddhiste tout aussi �mus. Dans la flamme, autre symbole de paix de cette soir�e, allum�e ensemble par le cardinal Bernard Agr�, archev�que d'Abidjan (C�te-d'Ivoire) et Cheik el Hadi Kone Idriss Koudouss, pr�sident du Conseil national islamique du m�me pays. Dans la pr�sence volontaire, avant cette c�l�bration finale, de l'ambassadeur des Etats-Unis pr�s le Saint-Si�ge, James Nicholson, � la pri�re musulmane pour la paix dans la salle r�serv�e � l'islam. Ou, dans la pri�re discr�te, extr�mement recueillie mais solitaire, du seul hindou pr�sent. L'essentiel �tait encore pr�sent dans la d�termination de Monica Gallo, Toscane et assistante sociale de 27 ans, chr�tienne, venue assister � la pri�re juive, dans l'une des salles de l'ancien couvent du Saint-Esprit. Dans l'un de ces moments de parler vrai, le soir pr�c�dent, lors d'un grand d�ner commun sur la superbe jet�e de Mondello, entre le P. Elias Chacour, fondateur en Isra�l d'une �cole intercommunautaire, et de l'ambassadeur du m�me pays, pr�s le Saint-Si�ge, Yosef N. Lamdan. Ou encore dans le t�moignage bouleversant de Rita Borsellino, la soeur du juge Borsellino, assassin� par la Mafia � Palerme, avec ses trois gardes du corps, en 1992, alors qu'il sonnait � l'appartement pour lui rendre une visite familiale ; dans le trou laiss� par la bombe, un olivier a �t� plant�. La vocation du d�bat au service du conflit isra�lo-palestinien Apr�s les symboles, l'essentiel r�side enfin dans les quatre-vingt seize heures de d�bats cumul�es en 24 tables rondes ! Le � dialogue entre Isra�liens et Palestiniens � r�unissait notamment Le�la Shahid, d�l�gu�e g�n�rale de la Palestine � Paris, Dan Merridor, ministre d'Etat en Isra�l _ une premi�re � ce niveau pour ces rencontres _, David Rosen, directeur du Comit� juif am�ricain en Isra�l, et le cardinal Etchegaray. Etaient �galement d�battus � la culture de violence et les religions �, � la r�conciliation apr�s les conflits �, � un troisi�me mill�naire sans peine de mort �, � l'immigration et le futur �, le destin de l'Afrique, celui de l'Am�rique latine, ou encore � la contribution des religions asiatiques pour la paix �. Longue liste d'id�es �chang�es, discut�es, souvent disput�es. Comme celle avanc�e par Bernard Kouchner et soutenue par Soeur Emmanuelle : � Puisque les religions sont si souvent utilis�es dans les conflits, pourquoi ne pas cr�er une commission interreligieuse repr�sentative et internationale qui pourrait rejeter cat�goriquement et aussit�t toute all�gation de conflits religieux ? � Bien s�r, les extr�mistes politiques et religieux, notamment islamiques, n'assistent pas aux rencontres de Sant'Egidio. Bien s�r, une partie des personnalit�s pr�sentes sont des habitu�s de ce club de la paix. Mais, malgr� ses seize �ditions, la violence de l'actualit�, le message continue de marquer. Cette communaut� romaine manie � merveille le symbole, comme le prouve la c�l�bration finale de la paix. Et elle semble d�tenir un secret. Sans doute est-ce l'exigence du dialogue constant et opini�tre. � Proph�tique �, selon Mgr Diarmuid Martin, diplomate du Saint-Si�ge, ce dialogue a le m�rite d'exister. Il oblige les religions � l'autocritique. Ainsi, cette question pos�e par le Grand Rabbin Sirat : � Qu'avons-nous fait apr�s le 11 septembre pour montrer � quel point nos consciences �taient interrog�es ? � Mais il oblige aussi � l'esp�rance. Apr�s Palerme, Sant'Egidio devrait organiser sa prochaine rencontre interreligieuse � New York.
Jean-Marie Guenois
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