Comunità di S.Egidio


 

Famille Chretienne

03/01/2003


Les martyrs, comme des flammes dans la nuit

 

�La nuit sera tr�s longue et tr�s sombre.� Cette confidence du patriarche russe orthodoxe Tikhon, mort � Moscou en 1925, peut s'appliquer � ce qu'ont subi tant de chr�tiens du XXe si�cle. Le livre d�Andrea Riccardi, Ils sont morts pour leur Foi - La pers�cution des chr�tiens au XXe si�cle (Plon-Mame), nous en pr�sente un saisissant tableau. Un document cl� pour d�couvrir ce que l'�glise d'aujourd'hui doit � ses martyrs.

En notre si�cle, les martyrs sont revenus ; souvent ignor�s, ils sont comme des "soldats inconnus" de la grande cause de Dieu�, �crivait Jean-Paul II dans le document pr�paratoire du grand Jubil� de l'an 2000, Tertio Millennio adveniente, publi� en 1994. Afin de permettre � l'Eglise universelle de profiter de leur t�moignage, il invitait les Eglises locales � faire tout leur possible pour �ne pas laisser perdre la m�moire de ceux qui ont subi le martyre, en rassemblant � cette intention la documentation n�cessaire�.

Dans ce but fut constitu�e une Commission des nouveaux martyrs, charg�e de collecter, de v�rifier et de classer les informations en provenance des conf�rences �piscopales, des ordres et congr�gations religieux et de diverses autres sources. Ce travail fut confi� � la communaut� romaine de Sant'Egidio. Celle-ci retint douze mille six cent quatre-vingt-douze noms, qui furent consign�s dans un �catalogue�, arr�t� au 31 mars 2000 et remis au Saint-P�re.

Mais cette recension n'est pas exhaustive, loin s'en faut, et elle n'�tait pas destin�e � demeurer confidentielle. Durant le XXe si�cle, ce sont des centaines de milliers de baptis�s qui ont �t� tu�s en tant que chr�tiens, que ce soit au cours de pers�cutions planifi�es ou bien de fa�on individuelle.

Le �visage cach� de l'Eglise actuelle

Aussi, d�sirant mettre en lumi�re ce �visage cach� de l'Eglise actuelle, Andrea Riccardi, fondateur de Sant'Egidio, en a-t-il reconstitu� l'immense et bouleversante fresque dans un livre, dont l'importance doit �tre soulign�e.

L'auteur ne s'est pas content� de reprendre les dossiers parvenus � la Commission pour �tablir une litanie de martyrs. Riccardi �crit en historien et non en hagiographe, mais il le fait en historien croyant, soucieux de mettre en �vidence les caract�ristiques et le sens du sacrifice chr�tien. Chaque �v�nement est replac� dans son contexte (politique, social, id�ologique, religieux) et dans la complexit�, voire l'ambigu�t�, des situations.

Ces mises en perspective permettent d'�clairer les conditions qui font du chr�tien maltrait� ou assassin� un authentique confesseur de la Foi ou un martyr, tout en envisageant une extension des crit�res traditionnels (� c�t� du martyre de la Foi, il y a le martyre de la charit�, de la justice, de la puret�, de la fid�lit�).

En �vitant une approche simplificatrice, Riccardi aide � comprendre et � appr�cier le r�le sp�cifique de l'Eglise du Christ, dans les milieux o� elle est appel�e � agir et � t�moigner, ainsi que les motifs de l'acharnement satanique qui, sans rel�che, s'abat sur elle.

Car, dans bien des cas, l'historien peut d�montrer l'inanit� de soup�ons pesant sur une Eglise trop vite accus�e d'ambivalence ou de compromission avec tel ou tel r�gime, jug� peu fr�quentable.

Au-del� de nos divisions, �l'�cum�nisme du martyre�

Les innombrables r�cits de martyres qui �maillent le livre, avec la description des personnalit�s, des vocations et des circonstances, r�v�lent un christianisme contemporain incarn� dans le chatoiement de ses charismes, dans un monde o�, malgr� la tentation ir�nique qui voudrait en nier l'existence, le mal est toujours � l��uvre.

La perversit� des id�ologies ath�es, l'intol�rance dans des contr�es r�gies par des religions d'Etat et l'injustice des dictatures sont des r�alit�s connues, mais, sans l'initiative du Pape, relay�e par Didier Rance"', responsable pour la France d'Aide � l'Eglise en d�tresse, et aujourd'hui par Andrea Riccardi, cette connaissance serait rest�e largement th�orique.

A c�t� des grandes figures m�diatis�es, canonis�es (Edith Stein, Maximilien Kolbe, Maria Goretti, etc.) ou non (Christian de Cherg�, Mgr Romero), le lecteur d�couvre une foule �difiante de h�ros de la Foi peu ou pas du tout connus, dont plusieurs dizaines ont �t� b�atifi�s r�cemment.

Sous tous les cieux, les chr�tiens ont endur� d'incroyables souffrances pour l'amour de Dieu et des hommes : spoliations, censures, entraves � la libert� religieuse, contr�le du culte, suppressions d'ordres religieux, fermetures ou destructions d'�glises, de cath�drales, de monast�res, d'�coles et d'orphelinats, interdictions de cat�chisme et de mouvements apostoliques, d�nonciations, arrestations, proc�s, tortures, d�portations dans des camps de travail et d'endoctrinement, longues marches �puisantes, assassinats.

Ces croix, v�cues dans la gratuit�, la libert� et le pardon toujours offert, montrent la permanence de la Passion du Christ dans son Eglise, qui est son Corps mystique.

Le tr�s grand nombre d'�v�ques morts pour la d�fense de la v�rit� en est une illustration particuli�rement frappante. L'admirable fraternit� de tant de baptis�s de toutes confessions (catholiques de tous rites, orthodoxes, protestants de diverses d�nominations) qui, dans l'�preuve, ne font plus de diff�rence, accr�ditent cet �oecum�nisme du martyre� pressenti par Jean-Paul II.

Tant de renoncements et de force d'�me constituent �galement une interpellation adress�e aux chr�tient�s assoupies ou atti�dies. Une Europe d�christianis�e peut cependant se consoler en constatant, � travers le nombre inattendu de ses natifs tu�s dans les missions, qu'elle est encore capable d'�lan apostolique.

L'int�r�t de cette �tude passionnante r�side donc dans sa triple dimension historique, doctrinale et spirituelle.

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(1) Ils sont morts pour leur Foi - La pers�cution des chr�tiens au XXe si�cle, Plon-Marne, 455 p., 26,00 �. (2) Un si�cle de t�moins, Le Sarment, 2000, 430 p., 18,29 �.

G�opolitique du martyre

Au XXe si�cle, l'Eglise est r�pandue sur tous les continents, et partout, elle est �prouv�e dans sa chair. Il est ainsi possible de tracer une "g�opolitique du martyre"

Au d�but de ce XXle si�cle, l'islamisme menace de remplacer les grandes id�ologies ath�es du si�cle pass�.

�La nuit sera tr�s longue et tr�s sombre�, aurait confi� le patriarche russe orthodoxe Tikhon, avant de mourir � Moscou, en 1925.

Huit ans auparavant, il avait condamn� le gouvernement issu de la r�volution d'Octobre, puis il avait accept� de composer, esp�rant prot�ger l'Eglise, mais sa d�marche �tait demeur�e vaine, ce qui l'avait sans doute men� � cette lucidit� de derni�re minute.

De fait, c'est un v�ritable holocauste qu'ont subi les chr�tiens soumis aux r�gimes communistes install�s sous toutes les latitudes et dont la chute du Mur de Berlin, en 1989, n'a pas sonn� le glas g�n�ral.

En URSS, la lutte antireligieuse fut une constante. Il fallait �purger� la soci�t� de l'influence des religions. Toutes les croyances (donc le juda�sme et l'islam) �taient vis�es par ce programme d'ath�isation forc�e, mais les chr�tiens ont pay� le plus lourd tribut, en raison de l'impr�gnation spirituelle et culturelle qu'ils avaient donn� � la Russie, c�ur d'un empire sovi�tique h�ritier d'une grande nation profond�ment marqu�e par le christianisme orthodoxe. Selon l'Institut Saint-Tikhon, entre cinq cent mille et un million d'orthodoxes, clercs et la�cs, auraient �t� assassin�s pour leur Foi. Quant aux catholiques relevant des rites latin et byzantin, d�j� malmen�s au temps des tsars, ils ont, eux aussi, �t� cruellement opprim�s.

La r�pression antichr�tienne s'�tendit aux pays annex�s par Moscou, tant en Asie qu'en Europe : Ukraine, Arm�nie, Etats baltes, suivis, apr�s la d�faite de l'Allemagne hitl�rienne (1945), de tous les territoires constituant le glacis europ�en de l'URSS Pologne, Hongrie, Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, Tch�coslovaquie, Allemagne orientale, Albanie.

Dans tous ces pays, le pouvoir moscovite s'ing�nia � isoler les orthodoxes et les catholiques du monde chr�tien ext�rieur en nationalisant les Eglises locales : la soumission des patriarcats autoc�phales au si�ge de Moscou avait pour but de rompre la communion orthodoxe avec le patriarcat oecum�nique de Constantinople; l'incorporation forc�e des Eglises uniates au patriarcat orthodoxe, lequel ne subsistait que comme un leurre, �tait destin�e � rompre leurs liens avec le Saint-Si�ge.

L� o� le catholicisme �tait trop majoritaire pour que cette nationalisation fut envisageable, les r�gimes pro sovi�tiques se content�rent de d�noncer les concordats, comme cela se produisit en Pologne.

L�une des caract�ristiques de la pers�cution, surtout communiste, est qu'elle s'arrange pour ne pas appara�tre antichr�tienne mais politique. �Il ne faut jamais porter la lutte contre le clerg� sur

le plan religieux, mais toujours sur le plan politique�, recommandait par exemple Staline. Ce conseil fut, et reste encore, suivi sur bien des continents, et par bien des id�ologies. Au nom de l'int�r�t g�n�ral, les chr�tiens sont alors accus�s d'espionnage, de haute trahison, de subversion, de propagande antinationale ou de complicit� avec l'imp�rialisme et le colonialisme, etc.

Pour ce qui concerne le continent europ�en, cette logique a �t� pouss�e � l'extr�me en Albanie, premier Etat officiellement ath�e du monde, o� la pers�cution fut la plus atroce de tous les pays d'Europe.

Mais on la retrouve dans les pays asiatiques (Chine, Cor�e du Nord, Vietnam, Laos et Cambodge) domin�s par le marxisme et ses variantes. L�, outre les accusations habituelles, l'Eglise, bien qu'incultur�e, fait l'objet d'un rejet sous pr�texte qu'elle serait un ph�nom�ne �tranger.

Toutefois, devant l'impossibilit� d'abolir le christianisme, les dirigeants chinois ont cherch� � l'assujettir � l'Etat pour le faire collaborer au �projet unique et grandiose d'une soci�t� nouvelle, enti�rement tendue vers la construction du socialisme�. C'est ainsi qu'en 1957 a �t� cr��e l'association patriotique, qui fut condamn�e par Pie XII dans l'encyclique Ad apostolorum Principis (29 juin 1957). Depuis lors, les �v�ques et pr�tres fid�les � Rome sont oblig�s de vivre leur sacerdoce dans la clandestinit�.

L�Eglise de Cor�e est �galement tr�s �prouv�e. Avec l'armistice de 1953, qui consacre la s�paration du pays en deux Etats, �un voile de silence est tomb� sur la situation de l'Eglise dans le Nord, priv�e de clerg� et de culte, tandis que celle du Sud est en pleine croissance�, note Riccardi.

Quant � l'Indochine, elle vit aussi dans l'enfer communiste depuis les ann�es 50. La r�unification des deux Vietnam, en 1975, n'a pas mis fin � la pers�cution, qui continue �galement de frapper les chr�tiens du Laos. Cette ann�e-l�, les Khmers rouges, arriv�s au pouvoir au Cambodge, se sont livr�s � une r�pression impitoyable. Il fallait an�antir l'Eglise, symbole du �vieux peuple� pour r�aliser le projet id�ologique de �peuple nouveau�.

Dans plusieurs pays d'Asie, les chr�tiens furent aussi victimes de la haine de r�gimes non communistes.

Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais trait�rent-ils avec brutalit� de nombreux disciples du Christ, en particulier les missionnaires, sur leur archipel et dans les pays qu'ils occupaient (Indon�sie, Philippines, Nouvelle-Guin�e, Oc�anie). En Birmanie, apr�s le coup d'Etat militaire de 1962, des chr�tiens furent massacr�s et les �v�ques emp�ch�s de se rendre � Rome pour participer au concile Vatican II. En Tha�lande, depuis la constitution de 1932 qui a �rig� le bouddhisme en religion d'Etat, des chr�tiens, y compris des missionnaires, sont somm�s de devenir bouddhistes sous peine de mort.

L'Inde conna�t elle aussi des violences antichr�tiennes, surtout depuis 1990. Beaucoup de pr�tres et religieux y sont tu�s � cause de leur lutte contre le syst�me injuste des castes. Au Pakistan, pays musulman, la loi sur le blasph�me est fr�quemment utilis�e contre les chr�tiens.

Enfin, l'Indon�sie, o� l'islam est tr�s majoritaire, n'offre pas non plus la s�curit� � ses citoyens baptis�s. Des raids y sont r�guli�rement lanc�s contre des populations chr�tiennes. Occup�e depuis 1975 par l'arm�e de Djakarta, la demi-�le catholique de Timor-Oriental a �t� l'objet d'un massacre de grande ampleur en 1999 pour avoir vot� en faveur de l'ind�pendance.

A u si�cle dernier, les chr�tiens d'Europe ont souffert d'autres fanatismes. Il y eut d'abord la dictature hitl�rienne, qui s'en prit aux Juifs et � l'Eglise. Au cours des douze ans que dura le r�gime nazi (1933-1945), tout fut mis en rouvre pour r�duire la pr�sence du christianisme et lui substituer une nouvelle religion s�culi�re, fond�e sur l'idol�trie de la race. Le nazisme entendait couper la Foi chr�tienne de ses racines bibliques et �vang�liques.

Aux mesures anticatholiques succ�da une pers�cution en r�gle, qui s'exer�a aussi

dans l'Autriche et la Pologne annex�es et dans l'Italie fasciste, ainsi que dans la France occup�e.

L�, les principales victimes furent des chr�tiens, coupables d'avoir prot�g� des Juifs ou particip� � la r�sistance morale, ou encore les pr�tres et les la�cs qui, dans les camps de concentration allemands, fournissaient une assistance spirituelle aux intern�s. Le concordat sign� avec le Saint-Si�ge en 1933 ne modifia pas les projets d'Hitler. En 1941, le F�hrer r�v�lait qu'une �solution finale� contre l'Eglise �tait pr�vue.

Durant la m�me p�riode, l'Espagne connut, elle aussi, une �pouvantable terreur antichr�tienne. Les dispositions anticatholiques de la constitution de 1931 servirent de point d'appui aux anarchistes, socialistes radicaux et communistes, pour laisser libre cours � leur d�cha�nement de haine.

L'anticl�ricalisme s'y manifesta dans toutes les couches de la soci�t�, signe d'une profonde d�christianisation. Il atteignit son comble durant la guerre civile qui suivit le coup d'Etat de Franco (1936). La fureur de la population, qui s'en prit non seulement � la hi�rarchie et aux fid�les, mais aussi aux b�timents et aux oeuvres d'art sacr�, n'�tait pas sans rappeler la R�volution fran�aise. Des centaines d'�v�ques, pr�tres, religieux et religieuses furent fusill�s sans proc�s. La Commission des nouveaux martyrs a re�u une liste de six mille cinq cents noms, dont plusieurs dizaines ont d�j� �t� port�s sur les autels.

Sur le continent am�ricain, c'est surtout le Mexique qui a souffert pour sa Foi. Cons�quence d'une la�cisation forc�e de l'Etat et de la soci�t� entam�e au milieu du XIXe si�cle, puis de la r�volution de 1913, la pers�cution sanglante y dura trois d�cennies, avec un point culminant lors de la

r�volte des Cristeros (1926-1929). Parmi les martyrs, clercs et la�cs, de cet �pisode, certains, qui avaient r�sist� par la non-violence, ont �t� b�atifi�s.

Dans les autres pays d'Am�rique centrale ou latine, otages de gu�rillas marxistes, de r�seaux mafieux, et des narcotrafiquants, des responsables d'Eglise ont risqu� leur vie, et continuent de le faire, pour s'opposer � toutes les formes d'esclavage ou d'injustice.

Sur le continent africain, ce sont d'abord des missionnaires qui ont pay� de leur vie leur d�vouement au service de l'�vang�lisation. On les a trop facilement accus�s de s'�tre compromis avec les r�gimes coloniaux. Or, l'Eglise a tr�s t�t eu le souci de l'inculturation. Comme l'indique Riccardi, �leur martyre, au-del� des limites de la culture dont ils �taient porteurs, a montr� la puret� de leurs intentions�. Le maintien de l'engagement missionnaire dans les pays d�colonis�s en est un autre gage.

Beaucoup sont morts dans la fid�lit� � leur vocation. Au Kenya, au Cameroun et au Zimbabwe, les chr�tiens, �trangers et autochtones, ont subi le rejet de groupes sectaires se r�clamant de valeurs ancestrales; ailleurs (Alg�rie, Congo-Brazzaville, Tchad, Liberia, Nigeria, Sierra Leone, Ghana, Somalie, Mozambique, Angola, Rwanda et Burundi), ils ont �t� victimes des retomb�es des guerres civiles survenues apr�s les ind�pendances; ou encore, pers�cut�s par des dictateurs qui voyaient dans l'Eglise une limite � l'emprise de leur pouvoir personnel sur les soci�t�s (Guin�e-Conakry, Ouganda, Za�re).

En Ethiopie, pays de vieille chr�tient�, catholiques et protestants ont �t� la cible de la r�pression ordonn�e par Mussolini (1936-1937), puis du r�gime marxiste qui s'est instaur� � Addis-Abeba apr�s la chute de l'empereur Ha�l� S�lassi� (1974). Il faut ajouter le Soudan, o�, depuis 1983, les dirigeants islamistes tentent par la terreur d'imposer l'islamisation et l'arabisation du sud du pays, ainsi que l'Egypte, o� les coptes souffrent une pers�cution non d�clar�e, qui s'exprime par des discriminations permanentes et des violences p�riodiques.

L'Islam fut aussi impliqu� dans le g�nocide perp�tr� par les Turcs contre les Arm�niens, et les massacres commis par les Kurdes contre les syriaques, les Chald�ens et les Assyriens durant les premi�res d�cennies du XXe si�cle, tout comme il l'a �t� dans l'assassinat de religieux catholiques

pendant la guerre au Liban.

Au-del� des aspects politiques de ces trag�dies, et sans que l'on puisse toujours parler de fronts musulmans antichr�tiens, les exemples pr�sent�s par Riccardi prouvent bien l'existence d'arri�re-pens�es religieuses. Des �v�ques loyaux envers le pouvoir ont �t� assassin�s pour avoir refus� d'embrasser l'islam.

En ce d�but de XXIe si�cle, marqu� par les attentats du 11 septembre et o� l'Islam est m�l� � la plupart des conflits en cours, il faut s'attendre � ce que l'islamisme, id�ologie politico-religieuse, remplace les grandes id�ologies ath�es du si�cle pass�, et que de nombreux chr�tiens aient � mourir pour leur Foi dans des milieux musulmans.

Tel est le cas au Pakistan, o� des tueries ont vis� des fid�les en pri�re dans les �glises, ou bien en Irak, o� une religieuse a �t� �gorg�e dans son couvent le 15 ao�t. Et aussi au Nigeria, o� tous les pr�textes sont utilis�s pour d�cimer les chr�tiens, comme l'ont montr� les agressions massives de fin novembre � Kaduna, dont la communaut� islamique a �t� rendue responsable par l'archev�que d'Abuja. Il ne s'agit l� que de quelques exemples.

Mais le martyre pourrait aussi se d�velopper dans les pays d�mocratiques domin�s par le lib�ralisme, o� les chr�tiens auront de plus en plus � prendre des risques mortels pour d�fendre simplement les valeurs de l'Evangile

Annie Laurent