Comunità di S.Egidio


 

20/01/2003


�Esquisses d'accord� ivoirien � Marcoussis
Les d�l�gu�s ont jusqu'� vendredi pour finaliser un texte

 

N'�tait l'absence de riz dans les assiettes, dont se plaignent les d�l�gu�s ivoiriens, tout irait au mieux � Marcoussis. Les n�gociations destin�es � sortir la C�te-d'Ivoire de la crise sont d�sormais bien lanc�es dans l'enceinte du Centre national de rugby, install� � l'entr�e de cette localit� du sud de Paris. De l'avis g�n�ral, les pourparlers se d�roulent dans une atmosph�re studieuse et bon enfant. Loin des tensions qui persistent sur le terrain (lire encadr�). �Un environnement s�curis� permet de lib�rer la parole, souligne un proche conseiller d'Alassane Ouattara, le dirigeant du Rassemblement des r�publicains (RDR). A Abidjan, comment dialoguer quand les escadrons de la mort terrorisent l'opposition au Pr�sident Gbagbo ?�

�On se dit tout ce qu'on a sur le coeur�, r�sume un conseiller du Parti ivoirien des travailleurs (PIT). Les rebelles et Ouattara �voquent-ils les tracasseries administratives que subissent les �nordistes� ? Un d�l�gu� proche du gouvernement rappelle aussit�t que Ouattara �tait Premier ministre au moment o� la carte de s�jour a �t� institu�e. Certains vilipendent une Constitution qu'ils jugent �antid�mocratique�. Embarras g�n�ral lorsqu'un autre s'exclame : �Mais nous avons tous appel� � voter pour !� Le �facilitateur� fran�ais Pierre Mazeaud parvient, semble-t-il, � calmer les esprits, comme lorsqu'un d�l�gu� du MPCI a compar� le Pr�sident Gbagbo � Milosevic. �Laissons le pass� et tournons-nous vers l'avenir�, r�p�te-t-il inlassablement.

Ce climat apais� s'explique en partie par la proximit� des uns et des autres. Hormis les repr�sentants des mouvements rebelles de l'Ouest, le Mouvement patriotique du Grand Ouest (Mpigo) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP), les participants se sont tous c�toy�s � un moment ou un autre de leur carri�re politique. �Tout le monde se parle, se m�lange, � table, dans le hall, au bar ou dans les chambres de la r�sidence o� ils sont tous log�s�, confie un participant. L'hospitalit� et la convivialit� ivoiriennes retrouvent ainsi un peu de leur lustre perdu depuis le d�but des troubles au pays. Les �petit fr�re� et �grand fr�re� sont de mise.

Concret. Comme lors du Forum sur la r�conciliation organis� en C�te-d'Ivoire par les autorit�s d'Abidjan � l'automne 2001, toute v�rit� est bonne � dire. Mais � la diff�rence de cette grand-messe cathartique, dont les r�solutions n'avaient pas �t� suivies d'effet, les n�gociateurs de Marcoussis planchent sur des mesures concr�tes. �Mazeaud �coute les uns et les autres, puis il soumet une synth�se qui fait l'objet de nouvelles discussions�, confie un n�gociateur.

Pour l'instant, la m�thode du Quai d'Orsay semble fonctionner. Des �esquisses d'accord�, selon un d�l�gu�, ont �merg� sur les douloureuses questions du code de la nationalit� ou de la carte de s�jour. Les interlocuteurs sont convenus que les textes en vigueur n'�taient pas intrins�quement mauvais, seule leur application laisserait � d�sirer. Il reste que les sujets les plus �pineux ne seront abord�s qu'� partir d'aujourd'hui : les aspects militaires (cantonnement et d�sarmement des rebelles) et �lectoraux (l'hypoth�se de scrutins l�gislatif et pr�sidentiel anticip�s).

La matin�e est r�serv�e aux discussions informelles, pendant que Pierre Mazeaud consulte tous azimuts. Apr�s le d�jeuner pris en commun, les d�l�gu�s se retrouvent en s�ance pl�ni�re autour d'une table carr�e. Les vingt n�gociateurs ivoiriens (deux par d�l�gation) se r�partissent autour de Pierre Mazeaud, selon le protocole d�fini par Paris. Le Premier ministre ivoirien, Pascal Affi Nguessan, se retrouve ainsi tout pr�s de Guillaume Soro, du MPCI. Derri�re eux, prennent place les experts et observateurs, ceux de la francophonie et de la communaut� Sant'Egidio, une ONG catholique d�j� impliqu�e dans plusieurs n�gociations de paix internationales. Le Quai d'Orsay a, quant � lui, d�p�ch� une quinzaine de diplomates, sous la houlette de Nathalie Delapalme. L'Elys�e garde aussi un oeil attentif sur ce qui se trame gr�ce aux visites de son conseiller pour les affaires africaines, Michel de Bonnecorse.

Accord global. Apr�s une pause, les d�l�gu�s ont repris, dimanche soir, le chemin de Marcoussis. Ils ont jusqu'� vendredi pour trouver un accord global qui devrait �tre ent�rin� par les chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest, en pr�sence de Kofi Annan, le secr�taire g�n�ral de l'ONU, lors d'un sommet � Paris les 25 et 26 janvier. Bonne nouvelle pour les n�gociateurs : ferm�e jusque-l�, la piscine du centre sportif est d�sormais accessible. Jusqu'ici, personne n'a os� toucher au billard ou � la table de ping-pong.

Thomas Hofnung