Comunità di S.Egidio


 

12/02/2003


Les Eglises se rangent unanimement dans le camp pacifiste
Pour les diverses confessions chr�tiennes, il existe "une alternative � la dictature et � la guerre"

 

L'Osservatore romano du dimanche 9 f�vrier a qualifi� le pape de "mendiant de la paix". Il ne se passe gu�re de jours, en effet, sans que le Vatican, par la voix affaiblie de Jean Paul II, ou que des repr�sentants d'autres Eglises - protestantes, anglicane, orthodoxes - expriment leurs craintes devant les pr�paratifs de la guerre en Irak.

La mission "aux limites de l'espoir"tent�e par le cardinal Roger Etchegaray, en visite � Bagdad depuis lundi 10 f�vrier, suit la r�ception au Vatican, vendredi 7, de Joschka Fisher, ministre allemand des affaires �trang�res. Elle pr�c�de celle de Tarek Aziz, vice-premier ministre irakien, vendredi 14 f�vrier. "Nous sommes d'accord qu'il faut absolument tout faire pour ne pas arriver � une guerre dans la r�gion. Les cons�quences en seraient incalculables", ont d�clar� le pape et Joschka Fisher.

"Il ne faut pas se r�signer comme si la guerre �tait in�vitable", a r�p�t� Jean Paul II, samedi 9, devant 300 �v�ques, pr�tres, diplomates et membres de la communaut� de Sant'Egidio, r�unis � Rome pour un colloque sur le th�me de l'Evangile et la paix.

Ces efforts diplomatiques s'expliquent par une triple raison. La premi�re est que le Saint-Si�ge redoute que les Nations unies ne perdent la face dans l'affaire irakienne. Pour lui, les conditions de la paix dans le Golfe et au Proche-Orient passent par un renforcement de la cr�dibilit� des Nations unies. Or celle-ci est aujourd'hui en p�ril.

Deuxi�mement, le Saint-Si�ge s'estime comptable de l'aspiration � la paix du peuple irakien. Le pape a �t� de ceux qui ont appel� avec le plus de constance � la fin de l'embargo. Mais il se heurte, avec Saddam Hussein, � forte partie. Les exigences du leader irakien n'avaient pas permis � Jean Paul II de se rendre, en 1999, � Ur (Chald�e), berceau d'Abraham, choisi comme point de d�part de la route biblique que voulait emprunter le pape pour le Jubil� de l'an 2000. D�j� Mgr Etchegaray, sp�cialiste des missions difficiles, s'�tait rendu en vain aupr�s de Saddam Hussein. Inquiet du sort de la population locale, L'Osservatore romano �crivait il y a quelques jours : "Le peuple irakien est brim� par un r�gime dictatorial, d�j� abattu par un long embargo et maintenant sous la menace p�nible de la guerre."

MISES EN GARDE

Troisi�me raison d'inqui�tude : le risque d'une d�flagration dans le monde musulman qui pourrait ruiner les efforts laborieux de dialogue des Eglises avec l'islam. "R�fl�chissez sur l'int�r�t qu'il y aurait � irriter un milliard de musulmans !", d�clarait r�cemment le cardinal Sodano, secr�taire d'Etat du Vatican, en guise d'avertissement � des officiels am�ricains.

De son c�t�, le Conseil �cum�nique des Eglises (COE), qui si�ge � Gen�ve, multiplie, lui aussi, les mises en garde � l'adresse de Washington. Une r�union, qui a eu lieu � Berlin le 5 f�vrier, a permis de constater une large convergence de vues entre cet organisme regroupant 342 Eglises - protestantes, anglicane, orthodoxes etc. - avec le Conseil national des Eglises des Etats-Unis. La d�claration publi�e au lendemain de cette rencontre ne manifeste aucun doute quant � l'engagement de ces Eglises : "Envisager une guerre et des frappes militaires pr�ventives comme un moyen de modifier le r�gime d'un Etat souverain est un acte immoral." Elles ajoutent : "La force militaire est un moyen inappropri� de parvenir � l'�limination d'�ventuelles armes de destruction massive irakiennes. Nous insistons pour qu'on accorde le temps n�cessaire aux m�canismes d'inspection mis en place par les Nations unies."

Ces dirigeants d'Eglise montrent une �gale fermet� � l'�gard des dirigeants irakiens. Ils exigent de Saddam Hussein qu'il d�truise son stock d'armes de destruction massive et tous les sites servant � la recherche et � la production dans ce domaine : "L'Irak doit coop�rer sans r�serve avec les inspecteurs des Nations unies et garantir le respect int�gral des droits civiques, politiques, �conomiques et culturels de tous ses citoyens. La population irakienne a le droit de croire qu'il existe une alternative � la dictature et � la guerre."

Henri Tincq