Comunità di S.Egidio


 

L'Eglise s'aujoudhui � Marseille

15/02/2003


LA COMMUNAUTE SANT�EGIDIO A 35 ANS

 

Lorsqu�il a fond� Sant�Egidio, Andrea Riccardi avait 18 ans.

� Association publique de la�cs � depuis 1986, la communaut� est surtout connue pour ses missions de m�diation dans les conflits. A la base de son action, l�amiti� fraternelle et la pri�re.

Au d�part, ils �taient quelques �tudiants : � enfants de Vatican II et de 68 �, les pionniers de Sant�Egidio voulaient aller � la rencontre des plus pauvres et se lier d�amiti� avec eux . Depuis, la communaut� s�est agrandie : elle compte aujourd�hui plus de 40 000 membres dans une soixantaine de pays. Rencontre avec Val�rie R�gnier, responsable de la communaut� � Paris, et Jan de Volder, responsable des communaut�s de Belgique.

On conna�t surtout votre communaut� pour son action internationale au service de la paix : quelle est en r�alit� sa vocation ?

Notre communaut�, catholique, est n�e � Rome ; son centre y est toujours. De Rome, on peut rejoindre le monde entier , vivre notre vocation d�ouverture et de dialogue avec des non catholiques, des non chr�tiens et des non croyants. Cette vocation � l�universalit� qu�a eue Sant�Egidio d�s ses d�buts se manifeste dans la cr�ation de communaut�s sur les cinq continents. Le fondement de la communaut�, c�est l��coute de l�Evangile qui nous invite � nous d�passer, � �lever notre regard vers l�autre, � �tre amis avec tous, et prioritairement avec les pauvres. La pri�re, qui est au coeur de notre vie, nous incite � agir et � servir les plus d�munis : les personnes �g�es que nous visitons, les enfants d�favoris�s que nous accompagnons. Ce sont aussi les repas destin�s aux personnes sans abri, les cours donn�s � des �trangers. C�est � travers ces diff�rents services que se tisse l�amiti�.

Quelles sont les � intuitions � de Sant�Egidio qui vous semblent proph�tiques ?

Ils y a aujourd�hui un r�el danger de retour identitaire dans toutes nos soci�t�s. Ce monde � globalis� � est devenu trop grand pour certains. On cherche des rep�res s�rs et on se replie sur soi-m�me. D�o� la x�nophobie et la peur de l�autre. Avec Sant�Egidio, nous voulons vivre un amour sans fronti�res , une ouverture universelle. Chacun a son autre : l�important, c�est de s�aimer soi-m�me et d�aimer l�autre !

Sant�Egidio est proche de la Communaut� de Taiz� : comment vivez-vous l��cum�nisme ?

L�exp�rience de Taiz� est n�e d�un r�flexion sur la guerre. Nous n�avons pas v�cu la guerre, mais nous constatons que, dans le monde, la guerre est la m�re de toutes les pauvret�s. D�o� notre engagement pour la paix, dans l��cum�nisme , le dialogue interreligieux et la rencontre avec les non croyants : l�id�al commun, c�est que la terre appartient � tous, elle doit offrir un avenir � tous les peuples, � tous les enfants qui naissent. Il y a donc un devoir commun de pr�server la paix. Dans cette recherche, le dialogue est un moyen puissant. Nous l�avons v�cu dans de nombreux cas avec Sant�Egidio.

Comment en �tes-vous arriv�s � devenir des m�diateurs dans des conflits, comme au Mozambique ou au Kosovo ?

Nous essayons d�j� d��tre des artisans de paix sur le terrain, dans nos villes, nos quartiers, nos rues. Cela nous a form�s � �tre des � ponts � entre des mondes diff�rents. Depuis Assise, en 1986, nous organisons chaque ann�e une rencontre interreligieuse pour la paix, souvent dans de villes m�diterran�ennes � pourquoi pas Marseille un jour ? De l� est n� un r�seau d�amiti�s avec des gens de tous horizons, de toutes convictions religieuses, sur lequel des initiatives sont n�es. C�est notre exp�rience communautaire au Mozambique, et la mort de deux de nos amis, qui nous a incit�s � mener des pourparlers de paix entre le gouvernement et la gu�rilla pendant trois ans, � Rome. Nous avons �t� ensuite contact�s par de nombreux pays pour exercer une m�diation. Nous sommes faibles, nous n�avons pas d�int�r�ts propres � d�fendre, mais nous avons notre bonne volont� et nous sommes cr�dibles. Et surtout, ce qui est essentiel, c�est � la force faible � de la pri�re, qui nous encourage � aller de l�avant !

Andrea Riccardi insiste toujours sur la dimension eccl�siale de Sant�Egidio : cet � ancrage � dans l�Eglise est-il essentiel pour vous ?

Savoir que l�on fait partie de la famille de l�Eglise est tr�s important : dans la communaut�, on nous invite � vivre comme les premiers chr�tiens. Sant�Egidio est une belle exp�rience, mais elle n�a pas la pr�tention d��tre l�unique mod�le, d��tre � le � mod�le d�aujourd�hui. Ce qui est beau dans l�Eglise, c�est cette tradition si riche, si diverse : il y a de la place pour beaucoup d�exp�riences qui s�enrichissent mutuellement�

Val�rie R�gnier :

� J�ai connu Sant�Egidio un peu par hasard, lorsque j��tais �tudiante � Lyon. Je suis all�e visiter la communaut� de Barcelone, et j�ai �t� surprise de l�authenticit� de l�amiti� qui existait entre les membres de la communaut� et les gitans. A Rome, j�ai d�couvert la communaut�-m�re, son universalit�... et je suis rentr�e � Paris avec la conviction que c��tait possible de vivre cela en France. Pour moi, ce qui est essentiel, c�est cette recherche d��tre vraiment fr�res et s�urs et d�aller vers l�autre, la personne abandonn�e, pour vivre cette amiti�. Notre communaut� a d�marr� apr�s les JMJ de 1997 : nous vivons dans le monde, il n�y a pas de � vie communautaire �, mais la communaut� se retrouve dans la pri�re commune. Une pri�re ouverte � tous : � Paris, nous prions � l��glise Saint-Merry, dans le centre, un lieu qui nous permet d�offrir la pri�re � tous, habitants du quartier, personnes qui travaillent, �tudiants. Il y aussi le service des plus d�munis , en particulier celui des personnes �g�es et des enfants : nous avons cr�� l�Ecole la Paix qui accueille les enfants, le samedi apr�s-midi. L�objectif est de leur apprendre la paix, � travers la rencontre, les devoirs faits ensemble, les jeux�C�est l�apprentissage de la solidarit� : � No�l, les enfants ont r�colt�, r�par� et vendu d�anciens jouets au profit d�un projet de lutte contre le sida que nous avons au Mozambique. �

Jan de Volder:

� Avec un groupe d�amis, nous avons d�couvert la communaut� de Rome : nous avons �t� frapp�s de voir des jeunes qui vivaient un christianisme joyeux ! Des jeunes � normaux � qui lisaient l�Evangile ensemble et vivaient cette amiti� avec les pauvres. En rentrant � Anvers, nous avons d�cid� de vivre dans le m�me esprit. Aujourd�hui, les jeunes h�sitent parfois � prendre un engagement concret. Mais, une fois qu�ils ont fait ce choix, ils �prouvent une grande joie. Sant�Egidio a commenc� � Anvers ; il y a maintenant des communaut�s dans toute la Belgique et aussi en Hollande. En Belgique, c�est tr�s beau de se retrouver entre n�erlandophones et francophones : un symbole de ce travail de r�conciliation! Je pense que les chr�tiens ont un r�le � jouer dans le monde : ils ont une esp�rance � communiquer � tous. Pour cela, il est important que nous ne cachions pas � l�int�rieur des murs de l�Eglise catholique ! �

Dominique Paquier-Galliard