Comunità di S.Egidio


 

09/09/2003


L'Europe dans le d�bat des religions.
La controverse sur la r�f�rence � l'h�ritage spirituel du continent a marqu� les d�buts de la rencontre � Hommes et religions �.
Le commentaire par Michel Kubler.

 

� On a besoin de vous ! �, est venu leur dire R�gis Debray. Il parlait, dimanche � Aix-la-Chapelle, devant 500 repr�sentants de toutes les traditions spirituelles du monde, r�unis pour la 17e �dition des rencontres � Hommes et religions � anim�es par la communaut� Sant'Egidio. L'assembl�e a-t-elle entendu l'appel de l'intellectuel ? Gu�re, sans doute, en ses composantes chr�tiennes europ�ennes. Car au cours d'un bon nombre des multiples d�bats, beaucoup ont tenu � exprimer leur attente d'une reconnaissance par l'Europe de ses racines chr�tiennes.

En jeu : la mention de celles-ci dans la Constitution de l'Union europ�enne. La capitale de Charlemagne a vu ainsi se forger des alliances inaccoutum�es, comme celle apparue entre Rome et Moscou. Jean-Paul II, dans son message transmis � l'assembl�e par le cardinal Etchegaray, a redit que � l'Europe sera d'autant plus forte pour le pr�sent et l'avenir du monde qu'elle boira � la source de ses traditions religieuses et culturelles �. Le Pape rejoignait ainsi le th�me de la r�union : � Entre guerre et paix, religions et cultures se rencontrent. � Le m�tropolite Kirill de Smolensk, responsable des relations ext�rieures du patriarcat de Moscou, n'a pas m�ch� ses mots. S'insurgeant contre une pens�e unique occidentale lib�rale, il a demand� aux l�gislateurs de la nouvelle Europe si le mod�le s�culier, � o� les notions de p�ch� et de responsabilit� personnelles sont exclues �, aurait un � droit de monopole � dans une Europe appel�e � �tre la maison commune de tant de peuples...

Des motions de compromis ont tout de m�me �t� avanc�es. Hasard ? L'une vint d'un oecum�niste, l'autre d'un diplomate ! Konrad Raiser, secr�taire g�n�ral du Conseil oecum�nique des �glises, a us� de la m�me image que le Pape : � La religion a, d'�vidence, jou� un r�le d�cisif dans la formation de l'identit� europ�enne, et doit �tre reconnue comme une source toujours actuelle, malgr� les influences de la s�cularisation. � Une identit� o� Pierre Morel voit l'enjeu majeur du d�bat sur la religion : � Pour la premi�re fois, souligne l'ambassadeur de France pr�s le Saint-Si�ge, notre continent se regarde d'une mani�re globale. Il faut donc s'instruire mutuellement, se rapprocher et comparer, mais aussi se distinguer. �

Cette voix de sagesse sera-t-elle mieux entendue ? Le fondateur de Sant'Egidio s'est dit � pr�occup� � pour qu'on inscrive les � racines spirituelles et chr�tiennes � et la m�moire de la Shoah dans la Constitution europ�enne. La communaut� d'Andrea Riccardi, qui a l'oreille de Jean-Paul II, n'a pas fini de relancer son appel.

Michel Kubler