Comunità di S.Egidio


 

27/09/2003


Alg�rie 1988-2000, autopsie d'une trag�die

 

LE temps est-il venu, quinze ans apr�s le d�clenchement des �meutes d'octobre 1988 qui conduisirent l'Alg�rie au bord du gouffre, de poser un regard apais� sur cette d�cennie folle pour en d�m�ler les fils ? Quelle fut la part de responsabilit� du pouvoir dans la mont�e des islamistes du FIS ? Est-ce l'arm�e qui a d�cid� seule d'interrompre en janvier 1992 des �lections l�gislatives que les islamistes �taient en passe de remporter ou l'a-t-elle fait � la demande des "d�mocrates"? Pourquoi le r�gime alg�rien a-t-il refus� les accords de Sant'Egidio et les espoirs de paix qui y �taient accroch�s ? Qui a assassin� Boudiaf, l'homme d'une esp�rance bris�e ? Et les moines de Tib�hirine ?

Le temps des r�ponses n'est pas encore venu nous dit, sans le vouloir, la s�rie documentaire en trois volets de Malik A�t-

Aoudia et S�verine Labat. Non pas que le tandem n'apporte pas son lot d'explications mais, l� o� on attendait des propos nuanc�s, des balancements prudents face � des �v�nements qui, � l'�vidence, demeurent obscurs, ce ne sont que jugements p�remptoires, v�rit�s ass�n�es, dogmes sans appel. Une vision manich�enne l'emporte qui ignore les t�moignages r�cents venus, par exemple, d'anciens militaires ou d'ex-responsables des services de renseignement alg�riens. Leurs r�cits �clairent pourtant d'un jour nouveau certains �pisodes douloureux, et il n'est plus possible de ramener dix ann�es de guerre civile � un affrontement entre m�chants islamistes et bons d�mocrates.

Le trouble vient aussi des personnalit�s invit�es � parler. Est-ce par paresse ou par choix ? La plupart des t�moins appartiennent � un seul bord. Ni le pr�sident Chadli ni son premier ministre Mouloud Hamrouche, tous deux copieusement malmen�s dans le premier volet, ne s'expriment alors qu'ils jou�rent un r�le majeur dans les premi�res ann�es du drame.

Le film est en partie sauv� par les images, m�me si elles ne sont pas in�dites. Revoir un gamin haut comme trois pommes � le fils du num�ro deux du Front islamique du salut, Ali Benhadj � haranguer une foule de plusieurs dizaines de milliers de barbus dans un stade d'Alger, saisir le regard inquiet de Mohamed Boudiaf une seconde avant qu'il ne soit emport� par une rafale d'arme automatique, fait oublier bien des travers.

Jean-Pierre Tuquoi