La communaut� Sant'Egidio, n�e dans les banlieues pauvres de Rome (Italie), met en oeuvre une "diplomatie parall�le" qui �tonne par son efficacit�. Pour r�ussir, depuis sa cr�ation le 07 f�vrier 1968 � Rome, sous l'instigation du professeur Andrea Riccardi, la communaut� des "ambassadeurs sans titres" lie engagements religieux, caritatif et international.
"Notre force est de n'avoir rien � gagner dans les situations o� nous intervenons, sinon la paix". Cette pr�cision faite par Andrea Riccardi situe sur le d�vouement de cette association de personnes la�ques de confession catholique pour la paix dans le monde. La communaut� n'est pas une congr�gation religieuse. Pas plus qu'elle n'est soumise � aucune autorit� eccl�siastique hi�rarchique. Partant donc de cette libert� qui agrandit leur marge de manoeuvre, les membres ne prononcent pas de voeux. Ce sont des b�n�voles qui mettent leur exp�rience au service de l'humanit�. Reconnue par le Saint-si�ge, la communaut� n'est inf�od�e � aucun parti politique. Allant au-del� de son premier leitmotiv, notamment l'assistance aux d�favoris�s sociaux, la communaut� a �largi son champ d'actions. Elle n'h�site pas � prendre son b�ton de p�lerin et aller � la recherche de la paix. Sant'Egidio s'investit activement dans des conflits. Consid�r�s comme des "inventeurs de paix" ou "diplomates sans fronti�res", les membres de la communaut� ont acquis une r�putation de magiciens aupr�s de chefs d'Etat, seigneurs de guerre et responsables politiques du monde entier.
Un engagement au service du monde
Aucun effort n'est de trop pour concilier les positions. Avec aujourd'hui, environ quarante mille membres, dans plus de soixante pays du monde, Sant'Egidio �tend ses racines. Elle conjugue spiritualit� et engagement. Son engagement en faveur des plus d�munis et son acharnement pour la r�conciliation et la paix sont internationalement reconnus. Surnomm�e "la petite ONU de Trastevere" du nom du quartier o� elle est bas�e, � Rome, la communaut� Sant'Egidio impressionne par la liste des conflits qu'elle a aid� � r�soudre.
Une carri�re bien remplie
Ayant vite compris que la "guerre est la m�re de toutes les pauvret�s", les b�n�voles de Sant'Egidio posent des actes humanitaires. Mais ceux-ci tendent � �tre ruin�s par les diff�rentes guerres. C'est donc pour cela que les "diplomates" d�cident de jouer un r�le de "facilitateurs" ou "m�diateurs" dans les conflits fratricides � travers le monde. Ainsi, la communaut� vient notamment de participer aux n�gociations qui ont mis fin � la guerre civile au Liberia. Il y a quelques mois, � l'invitation du gouvernement fran�ais, elle avait particip� aux n�gociations � Marcoussis qui ont ouvert la voie de la r�conciliation en C�te d'Ivoire.
En 1992, � travers ses missions de bons offices, la guerre civile a pris fin au Mozambique, apr�s vingt-sept mois de n�gociations. Elle a pris une part tr�s active aux n�gociations de paix d'Arusha dans le conflit burundais de 1997 � 2000. Au Liban, en 1982, Sant'Egidio a aid� � la lev�e du si�ge du village de Deir El Khamar par les Druzes. Avant d'obtenir un accord sur la protection des Chr�tiens dans le Chouf. Les m�diations qu'elle a entreprises en Alg�rie, au Kosovo, en R�publique D�mocratique du Congo, au Guatemala, en Albanie...sont le symbole d'un combat pour la paix. Ces actions et d'autres ont permis � la communaut� de Sant'Egidio de d�crocher le prix UNESCO pour la recherche de la paix F�lix Houphou�t Boigny en 1999.
La recette pour d�samorcer les conflits
Pour ces "faiseurs de paix", tous les conflits m�nent � Rome. Les experts �s diplomate de Sant'Egidio appliquent des recettes toutes faites. Jouant sur un carnet d'adresses bien fourni et un savoir-faire acquis au fil des ans, ces b�n�voles ont un g�nie du dialogue et de la m�diation. Ces atouts ont permis de faire des "miracles de paix". Arm�s seulement de la parole de Dieu et soutenus par la pri�re et l'amiti�, ces b�n�voles ont pu d�nouer les crises les plus complexes. La communaut� illustre tr�s concr�tement l'expression "la foi soul�ve des montagnes". Elle met au centre de ces actions l'amour de la paix, l'amour des pauvres et l'amour du prochain. Elle ne se contente pas seulement de la signature d'accords, mais donne confiance aux bellig�rants. Un m�canisme d'ex�cution de cet accord est mis en place. Les b�n�voles tentent d'obtenir des acteurs une reconnaissance mutuelle indispensable � tout compromis. L'ultime arme de la communaut� reste indubitablement la patience. Elle joue aussi sur la dur�e. Ne disposant d'aucun moyen coercitif, la communaut� privil�gie les actions concert�es. Pas question d'�carter la diplomatie officielle. C'est donc ce "travail en r�seau" qui fait l'originalit� de Sant'Egidio. N�anmoins, elle traverse des difficult�s surtout financi�res. Avec un budget annuel de quatre milliards de Lires, le Centre international de la communaut� Sant'Egidio ne peut offrir des emplois r�mun�r�s � ses membres. Cela n'att�nue en rien la d�termination des b�n�voles.
Youssouf Bakayoko
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