Comunità di S.Egidio


 

15/11/2003


Les catholiques se posent en d�fenseurs de la la�cit�
Pas de solidarit� sans la�cit�, qui prot�ge le monde des d�bordements de l'argent ou des fondamentalismes. Hommes de tradition chr�tienne ou agnostique se retrouvent sur ce constat.

 

L'interpellation a surgi du fond de la salle : "Si nous reculons en France sur le voile, nous ne rendons pas service au combat des femmes musulmanes pour leur lib�ration." Le ton �tait donn�, jeudi 13 novembre, � l'atelier du Forum sur la lutte antiraciste, la solidarit� et la la�cit�, organis� par l'hebdomadaire La Vie et soutenu par Le Monde.

Un ton r�solu pour souligner la responsabilit� de la France dans sa gestion de l'islam, dire non au voile islamique comme mode d'affirmation identitaire, mais rappeler que le voile est aussi le fruit des �checs de l'int�gration et d'autres frustrations touchant le monde arabe et l'islam. "Allez dans les banlieues, lance une autre voix, et vous verrez qu'on y parle moins du voile que de la Palestine !"

Sur la sc�ne du Th��tre de M�nilmontant, � Paris, le Br�silien Chico Whitaker, initiateur du Forum social mondial de Porto Alegre, Edgar Morin, Jean Daniel et Andrea Riccardi, fondateur de la communaut� catholique de Sant'Egidio, confrontent leurs vues sur la la�cit�. Le premier vient du Sud pauvre et ne distingue pas la d�fense de la la�cit� du "combat contre toutes les cl�ricatures de l'argent et du profit". Quant � Andrea Riccardi, il vient d'un pays, l'Italie, o� le d�bat sur l'immigration ne fait que commencer. Dans le monde "global", il ne peut plus y avoir de nation isol�e et homog�ne (comme l'Italie catholique d'autrefois) et d'autre choix que le "dialogue" entre nations, cultures et religions. Le dialogue est le seul moyen d'�viter la pente du fondamentalisme, dit M. Riccardi : "Les religions doivent dialoguer pour ne pas avoir � b�nir un jour leurs int�gristes."

Le Br�silien et l'Italien, tous deux catholiques, croient � une la�cit� bien comprise, vid�e de tout sectarisme, comme passage oblig� d'un nouveau "vivre ensemble". Edgar Morin et Jean Daniel sont d'accord. La la�cit�, rappelle le philosophe, est "fille des Lumi�res et de la R�volution fran�aise". Elle est d'autant plus actuelle que le monde est menac�, selon lui, par les crises qui p�sent sur la "trinit� de la raison, du progr�s, de la science" et par la "pr�tention absurde" de quelques-uns � vouloir dominer le monde en le d�gradant chaque jour davantage. Quant � Jean Daniel, il se r�jouit de la fin de la guerre des deux France (celle de la R�volution et de la s�paration contre l'h�riti�re de l'Ancien R�gime et du cl�ricalisme) et de la conversion de l'Eglise � la la�cit� : "Il n'y a pas de plus grand champion de la la�cit� que l'Eglise !" L'islam est invit� � retrouver la "raison critique" qui animait les penseurs de son �ge d'or.

Pas de solidarit� sans la�cit�, qui prot�ge le monde des d�bordements de l'argent ou des fondamentalismes. Hommes de tradition chr�tienne ou agnostique se retrouvent sur ce constat. La forte participation des organisations chr�tiennes � ce Forum de Saint-Denis n'avait pas d'autre sens que de manifester une telle convergence. Organisateur de ce m�me atelier sur la la�cit�, Jean-Marie Fardeau, secr�taire g�n�ral du Comit� catholique contre la faim et pour le d�veloppement (CCFD), pouvait se r�jouir que "les chr�tiens retrouvent leur capacit� d'influence dans les questions globales".

Henri Tincq