Comunità di S.Egidio


 

08/05/2004


Le choix de la paix pour le d�veloppement

 

Lors de la prochaine �lection pr�sidentielle, en d�cembre 2004, Joaquim Chissano ne briguera pas un troisi�me mandat. La Constitution l'y autorise, mais le chef de l'Etat, nomm� en 1986, du temps du parti unique, puis �lu � deux reprises, en 1994 et 1999, a d�cid� de ne pas se repr�senter.

Ce d�part ne signe pas la fin de r�gne du Front de lib�ration du Mozambique (Frelimo, au pouvoir depuis l'ind�pendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975). Mais il marque la fin d'une �poque : douze ans d'une paix exemplaire, apr�s une guerre civile qui avait fait un million de morts.

Joaquim Chissano peut s'enorgueillir d'�tre l'artisan d'une paix qui permet � son pays, longtemps l'un des plus pauvres du monde, de croire au d�veloppement. Apr�s l'euphorie de l'ind�pendance, le Mozambique a sombr� de 1977 � 1992 dans la guerre civile. Sur fond de rivalit� Est-Ouest, le conflit opposait un pouvoir communiste � la gu�rilla de la R�sistance nationale du Mozambique (Renamo), soutenue par l'Afrique du Sud de l'apartheid.

En 1990, � la t�te d'un pays exsangue, Chissano - moins intransigeant que son pr�d�cesseur, Samora Machel - accepte des n�gociations avec la Renamo, sous l'�gide de la communaut� chr�tienne de Sant'Egidio. Le 4 octobre 1992, un accord de paix est sign� � Rome. Le Renamo int�gre la vie politique, le Frelimo abandonne toute r�f�rence au marxisme.

Amorc�es d�s le milieu des ann�es 1980, les r�formes lib�rales de l'�conomie se poursuivent avec l'appui des bailleurs de fonds internationaux. A la fin des ann�es 1990, le Mozambique affiche un taux de croissance moyen de 10 % par an et, en dix ans de paix, la pauvret� d�cro�t de 15 %. Malgr� ces bons r�sultats, Chissano n'est r��lu que de justesse en 1999, du fait des in�galit�s r�gionales persistantes et d'une lassitude croissante � l'�gard du Frelimo. Il est aussi accus� de laisser se d�velopper la corruption. En 2002, son propre fils est mis en cause dans le meurtre d'un journaliste.

Depuis la tenue du sommet de l'Union africaine � Maputo, en juillet 2003, Chissano assume pour un an la pr�sidence tournante de l'organisation panafricaine.

En visite officielle en France, o� le pr�sident mozambicain a �t� re�u, vendredi 7 mai, par Jacques Chirac, Joachim Chissano n'est pas en terrain inconnu. C'est en effet � Poitiers que, jeune �tudiant en m�decine, il s'�tait r�fugi� en 1960 apr�s avoir �t� inqui�t� au Portugal pour ses id�es ind�pendantistes. De la France, dont il ma�trise la langue, il �tait ensuite parti en 1962 � Dar es-Salaam, la capitale tanzanienne, pour participer � la fondation du Frelimo et s'engager dans la lutte pour la lib�ration de son pays.