Avec 18 �ditions, la recette Sant'Egidio des rassemblements interreligieux est bien rod�e. Vous invitez des repr�sentants de toutes confessions et horizons (500 � Milan), et vous les r�partissez en tables rondes sur des sujets de foi ou de soci�t�, face � un public nombreux et passionn�. Ainsi, 10.000 personnes ont assist� � 36 d�bats de haut niveau et sans trop de langue de bois, lundi 6 et mardi 7 septembre. Vous aurez ouvert la manifestation par des interventions prestigieuses d'hommes de Dieu (dimanche, le cardinal Ruini, un grand rabbin d'Isra�l, le conseiller islamique des �mirats...) et de leaders politiques : Romano Prodi, Abdoulaye Wade... Et vous la cl�turez par une �mouvante procession de ces hommes de bonne volont� � travers la ville, dans la douce lumi�re du couchant, apr�s qu'ils ont pri� s�par�ment en diff�rents lieux, jusqu'� une grande place - celle du Duomo, grandiose cath�drale de l'�glise ambrosienne - d'o� sera lanc� un appel solennel � la paix et o� seront allum�s autant de lumignons en signe d'espoir.Racont�e ainsi, l'affaire para�t simple, pleine de grands sentiments. Il ne faut pas s'y m�prendre. Banaliser ces rencontres �Hommes et religions� serait les consid�rer comme de pieuses parenth�ses au milieu des conflits qui d�chirent la plan�te et que beaucoup mettent, pr�cis�ment, sur le dos de Dieu.L'enjeu est donc vital : pour le monde, qui attend d'�tre sauv� des violences de toutes sortes, et pour les croyants, qui pourront d'autant mieux disculper Dieu de ces accusations qu'ils serviront les hommes et leurs r�conciliations.
Il s'agit, pour les croyants, d'apporter � ce temps un message qui lui donne d'esp�rer, parfois contre toute esp�rance, au nom de Dieu
Au programme de Milan se sont donc retrouv�s des dossiers aussi pressants que la paix au Proche-Orient et en Irlande du Nord, la lutte contre la pauvret� et les d�fis de la mondialisation, l'avenir de l'Europe comme de l'Afrique, le combat contre la peine de mort et les d�bats de la bio�thique, la cause des personnes �g�es ou les fragilit�s de la famille... Sans parler des th�mes religieux : lenteurs oecum�niques, perspectives de l'islam en Occident, valeurs communes des spiritualit�s vari�es du Japon !Mais cet �ventail n'est pas un fourre-tout : il veut t�moigner, au contraire, de l'implication des croyants de toutes traditions dans la totalit� de ce qui fait la vie des personnes et des soci�t�s.Surtout, il s'agit, pour les croyants, d'apporter � ce temps un message qui lui donne d'esp�rer, parfois contre toute esp�rance, au nom de Dieu. � Milan, cela s'est nomm� �un nouvel humanisme�, que les religions veulent avoir le courage de proposer aux hommes d'aujourd'hui. Elles l'ont d�clin�, de mani�re plut�t convaincante, selon tous les domaines envisag�s. Morceaux choisis :- �Il n'y a pas d'avenir sans le respect r�ciproque et la compr�hension de la culture de l'autre, ni sans un rapport renouvel� entre Dieu et l'homme (Yasumi Hirose, moine shinto�ste du Japon)- �Sachons nous retrouver, non pour l�gitimer les peurs qui gouvernent tant de nos attitudes, mais pour regarder le visage de l'autre� (Emile Shoufani, cur� melkite de Nazareth)- �Nous devons pr�server l'unit� de l'�tre humain (et non le morceler comme pourrait le faire la science ou la bio�thique), ainsi que l'unicit� de chaque personne, quelle qu'elle soit� (Hasan Hanafi, universit� du Caire)- �Le nouvel humanisme que nous cherchons tient en un seul mot : la fraternit�. Il porte les semences d'un monde plus juste, qui inverserait ses priorit�s au profit des pauvres� (Michel Camdessus, pr�sident des Semaines sociales de France).
Une n�cessaire une intervention des religions dans la soci�t�
La conclusion fr�quente, et logique, fut de d�clarer n�cessaire une intervention des religions dans la soci�t� : non par pros�lytisme, mais pour r�pondre aux besoins contemporains. �Les religions sont d�sormais critiquables, non par discr�dit, mais parce qu'elles ne font pas assez leur travail pour �duquer contre la violence et pour le respect mutuel�, concluait mardi Andrea Riccardi.Il faisait sien l'appel du cardinal Walter Kasper : �Les religions doivent se r�veiller, et activer leurs ressources spirituelles propres de r�sistance.� Le pr�sident du Conseil pontifical pour l'unit� des chr�tiens �voquait la pieuvre terroriste, mais il fut entendu au-del� de ce point chaud de l'actualit�.Une actualit� que Jean-Paul II a cependant mise au coeur de son message � la rencontre milanaise : � Il faut avoir le courage de mondialiser la solidarit� et la paix... Que vienne vite, alors, un sursaut spirituel et culturel qui conduise les hommes � bannir la guerre.�Le chemin ouvert par le Pape � Assise en 1986, et poursuivi depuis par Sant'Egidio, n'est certes pas achev�. Il fera �tape pour la premi�re fois en France l'an prochain. Ce sera � Lyon, en un jour et une ann�e remarquables : le 11 septembre, en l'ann�e centenaire de la s�paration entre les �glises et l'�tat !
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