Comunità di S.Egidio


 

09/09/2004


A Milan, des responsables religieux d�clarent la guerre au terrorisme

 

Que p�se la pri�re face � la violence des bombes et des prises d'otages ? Contre tous les sceptiques, 5 000 responsables religieux et autres manifestants ont d�fil�, mardi soir 7 septembre, dans les rues de Milan, main dans la main, en kippa, en mitre ou en turban.

Une fa�on d'affirmer, pour les chr�tiens, juifs, musulmans, bouddhistes ou shinto�stes venus de soixante pays � l'appel de la communaut� catholique de Sant' Egidio, que si les mots sont devenus impuissants, il reste les gestes, le silence, l'�coute et la pri�re pour le croyant.

Le rassemblement de Sant' Egidio r�unit chaque ann�e toujours plus de participants : 10 000 � Milan. En 2005, il aura lieu pour la premi�re fois en France, � Lyon. Ce fut, pendant trois jours, dans la capitale lombarde, une liturgie de la col�re contre le terrorisme et de compassion pour ses victimes. Et de sursaut moral face � ce que le cardinal Dionigi Tettamanzi, archev�que de Milan, a appel� le "nouveau totalitarisme" et son coll�gue Renato Martino, pr�sident du conseil Justice et Paix du Vatican, la "quatri�me guerre mondiale" (apr�s la guerre froide).

"Le monde a oubli� que la vie humaine est sacr�e", ont r�p�t� ces chefs religieux, mardi, devant la cath�drale de Milan. Leur appel � la paix fut d'une rare gravit� : "Du plus profond de nos traditions, nous savons que, dans le terrorisme et la guerre, le genre humain risque l'autodestruction." Les t�moignages venus de Beslan, de Bagdad, de Gaza, ont suscit� plus que de l'indignation. Ils ont fait na�tre cette prise de conscience que, face � l'impuissance des politiques et � la menace des fondamentalistes, les religieux mod�r�s ont un nouveau r�le � jouer.

Yona Metzger, grand rabbin d'Isra�l, a propos� la cr�ation d'une assembl�e permanente des dirigeants religieux de la plan�te, une sorte d'ONU des religions. Romano Prodi a �t� acclam� en soulignant que la solution au terrorisme ne se trouve pas "dans la guerre, mais dans la d�mocratie et le renforcement des institutions", civiles et religieuses. En d�non�ant les prises d'otages en Irak comme "honteuses et inhumaines", Ibrahim Ezzedine, d�l�gu� des Emirats arabes unis, a sugg�r� la r�daction d'un "pacte universel de moralit�", conforme � la plus antique tradition islamique, permettant de d�masquer les "criminels".

"FAUSSAIRES DE L'ISLAM"

Ce type de rencontres qui cro�t dans le monde - en m�me temps que le spectacle de leur impuissance - ne d�bouche plus seulement sur des condamnations verbales de violences commises au nom de la religion. Elles ont �t� r�p�t�es � Milan, avec une vigueur nouvelle, dans la bouche d'autorit�s islamiques venues de Bagdad, de T�h�ran, de Riyad ou de Moscou. Celles-ci ont d�nonc� les "faussaires de l'islam".

Pr�sident des muftis de Russie, Ravil Gajnutdin a condamn� ceux qui oublient que le Coran fait obligation de respecter la moindre vie humaine comme s'il s'agissait de l'humanit� enti�re. De son c�t�, le pr�sident musulman du S�n�gal, Abdoulaye Wade, a ironis� sur les "faux d�vots qui se transforment en pr�dicateurs". Quant aux religieux sunnites, chiites et chr�tiens d'Irak, ils ont d�battu ensemble � Milan des conditions d'un retour � la paix. Shlemon Warduni, �v�que chald�en, a r�clam� une Constitution la�que et le retour � la libert� de religion dans son pays. Sans r�action de ses interlocuteurs.

Un "nouvel humanisme" comme alternative � la violence : dans les domaines les plus vari�s - les conflits, la bio�thique, la malnutrition, le sida -, la r�union de Sant' Egidio a rappel� des exigences, comme la "centralit� de la personne humaine", le respect de la dignit� de toute vie, l'�galit� des droits. Elles passent par le rejet de la peur, de l'ignorance, du soup�on.

"Le mur de Sharon n'emp�chera pas que nous partageons le m�me air, la m�me eau !", s'est �cri� Abed Alloun, de l'Autorit� palestinienne, devant des interlocuteurs isra�liens. V�ux pieux ? Il n'y pas d'autre voie, r�p�te Andrea Riccardi, fondateur de Sant' Egidio, que celle, "exigeante et �puisante", du dialogue interreligieux.

Henri Tincq