La paix dans l'est de la R�publique d�mocratique du Congo (RDC) a peut-�tre fait un grand pas. Hier, le principal groupe rebelle hutu rwandais encore en activit� s'est engag� � d�poser les armes. Mais surtout, il a accept� de reconna�tre et de condamner le g�nocide tutsi du printemps 1994. au terme de deux jours de n�gociations � Rome sous l'�gide de la communaut� religieuse de Sant'Egidio.
Jusqu'alors, les rebelles hutus �taient rest�s herm�tiques � tout ralliement au processus de paix au Congo. En particulier, les Forces d�mocratiques pour la lib�ration du Rwanda (FDLR). Compos� pour l'essentiel d'anciens soldats des Forces arm�es rwandaises (FAR), les principaux auteurs des massacres commis lors du g�nocide au Rwanda, ce mouvement avait trouv� refuge, apr�s l'effondrement du r�gime hutu rwandais � l'�t� 1994, dans l'est du Congo. Depuis lors, ils avaient �t� profond�ment impliqu�s dans la guerre qui, cinq ans durant, a ravag� cette r�gion, plongeant la province du Kivu dans une dramatique crise humanitaire. La nouvelle bonne volont� affich�e par le mouvement n'en a que plus surpris. Officiellement, elle ne fait aucun doute : �Les FDLR condamnent le g�nocide commis au Rwanda et leurs auteurs. Ils s'engagent � combattre toutes les id�ologies faisant la promotion de la haine ethnique et renouvellent leur attachement � coop�rer avec la justice internationale�, a d�clar� le pr�sident de l'organisation, Ignace Murwanashyaka.
Kinshasa s'est imm�diatement f�licit� d'une telle d�cision. Pr�sent � Rome, l'ambassadeur itin�rant de RDC, Antoine Ghonda, n'a pas h�sit� � dire qu'il s'agissait l� d'un �tournant menant � la fin du conflit�. La mission des Nations unies au Congo s'est elle aussi r�jouie. Tout en r�servant un bon accueil � cette annonce, Kigali s'est montr� plus m�fiant. �S'ils renoncent � la lutte, ils doivent poser les armes, int�gralement. Nous saurons alors dans quelle mesure ils sont s�rieux�, a expliqu� Richard Sezibera, un conseiller du pr�sident rwandais Paul Kagam�. Il a n�anmoins affirm� que le Rwanda �tait pr�t � �accueillir� tous les rebelles hutus rwandais r�fugi�s en RDC. Avec un b�mol : le ministre des Affaires �trang�res a assur� que les combattants devront y �r�pondre de leurs actes�.
Pour Jim Terry, sp�cialiste du conflit � International Crisis Group (ICG), la r�action rwandaise se comprend par le caract�re �inattendue� de cette reddition presque sans condition. Certes, les rebelles avaient perdu tout espoir de renverser le r�gime de Kigali. En 2001, leur derni�re offensive d'ampleur contre le Rwanda avait tourn� au d�sastre. Deux ans plus tard, leur chef militaire, le g�n�ral Paul Rwarakabidje s'�tait d'ailleurs rendu � Kigali avec une centaine d'officiers, portant un nouveau coup dur � l'organisation. Reste que, avec 8 000 � 12 000 hommes, les FDLR conservaient encore un important pouvoir de nuisance. �Ces derniers temps, les choses ont beaucoup �volu�. Les soutiens financiers classiques du mouvement se sont d�rob�s sous la pression internationale et gr�ce � l'implication de l'Union africaine. Il devenait sans doute de plus en plus dur de tenir, car ce combat n'a plus vraiment d'autre d'issue. Il y a aussi un sentiment de lassitude parmi les combattants apr�s plus de onze ans de brousse dans des conditions tr�s difficiles�, analyse Jim Terry. Pour autant, il se refuse a y voir la fin d�finitive de la r�bellion hutue. Loin d'�tre hi�rarchis� et disciplin�, le FDLR est en fait un ensemble de clans aux fid�lit�s incertaines. �Les jours qui arrivent seront cruciaux. On verra seulement � ce moment-l� si les hommes de base sont aussi �pris de paix que leurs chefs.�
Tanguy Berthemet
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