Comunità di S.Egidio


 

01/04/2005


Congo : les rebelles hutus vont d�poser les armes

 

R�unis � Rome par la communaut� Sant'Egidio, les porte-parole des rebelles hutus du Kivu ont accept� de renoncer � la lutte arm�e.

Leur retour au Rwanda sera pacifique et sans condition, et Kigali, qui r�clame depuis longtemps leur d�sarmement, sera oblig� de les accueillir. Mais les auteurs de crimes seront d�f�r�s devant les tribunaux. C'est la pression militaire conjugu�e des forces arm�es congolaises et de la Mission des Nations unies renforc�e qui a obtenu ce revirement spectaculaire. Si ce retour pacifique se confirme, il l�vera une lourde hypoth�que car les populations du Kivu sont prises en �tau entre ces Hutus qui les attaquent et les menaces d'un retour de l'arm�e rwandaise. Cet accord, obtenu par les Congolais apr�s dix ann�es d'efforts infructueux de la communaut� internationale, et en d�pit du scepticisme des Occidentaux, est un beau succ�s pour Kinshasa.

R�CIT

L'engagement pris � Rome par les repr�sentants des Forces d�mocratiques pour la lib�ration du Rwanda, qui � chapeautent � la plupart des groupes arm�s hutus op�rant au Kivu, est l'aboutissement d'un long processus men� avec la rigueur et dans le secret d'une op�ration militaire.

Tout a commenc� lorsque la r�solution 1565 du Conseil de S�curit� a confi� au gouvernement congolais et � la mission des Nations unies au Congo la t�che de d�sarmer les combattants hutus, r�fugi�s au Congo depuis 1994. Les premiers mouvements ont �t� militaires : les Congolais ont renforc� leurs troupes au Kivu, entamant sur le terrain des op�rations de brassage, d�pla�ant certaines unit�s vers la fronti�re rwandaise et se pr�parant � encercler diff�rentes � poches � r�put�es abriter des concentrations de Hutus rwandais arm�s. Une op�ration men�e en concertation avec une Monuc renforc�e par des unit�s pakistanaises disciplin�es, bien �quip�es et clairement mandat�es pour d�sarmer de force les r�calcitrants. Forts de cette pression militaire, et appuy�s par des combattants congolais Mai Mai d�sireux d�sormais d'obtenir le d�part de leurs encombrants alli�s, des �missaires de Kinshasa sont all�s trouver les combattants hutus dans les for�ts du Kivu. Ils leur ont expliqu� qu'ils avaient int�r�t � choisir la voie d'un retour pacifique dans leur pays et � d�signer les porte-parole politiques de leur organisation. Ces derniers, qui se trouvaient en Allemagne, en France et surtout en Belgique (!) furent alors contact�s par des repr�sentants de la communaut� catholique Sant' Egidio, que le pr�sident Kabila avait pri� de mener la n�gociation. Une premi�re r�union eut lieu �

Rome, du 4 au 14 f�vrier, d'autant plus discr�te que ni les Nations unies ni les ambassades occidentales ne croyaient en ses chances de r�ussite. La discussion fut difficile, car les chefs politiques des FDLR exigeaient un � dialogue interrwandais � avant de baisser les armes, et Kigali, qui ne participait pas � la n�gociation, se contentait de proposer un retour sans conditions pr�alables. � Rome, le message fut on ne peut plus clair : Vous n'avez le choix qu'entre un retour pacifique ou l'offensive militaire g�n�ralis�e.

Apr�s avoir finalement acquiesc�, les responsables politiques des FDLR furent amen�s sur le terrain par des �missaires congolais proches des Mai Mai. Un voyage long, qui les mena de Rome jusqu'aux for�ts du Kivu, en passant par Nairobi et Dubai, les pays occidentaux se montrant avares de visas. Le contact entre les troupes et les porte-parole du mouvement s'av�ra meilleur que pr�vu : Fatigu�s de leurs ann�es d'exil en brousse, las de tant de violences, les hommes ont explos� de joie lorsque les chefs leur ont dit que le temps de rentrer au pays �tait venu, nous a racont� M., l'un des �missaires congolais. Les Hutus ont alors commenc� � faire mouvement en direction de la fronti�re rwandaise, tandis que la Monuc s'employait � ouvrir huit centres de transit, au Nord et au Sud Kivu. L'annonce faite � Rome (au lieu de Bruxelles comme pr�vu initialement) de la renonciation � la lutte arm�e devrait donner le signal d'importants mouvements, car les effectifs des FDLR sont estim�s, de source rwandaise, entre 12 � 15.000 hommes. Le d�placement sera d�licat : depuis les � poches � o� ils se trouvent actuellement, les Hutus devraient �tre escort�s par l'arm�e congolaise jusqu'aux centres de transit, apr�s quoi ils seront achemin�s vers le Rwanda par la Monuc. Les soldats congolais charg�s d'assurer ce transfert seront

vraisemblablement soutenus par la Monuc sur le plan logistique. Au Rwanda, ces r�fugi�s devraient trouver place dans des centres d'accueil, o� ils seront d�ment tri�s : les responsables de crimes de g�nocide seront d�f�r�s devant la justice, les autres seront int�gr�s dans l'arm�e rwandaise ou rentreront chez eux.

Alors que le pr�sident des FDLR, le Dr Murwanashyaka, r�clame d�sormais en contrepartie de l'abandon de la lutte arm�e l'ouverture d'un espace politique, le Rwanda ne s'est pas engag� � entamer un � dialogue interrwandais �, et le Ministre des Affaires �trang�res Murigande a d�clar� que les rebelles hutus devront r�pondre de leurs actes commis durant le g�nocide de 1994. Le pr�sident Kagame a cependant r�serv� un bon accueil au professeur Samba Kaputo lorsque ce dernier est venu � Kigali l'informer de l'accord et il est probable que Kigali, dans les temps qui viennent, sera mis sous pression afin de ne pas entraver ce retour qu'il affirme souhaiter depuis si longtemps.

La perspective d'un retour pacifique des rebelles hutus a �t� salu�e � Kinshasa comme un tournant d�cisif dans l'histoire des Grands Lacs, et le CIAT (Comit� d'accompagnement de la transition) a f�licit� le gouvernement congolais pour cette issue positive encourag�e �galement par la Monuc. Les plus soulag�es seront certainement les populations civiles du Kivu, qui, depuis dix ans, sont soumises aux pillages et aux exactions de leurs voisins.

Colette Braeckman