Comunità di S.Egidio


 

12/09/2005


Lyon, capitale du dialogue interreligieux
La 19e rencontre organis�e par Sant'Egidio s'est ouverte dimanche 11 septembre en pr�sence de multiples personnalit�s. C'est une premi�re en France

 

Chacun de son c�t� et selon sa tradition, comme � Assise. Tandis que les repr�sentants juifs s��taient retrouv�s d�s samedi 10 septembre au soir pour clore ensemble le shabbat, que les musulmans se rassemblaient pour une pri�re � la Grande Mosqu�e de Lyon, c�est � la basilique de Fourvi�re, sur les hauteurs de Lyon, que les chr�tiens sont mont�s dimanche matin pour ouvrir la 19e rencontre �Hommes et religions� organis�e par Sant�Egidio dans la capitale des Gaules. Certains, comme Fran�oise, le regrettent : �C�est dommage qu�on n�ait pas pu donner un meilleur symbole d�unit� entre les religions�, d�plore cette Lyonnaise de 52 ans. D�autres, comme ce responsable de Sant�Egidio tout au d�but de la c�l�bration, saluent �cette image de la pleine communion� que constitue ce rassemblement de tant de responsables d��glises � dont six cardinaux.

Cette rencontre de Sant�Egidio se tient pour la premi�re fois en France. Et � Lyon , ce dont se r�jouit le cardinal Philippe Barbarin, archev�que de Lyon, d�s le d�but de la messe t�l�vis�e. �D�une certaine mani�re, c�est justice, car c�est ici, lors de son voyage d�octobre 1986, que le pape Jean-Paul II avait lanc� un vibrant appel � la paix, quelques jours avant l�inoubliable r�union de pri�re d�Assise, a-t-il insist�. Et depuis dix-neuf ans, les rencontres de Sant�Egidio en sont, chaque ann�e, le fid�le prolongement.�

Et dimanche matin, Lyon avait effectivement un petit air d�Assise. Devant une foule multicolore � dont une forte d�l�gation du Mozambique, pays o� Sant�Egidio avait n�goci� un accord de paix en 1992 � se m�laient en effet les mitres des �v�ques catholiques, les toques noir et blanc des repr�sentants orthodoxes, les robes noires des pasteurs protestants ou encore les chemises violettes des anglicans� Sans oublier l�impressionnant manteau � capuche du catholicos arm�nien Kar�kine II, venu tout sp�cialement d�Arm�nie. �Si nous avons foi en Dieu, alors nous avons une responsabilit� de pacificateurs, en enseignant la paix, en accomplissant des travaux vertueux, en d�fendant les droits et en choisissant le bien�, a-t-il avanc� dans son message juste apr�s l�hom�lie du cardinal Barbarin.

"L�anti-choc des civilisations"

Mais le v�ritable d�part de cette rencontre avait lieu en fin d�apr�s-midi � l�auditorium Maurice-Ravel, une vaste salle de 2 500 places, pleine � craquer, au c�ur du quartier de la Part-Dieu. Pour l�occasion, de nombreuses personnalit�s devaient prendre la parole : outre Andrea Riccardi, le fondateur de la communaut� Sant�Egidio, le pr�sident mozambicain Armando Emilio Guebuza, Nicolas Sarkozy et Simone Veil de vaient notamment exprimer leur vision du dialogue de paix qui doit unir les religions.

Le ministre de l�int�rieur devait d�ailleurs prendre fermement position pour une vision ouverte de la la�cit� fran�aise, d�fendant une lecture de �l�esprit� de la loi de 1905 plut�t que de sa �lettre� : �Je propose qu�� la lettre de 1905, nous pr�f�rions son esprit. La question de la pr�sence d�une nouvelle religion en France ne se posait pas en 1905. Elle se pose aujourd�hui. C�est le fondement m�me de la la�cit� qui est en jeu si nous n�adaptons pas notre pays � la r�alit� d�une pr�sence musulmane importante en France. C�est possible et c�est n�cessaire, tout en respectant les grands �quilibres de la la�cit� fran�aise.�

Car si toutes les religions sont invit�es � Lyon , quatre ans jour pour jour apr�s les attentats de New York et de Washington, c�est le dialogue avec l�islam qui occupe l�esprit de nombreux participants. Signe qui ne trompe pas, deux mois seulement apr�s les sanglants attentats de Londres, le Dr Rowan Williams, archev�que de Cantorb�ry et primat de la Communion anglicane, �tait invit� d�s l�ouverture � donner son t�moignage sur le dialogue entre les religions. Enfin, � la fin de cette s�ance d�ouverture, une table ronde � pr�sid�e par Bruno Frappat, pr�sident du directoire de Bayard � devait r�unir le cardinal Walter Kasper, pr�sident du Conseil pontifical pour l�unit� des chr�tiens, le grand rabbin d�Isra�l Yona Metzger et Ezzddin Ibrahim, conseiller du pr�sident des �mirats arabes unis : trois hautes personnalit�s de chacune des trois religions monoth�istes pour �changer sur �le courage d�un humanisme de paix�, th�me de la rencontre de cette ann�e.

Un avant-go�t de ce que devait �tre la multitude de tables rondes qui se succ�deront aujourd�hui lundi 12 septembre et pendant deux jours au Palais des congr�s de Lyon dans une ambiance � la fois studieuse et d�contract�e entre des hommes et des femmes de tous les horizons, dont beaucoup ont fait de ces rencontres de Sant�Egidio un rendez-vous r�gulier de dialogue. Dans les couloirs de la rencontre, on pouvait ainsi croiser un imam, un rabbin et un �v�que, tous trois en grande tenue, converser en toute amiti�. �Sant�Egidio, ce sont � la fois des amis et de vrais proph�tes�, se r�jouit G�rard Testard, pr�sident de Fondacio. �Ce sont des chr�tiens comme je les aime, continue cet ami de Sant�Egdio qui participe ici � sa sixi�me rencontre. Ils savent tenir leur identit� de chr�tiens tout en allant � la rencontre de l�autre, pour d�couvrir sa part de v�rit�. C�est l�anti-choc des civilisations.�


Un message de Beno�t XVI

Le cardinal Philippe Barbarin, archev�que de Lyon, destinataire d�un message de Beno�t XVI � l�attention de la rencontre de Sant�Egidio, en a fait hier la lecture suivante lors de la messe :

�Le pape m�a charg� de vous faire savoir qu�il s�unissait volontiers par la pri�re � toutes les personnes rassembl�es pour r�fl�chir et prier pour la paix et pour l�amiti� entre les peuples. Il demande aux hommes de notre temps, et notamment aux jeunes, d�avoir le courage de s�engager toujours plus activement en faveur de la paix et du dialogue, qui seuls peuvent permettre d�envisager avec esp�rance l�avenir de la plan�te. La violence, quelle qu�elle soit, ne peut �tre une mani�re de r�soudre les conflits. Elle hypoth�que gravement l�avenir et n�est respectueuse ni des personnes ni des peuples. Puissent les hommes d�aujourd�hui implorer de Dieu le don de sa paix, en s�appuyant sur la promesse du Christ : �Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix� (Jean 14, 27), afin qu�ils soient capables d�en accueillir toutes les exigences et d��tre ainsi b�tisseurs de paix !�

Nicolas Seneze