Comunità di S.Egidio


 

La Vie

15/09/2005


Suppl�ment d��me

 

Un rabbin, un cardinal, un imam �voquant la Shoah. Un bonze rem�morant Hiroshima et Nankin devant des Tib�tains et des �vang�liques. Un pope et un ath�e se r�jouissant du retrait de Gaza� Je pourrais multiplier � l�infini les exemples de rencontres qui, trois jours durant, ont fait de Lyon un petit miracle d�di� � la paix. On a beau conna�tre l�efficacit� avec laquelle nos amis de Sant�Egidio renouvellent l�esprit d�Assise depuis dix-neuf ans, chaque fois, je reste �pat�. Croyants, incroyants, ils sont venus, des quatre coins de la plan�te, proclamer leur volont� de dialogue. Pas si �vident, dans un temps o� les colonnes des journaux racontent la terreur sem�e par certains au nom du religieux. Pr�cipitant le fantasme d�un choc des civilisations et le repli frileux sur soi-m�me.

� Sant�Egidio, on ne c�de pas � l�ang�lisme. Les divergences, parfois profondes, des uns et des autres, ne sont jamais occult�es. Il ne s�agit pas de bricoler un syncr�tisme niant la diversit� des acteurs pr�sents. Non plus de gommer les convictions de chacun. Mais, au contraire, de t�moigner de la richesse multiforme que r�v�le la qu�te de sens qui habite l�humanit�. Les religions apportent ce suppl�ment d��me � des soci�t�s qui l�ont perdu en s�adonnant � la haine qu�entra�nent la peur et le m�pris. Dans un monde pluriel, comprendre la richesse de ces diff�rences se r�v�le �tre l�outil de r�sistance le plus efficace � l�h�g�monie de l��conomie, comme l�a rappel� Andrea Riccardi. G�rard Collomb, le maire de Lyon, qui accueillait l��v�nement, soulignait que ces journ�es exprimaient les vertus d�une la�cit� bien entendue. Ce que confirma � sa mani�re Nicolas Zarkozy.

� Aujourd�hui, les hommes et les femmes voient bien que la prosp�rit� mat�rielle ne suffit pas � satisfaire les aspirations profondes de l�homme. Elle n�est d�aucun secours pour distinguer le bien du mal. Elle ne donne pas de sens � l�existence. � Le ministre de l�Int�rieur m�ritait d��tre cit�. En admettant que la d�mocratie n�est qu�un outil permettant � l�homme de construire son bonheur sur terre, il reconnaissait que la spiritualit� ne saurait �tre remplac�e par l�id�ologie. Son discours, remarqu�, d�notait une �volution notable de sa perception du fait religieux. Il souligna intelligemment que ces journ�es lyonnaises s�inscrivaient parfaitement dans le cadre du centenaire de la loi de 1905, qui fut l�un des th�mes les plus d�battus. Mettant en lumi�re l�intemporelle modernit� de l�injonction de J�sus : � Rends � C�sar ce qui est � C�sar, � Dieu, ce qui est � Dieu.�

R�sumer une rencontre de Sant�Egidio ressemble � un inventaire � la Pr�vert. Ainsi s�explique son charme. P�le-m�le, je citerai Armando Guebuza, le pr�sident du Mozambique, t�moignant que, pour faire la paix avec son ennemi, il faut avoir le courage de la faire avec soi-m�me. Mario Soares, l�ancien et peut-�tre futur pr�sident de la R�publique portugaise, a relev� les racines jud�o-chr�tiennes des droits de l�homme et de la s�paration de l��glise et de l��tat. Bernard Kouchner a interpell� nos bonnes consciences, en d�non�ant l�assassine indiff�rence � l��gard du Niger, o� il n�y a ni villages de vacances, ni m�dias, contrairement aux r�gions touch�es par le tsunami et � celles o� a s�vi Katrina. Rowan Williams, l�archev�que de Canterbury, �voqua le r�le de l�Europe dans l�accouchement d�un islam r�form�, partenaire critique de l��tat moderne. Et puis, Jean Vanier nous rappela qu�aimer, c�est accueillir la faiblesse de l�autre. La paix est ce rocher de Sisyphe que chaque g�n�ration a la t�che de hisser. Il n�existe pas de formule math�matique pour s�en d�charger. Seul le chemin fragile de la libert� et de la fraternit� permet � l�humanit� d�y acc�der.

Max Armanet