Comunità di S.Egidio


 

15/09/2005


"Aucune guerre n'est sainte", conclut le sommet interreligieux de Sant'Egidio

 

Un imam espagnol prend � t�moin le public de l'injustice de la presse de son pays. Il tend la manchette d'un journal qui d�clare : "Ben Laden n'est pas notre ennemi. Al-Zarkaoui n'est pas notre ennemi. Notre ennemi, c'est le Coran". Comment sortir de la confusion entre islam et islamisme ? De l'islamophobie n�e de l'instrumentalisation du nom de Dieu par les fanatiques religieux ? Les attentats de Londres, les destructions de synagogues � Gaza ont pes� sur la 19e rencontre de la communaut� de Sant'Egidio � le " Davos des religions " qui a attir� 5 000 personnes � Lyon du 11 au 13 septembre.

Acte liturgique de r�sistance � cet encha�nement de violences, une "procession de paix" a conduit, mardi ! soir dans les rues de Lyon jusqu'au th��tre gallo-romain de Fourvi�re � lieu des premiers martyrs des Gaules �, des rabbins de J�rusalem, des musulmans marocains, irakiens ou saoudiens, des cardinaux, des pasteurs protestants, des pr�lats orthodoxes, des v�n�rables bouddhistes ou tao�stes. Chaque confession avait pri� peu avant, dans son rite, dans diff�rents lieux de la ville.

On a fait m�moire d'Hiroshima et d'Auschwitz. Puis le cardinal Philippe Barbarin, archev�que de Lyon, et Andrea Riccardi, fondateur de Sant'Egidio, ont lu un appel ratifi� par tous les religieux pr�sents : "Le monde est fatigu� de vivre dans la peur. Les religions ne veulent pas de la guerre, du terrorisme (...). Celui qui se sert du nom de Dieu pour l�gitimer la violence avilit la religion. Aucune guerre n'est jamais sainte."

Voeu pieux ? Pas pour un homme comme Mgr Rowan Williams, archev�que de Canterbury, chef de la Communion anglicane, venu t�moigner � Lyon que les attentats! de Londres n'avaient entam� en rien la coop�ration en Grande-! Bretagne entre les Eglises et la communaut� islamique : "L'id�ologie destructrice de ceux qui ont provoqu� des carnages � Londres ne peut �tre la fin de l'histoire".

Les autorit�s musulmanes ont aussi condamn� tout terrorisme au nom de l'islam : "Le terrorisme est contraire � la civilisation, � la morale, au droit de l'islam et � son humanit�" , s'est �cri� Ezzedin Ibrahim, venu des Emirats arabes unis. Un front commun des religieux mod�r�s est donc n� � Lyon. Le dialogue entre chr�tiens, juifs et musulmans � les trois monoth�ismes suspects d'�tre porteurs, par leurs textes et leur tradition, de violences � reste la seule "alternative" , la seule attitude "r�aliste" face aux extr�mismes.

"TERRIBLES SIMPLIFICATIONS"

Des voies ont �t� explor�es : sceller un pacte de non-agression et de d�fense mutuelle entre les religions ; obliger chaque ministre du culte � signer un document l'obligeant � lutter contre ! toute d�rive ; amputer les textes sacr�s (Bible, Coran, etc.) des citations les plus violentes, comme le sugg�rait une partie du public. Ce qui a fait sursauter Rowan Williams : " Mais on ne peut pas d�couper la Bible avec des ciseaux !" . "Qui sommes-nous pour toucher � la Bible ?" , rench�rit Amos Luzzatto, pr�sident de la communaut� juive d'Italie, alors qu'un intellectuel iranien observait que l'une des t�ches � venir serait de distinguer, dans le Coran, ce qui est "historique" � donc sujet � �volution � et ce qui est "permanent" . Tous convergeaient pour dire que les textes �taient moins en cause que la capacit� des croyants � les discuter, les approfondir, les transmettre.

Mettre en cause l'islam conduit � l'impasse. Nombre d'orateurs ont d�plor� les "terribles simplifications" � son �gard. " Il n'y a pas d'islam global, ajoutait Andrea Riccardi. Il n'y a pas un islam tout vert, ou tout noir, ou tout rouge"! . La seule vraie issue est de "combattre les pauvret�s" , terreau des radicalismes religieux, de d�gager les voies d'un "nouvel humanisme la�que" et de perp�tuer cet "esprit d'Assise" qu'avait su cr�er Jean Paul II, en r�unissant dans la ville de saint Fran�ois, en Italie, les responsables de toutes les religions du monde pour prier, s'�couter, se conna�tre et se reconna�tre.

Henri Tincq