Comunità di S.Egidio


 

APIC - Agence de presse internationale catholique

10/01/2006


Rome: Le pr�sident du Conseil Justice et Paix d�nonce les conditions carc�rales
En Italie et ailleurs: "il faut le voir pour le croire"

 

Rome, 10 janvier 2006 (Apic) Le cardinal Renato Martino a s�v�rement d�nonc� les conditions des prisonniers en Italie et, plus g�n�ralement, dans le monde. Le pr�sident du Conseil Justice et Paix, qui s'exprimait dans le quotidien italien Corriere della Sera, a appel� le gouvernement italien � une mesure de cl�mence envers les prisonniers.

"J'ai visit� des prisons en Italie et dans le monde entier, et partout la situation est inhumaine et nie toute dignit� humaine", a d�clar� le cardinal Martino, pr�sident du Conseil Justice et Paix dans le Corriere della Sera du 9 janvier 2006. "Les d�tenus des �tablissements que j'ai visit�s m'�crivent, a-t-il rapport�, et la quantit� de lettres que je re�ois est incroyable". Mais, pour le cardinal, "c'est surtout la visite des cellules qui instruit : il faut le voir pour le croire".

Ainsi, le cardinal italien a affirm� avoir vu "l'indescriptible".

Mentionnant les statistiques de la surpopulation notoire dans les prisons italiennes � 70'000 prisonniers �tant d�tenus dans des b�timents pr�vus pour en accueillir 40'000, selon lui - il a pr�cis� que, pour "se rendre compte de ce que cela signifiait, il fallait entrer dans une cellule pour deux" o� sont log�s en r�alit� six prisonniers. "Entre les lits, il n'y a m�me pas la place pour se tenir debout et, donc, ces six personnes doivent �tre �tendues sur leur lit toute la journ�e", a ainsi expliqu� le cardinal. Et de s'interroger sur le sens d'une vie "o� l'on doit rester allong�".

Le cardinal Martino a poursuivi en rapportant qu'en Am�rique latine, en Afrique et en Asie, il y avait "des �tablissements p�nitentiaires encore pires qu'en Italie". "La foule y devient une multitude � moiti� nue et affam�e", a-t-il estim�.

Pour le pr�sident du Conseil Justice et Paix, outre le fait de d�consid�rer celui qui est en attente d'un jugement" - il faut distinguer la peine juridique de la "peine violant la dignit� et les droits". "La peine est une privation de la libert� et elle est con�ue par le l�gislateur comme r�habilitante", a reconnu le cardinal. Mais "si elle est purg�e dans des conditions inhumaines, comme cela arrive presque partout, dans le monde et en Italie, le viol de la dignit� et toute autre vexation possible s'associent � la privation de la libert�.

Appel aux parlementaires italiens

Interrog� sur sa position par rapport � l'amnistie des prisonniers ou � l'indulgence, le cardinal Martino a r�pondu en reprenant les paroles du Christ : "j'�tais prisonnier et vous m'avez visit�". "Je n'entre pas dans le d�bat sur le comment", mais "je demande un geste de cl�mence", a-t-il expliqu�. Et de souhaiter que "les parlementaires "trouvent le courage d'agir". Ainsi, il a expliqu� qu'il faisait sien l'appel des aum�niers et volontaires des prisons, dans un document de la Communaut� sant'Egidio publi� d�but janvier sur le sujet.

Pour le cardinal, s'il va de soi qu'il ne faut pas de "mesure aveugle", - "des exceptions justes pour les crimes particuli�rement odieux" �tant n�cessaires -, il faut toutefois s'efforcer d'apporter "soulagement et esp�rance, sans rendre vains la loi et le droit". C'est pourquoi le cardinal Martino "appelle les politiques et l'opinion publique pour que soit vot�e au plus vite par le parlement italien (...) la mesure de cl�mence pour les prisonniers".

Par ailleurs, le cardinal italien a rapport� avoir parl� de la question des prisonniers avec Beno�t XVI au d�but de l'�t� dernier. Le dicast�re dont il est en charge pr�pare actuellement un document sur le sujet.

"No comment" sur la lib�ration d'Ali Agca

S'exprimant le 9 janvier 2006 sur la prochaine lib�ration d'Ali Agca, le cardinal Martino a dit: "Notre dicast�re ne veut pas intervenir au sujet de la d�cision de l'autorit� judiciaire turque, qui a retenu qu' Ali Agca a rendu son compte � la justice", avait-il encore affirm�. Il a aussi repris les paroles de Jean Paul II dans son message pour la paix de 2002: 'Il n'y a pas de paix sans justice, il n'y a pas de justice sans pardon'.

A l�approche des �lections l�gislatives, le parlement italien s'est saisi du probl�me de la surpopulation dans les prisons. Les d�put�s italiens s�inqui�tent en effet de la surpopulation dans les prisons de la p�ninsule. Le pr�sident de la chambre des d�put�s, Pierferdinando Casini, a aussi charg� la Commission justice d'�laborer en janvier une "mesure d'indulgence".

La communaut� Sant'Egidio a aussi envoy� le 2 janvier dernier un communiqu� au gouvernement et au parlement sign� par les aum�niers et volontaires des prisons italiennes, demandant une "mesure de cl�mence imm�diate" pour les prisonniers. Pour les signataires, il est n�cessaire de repenser profond�ment "le syst�me des peines et de la justice en Italie". Jean Paul II avait lui m�me appel�, en 2000 et en 2002, � une mesure de cl�mence pour les prisonniers.