Comunità di S.Egidio


 

12/09/2006


Assise, 20 ans apr�s
A l'occasion du 20 �me anniversaire de la rencontre d'Assise en 1986, le pape Beno�t XVI a pris nettement position en faveur du dialogue interreligieux dans la ligne de Jean-Paul II.

 

Je reviens de la rencontre de pri�re des religions pour la paix, organis�e chaque ann�e par la Communaut� S. Egidio, suite � la rencontre d'Assise voulue par le pape Jean-Paul II en 1986; elle a eu lieu cette ann�e, symboliquement, dans la m�me ville qu'il y a vingt ans, les 4 et 5 septembre 2006. J'ai v�cu cette rencontre comme un double �v�nement: d'une part l'engagement clair � approfondir la voie du dialogue; d'autre part, la prise de position nette du pape Beno�t XVI en faveur du dialogue interreligieux dans la ligne de Jean-Paul II.

La prise de position nette des hommes de religion pour la paix a �t� manifest�e par la pr�sence de 150 personnalit�s de premier plan. Le juda�sme �tait repr�sent� principalement par le rabbin en chef d'Isra�l Yona Metzger; l'islam, par Ahmed Al-Tayyeb, recteur de l'Universit� Al-Arham du Caire; le bouddhisme, par Tep Vong, sup�rieur du bouddhisme Mohanikay au Cambodge; les orthodoxes, par deux patriarches, Paulos (�thiopie) et Mesrob II (Arm�nie); les protestants, par J.-A. de Clermont, pr�sident de l'Eglise r�form�e de France. Pour les catholiques, six cardinaux avaient fait le d�placement, en particulier P. Poupard, (Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux); J. Glemp (Varsovie); A. Lpez Trujillo (Conseil pontifical pour la famille); et W. Kasper, (Conseil pour l'unit� des chr�tiens); on distinguait aussi J. Vannier (l'Arche) et E. Chacour (�v�que de Nazareth). Des personnalit�s de la la�cit� �taient aussi l�, ainsi que du monde politique (G. Napolitano, pr�sident de l'Italie) et Blaise Compaor�, pr�sident du Burkina-Faso, pays respectueux des diff�rences religieuses.

Seize panels r�unissaient des repr�sentants de chaque religion. Un th�me comme la situation au Liban a permis des confrontations int�ressantes, en pr�sence du ministre de la Culture, T. Mitri, et de repr�sentants des diff�rentes religions, y compris un sympathisant du Hezbollah. L'intervention du rabbin en chef d'Isra�l, Y. Metzger, a frapp� par son ouverture: il a condamn� les actions contre l'islam, telles que les caricatures de Mohammed; mais il attenda en retour que les musulmans reconnaissent le drame de la Shoah.

Le message �crit par le Pape est un jalon important de son pontificat; Beno�t XVI ne s'�tait en effet pas encore exprim� sur le sujet. Dans une lettre de 8 pages, envoy�e � l'�v�que d'Assise, qui en a fait la lecture en public, devant plus de deux mille personnes, il a lou� �l'initiative audacieuse et proph�tique� de Jean-Paul II et le �message vibrant en faveur de la paix� qu'elle constituait. Il a rappel� �les rencontres analogues r�alis�es annuellement par la Communaut� de S. Egidio�, ce qui �met en �vidence la valeur de l'intuition qu'eut Jean-Paul II et en montre l'actualit�. Il a soulign� que l'objectif de telles rencontres est fondamentalement la paix, qui doit caract�riser le sens de toute religion. La source est Dieu lui-m�me, qui est enti�rement amour et dont la r�v�lation culmine en J�sus-Christ, par lequel il se r�v�le � l'homme comme P�re et fait de tous les �tres humaines des fr�res. La mise en oeuvre est la pri�re pour la paix. C'est ce que Jean-Paul II a d�nomm� �l'esprit d'Assise�, a rappel� Beno�t XVI. Les conditions de validit�, c'est d'�viter �tout risque d'interpr�tation syncr�tiste�, comme disait d�j� Jean-Paul II. Cela suppose, a continu� Beno�t XVI en reprenant les mots de son pr�d�cesseur, qu'on �ne cherche pas � construire un consensus religieux en n�gociant entre elles nos convictions de foi�, ce qui conduirait au relativisme. C'est pourquoi, a-t-il ajout�, �il faut que la pri�re se d�roule selon les chemins distincts qui sont propres aux diff�rentes religions�, c'est-�-dire qu'il faut respecter la sp�cificit� de chaque tradition religieuse durant l'heure de pri�re.

A. Riccardi, fondateur de S. Egidio, a soulign� l'importance de l'art de la rencontre dans le monde d'aujourd'hui: �On ne peut simplifier le monde en amis et ennemis�. La concr�tisation de cet engagement est venue de la bouche de M�lissa Nagadya, qui a annonc� � l'assembl�e finale le cessez-le-feu sign� entre les parties en guerre au nord de son pays, l'Ouganda, gr�ce � l'aide de la Communaut� S. Egidio, quinze jours auparavant.

Jean-Pierre Delville