Comunità di S.Egidio


 

30/11/2006

L�actrice
Bianca Jagger
Celle qui fut une � jet-setteuse � va lancer ce soir l'illumination de l'Atomium contre la peine de mort.

 

J'ai assist� un jour � l'ex�cution d'un homme. C'�tait le 22 juin 2000 au Texas. Il s'appelait Gary Graham, il �tait noir et m'avait demand� d'�tre l�. A 17 ans, il a �t� accus� par un seul t�moin d'un crime qu'il a toujours ni�. Apr�s avoir pass� 19 ans dans les couloirs de la mort, et alors que de nombreux t�moignages l'innocentaient, il a finalement �t� ex�cut� : George W. Bush, qui �tait gouverneur, n'a pas fait un geste pour lui. Assister � cette ex�cution a �t� pour moi une exp�rience r�voltante et bouleversante. Une ex�cution, c'est toujours un acte de barbarie. Mais ex�cuter un innocent, c'est commettre un meurtre. � Six ans apr�s ces faits, Bianca Jagger tremble encore d'�motion lorsqu'elle raconte ce qui est arriv� � Gary Graham.

Beaucoup se souviennent de Bianca Jagger comme d'une tr�s jolie jeune femme qui, apr�s avoir �pous� Mick Jagger au d�but des ann�es 70, devint une � party-girl � tr�s active. Eg�rie d'Andy Warhol, habitu�e des folles nuits du Studio 54, c�l�bre bo�te new-yorkaise, elle eut, m�me apr�s son divorce avec le chanteur des Rolling Stones, une vie assez rock and roll.

Son engagement profond en mati�re de d�fense des droits humains est moins connu du grand public. Depuis plus de vingt ans pourtant, la belle Bianca parcourt le monde avec courage, d'un drame � l'autre, pour apporter son soutien aux populations maltrait�es. Elle a commenc� en 1981 : lors d'une visite dans un camp de r�fugi�s salvadoriens au Honduras, elle s'est trouv�e nez � nez avec un escadron de la mort qui enlevait des r�fugi�s, probablement pour aller les ex�cuter au Salvador. Avec les autres membres de la d�l�gation, elle d�cide de poursuivre ces hommes en armes, les mena�ant de t�moigner de leurs agissements. Et les otages sont finalement lib�r�s.

Cet �v�nement est un d�clencheur : elle va consacrer son �nergie � d�fendre les civils broy�s par des gouvernements sans scrupule. Elle s'engage aux c�t�s d'Amnesty International et de Human Rights Watch, et encha�ne causes et missions : d�fense de l'habitat des Indiens en Am�rique du Sud, enqu�te sur les viols syst�matiques perp�tr�s durant la guerre par les forces serbes contre des femmes bosniaques, �vacuation d'enfants bosniaques ayant besoin de soins m�dicaux. Elle s'occupe personnellement pendant un an d'un petit Mohamed, op�r� � New York avant de retrouver ses parents en Bosnie.

Au milieu des ann�es 90, elle signe, � la demande d'Amnesty, une p�tition demandant la cl�mence pour une condamn�e � mort, Guinevere Garcia. Bianca Jagger, apr�s de nombreuses autres d�marches, demande personnellement au gouverneur de l'Illinois de commuer la sentence de mort en une peine de prison. Il accepte. Et Bianca est nomm�e � Abolitionniste de l'ann�e 1996 � par la Coalition nationale pour l'abolition de la peine de mort. Elle s'occupe personnellement d'autres cas, comme ceux de Karla Fay Tucker, qui fut abus�e enfant et �tait accus�e d'un crime qu'elle aurait commis lorsqu'elle avait 16 ans, ou de Gary Graham : deux dossiers dans lesquels George W. Bush refuse tout geste de cl�mence. Pour son combat contre la peine de mort, Bianca Jagger est honor�e � de nombreuses reprises, et en 2003, le Conseil de l'Europe la nomme Ambassadrice de bonne volont� contre la peine de mort.

Tout aussi d�termin�e qu'�l�gante, Bianca Jagger, qui garde un c�t� star, est ces jours-ci � Bruxelles � l'invitation de la Communaut� Sant'Egidio, qui lance ce 30 novembre la journ�e � Villes pour la vie, villes contre la peine de mort �. Dans plus de 500 villes � travers le monde, un monument sera mis en lumi�re pour r�clamer la fin de la peine de mort. A Bruxelles, Mme Jagger activera � 18h l'illumination des boules de l'Atomium avant d'y donner une conf�rence, � 19h, dans la salle Prigogine.

� Bianca Jagger a clairement d�cid� de mettre la notori�t� acquise lors de son mariage avec Mick Jagger au service des causes les plus nobles : elle le fait avec beaucoup de s�rieux et un vrai sens de l'engagement �, commente un d�fenseur des droits humains.

Ce qu'on sait peu, c'est que Bianca est n�e Perez-Mora Macias au Nicaragua : � C'�tait l'�poque de la dictature Somoza, qui a dur� 43 ans. Je sais ce que c'est de vivre dans un pays opprim� par un tyran. De plus, quand j'avais 10 ans, mes parents ont divorc� et j'ai v�cu avec ma m�re, qui subissait une triple discrimination : comme femme, comme divorc�e, et parce qu'elle devait travailler pour nous faire vivre. Pour moi, discriminations et injustices ne sont pas des concepts intellectuels : je les ai v�cues. Heureusement, j'ai eu la chance d'obtenir une bourse pour �tudier les Sciences politiques � Paris. Et aujourd'hui, c'est pour moi un honneur d'�tre ici, pour cette campagne... �

V�ronique Kiesel