Il ne faut "rien faire ni dire qui puisse directement ou indirectement compromettre l'application de l'accord d'Ouagadougou (et) avoir foi dans cet accord (...). Je veillerai � (son application). Il est temps qu'on aille � l'essentiel. Il est temps qu'on aille aux �lections".
Au cours d'une allocution t�l�vis�e d'une quinzaine de minutes, vendredi 9 mars, le pr�sident ivoirien Laurent Gbagbo s'est fait le chantre de l'accord de paix sign� le 5 mars avec le chef des rebelles des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, � l'issue d'un mois de "n�gociations directes" � Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso. "Nous allons nous mettre au travail pour appliquer l'accord qui (devrait) ramener la paix en C�te d'Ivoire." Un "�chec", a ajout� le chef de l'Etat, serait "catastrophique", car "toutes les voies de recours tant ext�rieures qu'int�rieures (ont �t�) �puis�es".
M. Gbagbo a constat� que, depuis qu'il avait propos� "un dialogue direct" � ceux qui ont tent� en septembre 2002 de s'emparer du pouvoir, un climat nouveau s'est instaur�. Ses adversaires se sont gard�s de "tout propos hostile", a-t-il not�. Et les "rebelles" d'hier sont devenus "nos fr�res qui ont pris les armes".
Dans son intervention, entrecoup�e d'images de la signature de l'accord, le pr�sident s'est f�licit� de ce que les n�gociations avaient �t� men�es par des Africains et par eux seuls : "Ils viennent d'administrer au monde entier la preuve que l'Afrique a les ressources n�cessaires pour r�gler ses conflits." Ont donc �t� remerci�s le pr�sident du Burkina-Faso, Blaise Compaor�, pour son r�le de "facilitateur", et le pr�sident sud-africain, Thabo Mbeki, un temps m�diateur. En revanche, si la communaut� chr�tienne Sant'Egidio a �t� lou�e pour son "action discr�te", la France et les Nations unies ont �t� ignor�s.
D�cid� � mettre � profit la prochaine "lev�e de la zone de confiance" - sorte de ligne de d�marcation qui coupe le pays en deux - pour se rendre dans le Nord, M. Gbagbo s'est efforc� de faire comme si l'accord de paix, assorti d'un calendrier pr�cis, mettait un point final � la crise.
Or de nombreux points restent en suspens. Notamment ceux qui concernent le cadre institutionnel, qu'il s'agisse de la r�partition des responsabilit�s entre le pr�sident et le prochain gouvernement (nomm� dans quelques semaines), le contr�le de l'arm�e, le fonctionnement de la justice, l'impartialit� des m�dias publics... "Certes, on a avanc�, mais, l�-dessus, on a bott� en touche pour mieux en parler ensuite. Il faudra du temps pour fixer les r�gles du jeu", explique Louis Dacoury-Tabley, le chef des n�gociateurs c�t� "rebelles".
Jean-Pierre Tuquoi
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