02/05/2013
Amérique centrale : répondre à la violence diffuse en commençant par les jeunes
Dans différentes régions du monde, la Communauté de Sant’Egidio est confrontée à la croissance de la violence diffuse. D'après les statistiques, les Etats d'Amérique centrale - en particulier El Salvador et le Honduras - sont les plus violents du monde. Le nombre des homicides commis dans ces pays a dépassé le nombre total de morts causées par les guerres civiles des années 1980 et 1990. A El Salvador, on compte 79 homicides par an pour 100 000 habitants, au Honduras 92, tandis qu'en Italie - pour donner un ordre d'idée - le chiffre est de 1,1 homicides, toujours pour 100 000 habitants.
Le lien semble évident entre le commerce de la drogue et l'augmentation de la violence dans la région, tout comme l'impact de l'exclusion sociale et des inégalités. Mais il ne faut pas sous-estimer le rôle joué par une mentalité héritée des conflits de deux, voire trois décennies : la seule manière de résoudre les difficultés semble être le fait de recourir aux armes et de faire valoir la loi du plus fort.
C'est contre cette mentaltié qu'œuvre la Communauté de Sant’Egidio en Amérique centrale. C'est bien dans cette perspective que sa présence aux côtés des enfants grandit. Sa proposition de formation humanisante pour les adolescents et pour les jeunes s'est davantage formalisée. On investit aussi sur la proximité avec ceux qui, adultes, ont été séduits par la violence et recherchent difficilement une issue.
A El Salvador, de nouvelles écoles de la paix ont été ouvertes dans des quartiers périphériques et de nombreux jeunes lycéens s'y engagent pour apporter instruction et éducation à la paix et à la légalité, dans des contextes où ce type de sujets sembleraient trop difficile à aborder. C'est le défi que Sant’Egidio relève au Salvador depuis les débuts de sa présence dans ce pays, c'est le rêve de rachat et d'humanité porté pendant des années, avec passion, par un jeune de la Communauté d'Apopa, William Quijano, tué par les maras - ainsi que l'on nomme les bandes de jeunes - en septembre 2009.
Le travail de Sant’Egidio n'est pas seulement préventif. Il s'agit aussi de recoudre un tissu déchiré, d'apporter une parole de réconciliation à ceux qui se sont laissé prendre dans la spirale incontrôlable de la violence. Certains adultes de la Communauté se rendent régulièrement dans la prison de San Salvador, pour distribuer de la nourriture, des vêtements, du savon et pour dialoguer avec les détenus, leur indiquant la possiblité d'un avenir différent pour eux une fois leur peine purgée.
Au Honduras aussi, Sant’Egidio cherche à être présente dans les quartiers les plus violents. Sur les murs des écoles de la paix, les peintures murales, qui rappellent les thèmes de la paix et de la non violence, signalent d'emblée et avec force que vivre dans un climat totalement différent du climat véhiculé par la mentalité courante est possible.
Le Mexique enfin. A Mexico, dans cette agglomération urbaine qui semble ne pas avoir de fin, dont les défis sont apparemment trop grands pour être affrontés, la proposition des écoles de la paix s'élargit - actuellement au nombre de quatre dans la ville : Santa Julia, avec les enfants des rues, puis Santa Ursula, Pueblo Quieto et Olivar del Conde. Ce sont des quartiers pauvres, où se diffuse la petite criminalité liée au narcotrafic. Les adolescents sont la proie facile des bandes, et la familiarité des enfants avec les armes est surprenante.
Avec patience, avec eux tous, il faut construire un nouveau sentiment de famille. Avec des paroles de paix, d'amitié, de confiance. Une appartenance et un climat familial qui vainquent la peur et l'agressivité, qui construisent, à partir des plus petits, une réponse au grand problème d'un monde dur et violent.
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