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Famille Chretienne

25 Květen 2009

Andrea Riccardi : « Nous avons besoin d’un patriotisme européen ! »

 
verze pro tisk

Célèbre pour ses actions en faveur de la paix dans le monde, la communauté Sant’Egidio voit aujourd’hui son fondateur, Andrea Riccardi, décoré du prix international Charlemagne le 21 mai dernier. Une distinction reçue par le passé par des piliers de la construction européenne, comme De Gasperi ou Adenauer. Ce chrétien convaincu, réaliste et actif, en appelle à la « construction des Européens ». Propos recueillis en exclusivité pour Famillechretienne.fr par Samuel Pruvot et Maylis Guillier.

Andrea Riccardi, fondatore della Comunità di Sant'EgidioLes sondages annoncent des records d’abstention le 7 juin. Croyez-vous vraiment que les Français n’iront pas voter s’il fait beau ?

Cela est certain ! Quand on s’intéresse à l’Europe, c’est souvent pour les résultats nationaux. On ne va pas résoudre ce problème en quinze jours. Il faut d’abord bâtir les Européens. Quand on a fait l’Italie, le premier ministre de l’époque – le comte de Cavour – a déclaré : « l’Italie est faite, il faut maintenant bâtir les Italiens ! » L’Europe est inachevée. Même si nous sommes plus européens que nous ne le pensons. Les idées circulent, les modèles aussi. Je vois mes étudiants qui reviennent d’Erasmus avec une fiancée algérienne, citoyenne française, connue lors d’un séjour à Strasbourg ou à Paris ! Si vous prenez l’avion Rome-Paris, vous voyez des gens qui vivent entre les deux capitales. Trois cents vols par semaine relient l’Italie et la Roumanie ! C’est l’Europe dans les faits mais pas dans la culture et la conscience. Quand je viens à Paris, je n’ai pas le sentiment d’être à l’étranger.

Comment unir les Européens autour d’un projet politique ?

Je crois qu’il faut trouver la manière de communiquer. L’Europe ne dédie rien à la communication ou trop peu. Nous sommes dans l’époque de grands communicateurs, penser à Berlusconi, il parle toujours au pays ! Et quelle grande figure européenne parle aux européens ? L’Europe, c’est comme dans les familles d’autrefois… La mère était toujours présente mais le père souvent absent ; il venait parfois à la maison pour dire : « les enfants, il faut étudier ! »

Vous venez de recevoir le prix charlemagne le 21 mai à Aix-la-Chapelle. Vous êtes devenu un people européen ?

Ce prix est un peu une surprise car il est habituellement décerné à des personnalités politiques. La seule exception à la règle était Frère Roger de Taizé. Cela constitue une reconnaissance, non pas seulement pour moi-même, mais aussi pour tout le travail réalisé par  la communauté de Sant’Egidio. C’est une confession de la valeur du spirituel et de l’amour des pauvres, au cœur de l’Europe. Aujourd’hui, je pense à mon compatriote De Gasperi qui avait désiré être mis dans son cercueil avec les insignes du prix Charlemagne…

Pourquoi les chrétiens étaient-ils présents au départ de la construction européenne ?

L’histoire leur a montré que les deux dernières guerres européennes étaient devenues deux guerres mondiales ! Les chrétiens ont beaucoup souffert et la papauté n’a pas manqué de s’exprimer contre la guerre. Au départ, le rêve de la construction européenne était de bâtir une paix durable, une paix qui aurait quelque chose de mondial. À ce propos, je suis touché par le fait que Pie XII – qui passe pour un pape très identitaire – a choisi de soutenir avec ardeur l’Europe naissante, celle des laïcs et des protestants. Il aurait pu opter pour un concept latino-catholique – France-Espagne-Italie –, mais il a soutenu l’autre Europe. Pie XII a choisi une Europe plurielle.

Pourquoi les chrétiens donnent-ils souvent l’impression de déserter l’Europe ?

Beaucoup de chrétiens ont peur de l’Europe. Ils pensent que l’Europe peut porter, au niveau de la société et de la famille, des modèles encore pires que ceux qui ont cours dans leur pays. Bien entendu, il y a des problèmes. Il faut le reconnaitre, ne pas le cacher ! Nous avons une conception différente de l’homme et de la vie. En même temps, il faut une vision plus large car je suis convaincu que, sans l’Europe, nous risquons de perdre nos valeurs chrétiennes et laïques. Notre monde manque de vision, il n’a pas de profondeur historique, pas de futur. Nos débats ressemblent à des cris. On vit au jour le jour. Le problème qui semble aujourd’hui menacer le monde sera oublié dès demain ! Les chrétiens doivent regarder les choses avec un peu de prospective. Devant la Chine ou l’Inde, devant ces géants de la globalisation, que sera la Belgique ? Quel sera le poids des Pays-Bas ou de la France ? Vous savez, je viens régulièrement en France depuis quarante ans… Je vois le changement. La France est toujours un pays riche, mais elle semble de plus en plus petite comparée au monde.

La France est devenue une province du monde ?

Dans mon expérience, la France, a été au contraire une école d’universalité, y compris au niveau catholique et œcuménique. Je pense par exemple à un Olivier Clément qui a été mon grand ami, un homme qui a réalisé l’union de l’Europe des deux poumons ! Malheureusement aujourd’hui, les ambitions sont plus modestes. Notre influence ne dépend pas uniquement du nombre mais de notre vision. Je voudrais insister sur ce thème. Comme dans le domaine de la foi, l’homme a besoin d’une icône, d’une vision qui incarne son espérance. Ces visions sont les icônes contemporaines, des icônes laïques. Je ne crois pas qu’il faille cultiver la nostalgie de la période du pré-concile où tout semblait plus vivant. Je n’ai pas de nostalgie ! Nous ne devons pas trop vite parler de décadence. C’est l’histoire ! L’Europe est devenue plus petite, elle a moins de possibilités, mais elle est devenue plus riche ! Nous avons des chances énormes pour l’avenir ! Des gisements culturels, à Paris, Londres, Rome. Nous sommes au centre d’un formidable réseau.

L’Europe ne doit-elle pas protéger ses acquis menacés par la globalisation ?

Nous devons nous méfier de la tentation d’une Europe forteresse. Regardez les discours sur l’immigration en Italie : « L’Italie est un pays qui deviendra musulman, on construira une mosquée à Saint-Pierre-de-Rome ! ». En réalité, l’Italie est devenue orthodoxe. Nous avons accueilli plus de 1 200 000 orthodoxes chez nous, en l’espace de dix ans ! Le gouvernement italien continue de renvoyer les bateaux avec leurs clandestins. En même temps, je suis un homme réaliste. L’Europe ne peut pas devenir l’asile de toute la planète.  Mais nous avons des règles à respecter. Ce n’est pas être gauchiste de le dire, c’est simplement respecter la loi ! Nous payerons cette attitude… Nous payerons les dettes de l’Afrique ! Travailler au développement de ce continent est l’urgence de l’Europe.  « Mon rêve, c’est Eurafrique » disait Senghor. C’est aussi le mien. Senghor était un grand chrétien, un grand Africain et aussi un grand homme de culture française, sinon vous ne l’auriez jamais pris à l’Académie !

Politique et engagement chrétien ne font plus bon ménage. Faut-il en conclure que la politique n’est plus assez noble ?

Plusieurs fois, on m’a sollicité pour entrer en politique. Dernièrement, on m’a demandé de me présenter pour les élections européennes ou d’être candidat pour la mairie de Rome ! La politique n’est pas sale, mais c’est autre métier, une autre vocation, un autre service. Il y a peu de chrétiens en politique à l’échelle de l’Europe ; ils ne sont pas plus nombreux en Afrique… Il faut des laïcs en politique. Nous avons besoin d’eux pour refonder une culture politique. C’est l’enjeu principal.

Qu’est ce qui fait défaut à la politique européenne ?

Je crois que nous avons trop souvent cédé devant le mercantilisme. Nous continuons de parler du marché comme providence. On se dit : « Mieux vaut se confier au marché qu’à Dieu ! »

La prochaine encyclique sociale de Benoît XVI aura-t-elle un impact sur l’Europe des vingt-sept ?

Notre Europe, du point de vue social,  est quand même différente des autres pays capitalistes. La particularité vient du fait des mouvements socialistes et des mouvements catholiques. Nous avons le système de retraites, la santé pour tous, etc. Tout cela provient de grands courants anticapitalistes qui sont devenus ensuite réformateurs

Comment défendre l’idée, en Europe, de points « non négociables », comme la défense de la vie ?

Benoît XVI parle ici de questions limites. Il explique aux catholiques qu’il existe des points non négociables. J’affirme avec lui que les catholiques doivent défendre la vie. Je veux dire la vie naissante et la fin de vie. Je suis par exemple stupéfait quand les médias montent en épingle quelques cas d’euthanasie en oubliant la pratique réelle. On abandonne en Europe des centaines de milliers de vieillards seuls et sans aide ! Nous gaspillons des vies. C’est un thème sur lequel la communauté Sant’Egidio travaille énormément. Je le répète, il faut inventer une nouvelle culture politique, pas des dogmes politiques ! Le problème de la vie est donc capital. Mais attention. Nous, catholiques, ne devons pas nous réveiller uniquement sur les débats touchant à l’avortement ou à l’euthanasie. Nous avons aussi des idées sur la vie sociale, sur l’économie. Nous avons des réponses sur les questions limites. Cela ne doit pas nous faire oublier les questions de société ou la politique internationale.

Le pluralisme politique des catholiques n’est-il pas une faiblesse ?

Il y a une différence entre dispersion et pluralisme. La dispersion, c’est être vidé de ses forces, sans prise avec les réalités. Le pluralisme, c’est être capable d’avoir ses positions tout en restant avec les autres. Les communautés chrétiennes ont des idées, elles dialoguent, elles parlent, elles dénoncent. Je ne redoute pas l’Église quand elle intervient dans l’espace public. La laïcité est une grande histoire. Difficile, mais grande. Il s’agit d’une idéologie patriotique, d’un sens de l’État. Elle a été aussi une religion, une idéologie nationale qui a fait vivre et mourir des hommes en les envoyant à la guerre. La laïcité a pu être une force contre l’Église catholique. Mais tout cela est un peu dépassé. Il faut rebâtir les identités nationales. Je trouve le dialogue entre le pape et Sarkozy très intéressant. Je pense que la laïcité est un chantier ouvert, pas un dogme.

Les Européens n’ont-ils pas un problème d’identité ?

Comment faire renaître le sentiment européen ? C’est justement le problème ! Nous savons que l’Europe influence notre vie mais nous faisons comme si elle n’existait pas. Nous ignorons les décisions et les travaux du parlement... L’Europe a besoin de rites de fraternité. Si le président allemand vient à Paris, il y a un rituel pour signifier l’amitié franco-allemande. Mais pour l’Europe, quel est le rituel ? Le visage de M. Barozzo ? Nous avons besoin d’un patriotisme européen ! Cela est vital. Sinon les petits navires nationaux, pris dans les grands ravages de l’histoire, seront perdus.


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