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6 Septembre 2009 17:00 | Auditorium Maximum

Contribution



Henri de Luxembourg


Grand-Duc de Luxembourg

Discours de SAR le Grand Duc à l'occasion du dialogue interreligieux de la Communauté Sant'Egidio


               
L'esprit d'Assise à Cracovie

 

Cracovie, le 6 septembre 2009


Monsieur le Président de la République de Pologne,
Excellences,
Eminences,
Mesdames, Messieurs,

En contemplant cette assemblée faite des plus grandes personnalités  religieuses, spirituelles et morales, je mesure le privilège qui m’est accordé aujourd'hui de m’exprimer à cette tribune.

Mais je saisis plus encore la lourde responsabilité qui est la mienne, en me retrouvant avec vous à Cracovie, ville d’adoption de Jean-Paul II et haut lieu de la civilisation européenne, en ces journées de commémoration exceptionnelles.
En effet, il y a 70 ans, jour pour jour, c’était bien le 6 septembre 1939, la ville de Cracovie voyait l’entrée des troupes d’occupation de l’Allemagne nazie.
Les funestes semaines qui suivent la conclusion du pacte germano-soviétique d’août 1939 font basculer le monde dans l’horreur. Rien n’a pu arrêter cette guerre devenue tout d’un coup inéluctable. L’invasion de la Pologne au petit matin du 1er septembre donne le coup d’envoi au conflit le plus terrible qu’ait connu l’humanité. Autant le premier conflit mondial en 1914 semblait être né par accident, par un concours de circonstances imprévu et tragique, autant le destin de l'Europe paraît cette fois-ci dominé par des forces irrépressibles qui la conduisent vers l'abîme.
C'est que les idéologies totalitaires ont pris le pouvoir sur le continent, des idéologies mortifères, qui éradiquent toute dimension humaine au profit de systèmes collectifs aberrants et matérialistes.
Ce qui deviendra la seconde guerre mondiale ne se résume pas à une lutte sans merci et sans équivalent entre des puissances économiques et militaires, ce seront surtout des massacres de populations civiles, des déportations, des exterminations d'innocents, la Shoah, c'est enfin le combat du monde libre contre la barbarie.
A la Pologne qui a payé un tribut insupportable lors de cette guerre, par l'exécution de ses militaires, le massacre de ses habitants et l'extermination de pratiquement tous les Polonais d'origine juive, je voudrais dire toute mon émotion, ainsi que celle de mes concitoyens. La cérémonie du 60ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, lieu, où l'irréparable a été commis par des hommes contre le genre humain, m'a marqué d'une empreinte indélébile. J'y ai assisté en janvier 2005 ensemble avec beaucoup d'autres Chefs d'Etat et de gouvernement. Mardi matin nous aurons tous l'occasion de nous recueillir sur ce lieu de mémoire tragique.
Devant toutes ces atrocités, devant cette folie érigée en système, il y avait de quoi perdre toute foi dans l'humanité. Mais la force brutale du totalitarisme posait aussi la question de la place de l'homme dans l'histoire.
Privé de toute liberté et de toute marge de manœuvre, otage en quelque sorte d'un système tout puissant, l'être humain n'était-il finalement pas condamné à subir les événements?
L'histoire, tragique pour l'essentiel, n'était-elle pas écrite d'avance, en se jouant des hommes?
A cette interrogation existentielle, les pères fondateurs de l'Europe au cours de la deuxième moitié du XXème siècle ont fourni la réponse la plus éclairante. Le chancelier de l'Allemagne, Konrad Adenauer a notamment fait le pari inverse en décrivant "l'histoire comme le total des choses qui auraient pu être évitées". Il a mis avec d'autres, comme Schuman, Monnet, de Gasperi ou Bech, toute son énergie à construire les bases d'une paix durable entre les anciens ennemis irréductibles. Il fallait beaucoup de courage, de persévérance et de foi aussi -puisque la plupart des pères de l'Europe étaient imprégnés des principes chrétiens- pour reconstruire matériellement et moralement sur les champs de ruines de 1945. L'objectif était de taille: rendre impossible ce qui hier encore paraissait inévitable.
Voilà à mes yeux le plus beau succès de l'Europe: avoir démontré que non seulement la guerre n'est pas une fatalité, mais qu'il appartient aussi à l'homme de dépasser son horizon et de changer le cours de l'histoire par de nouvelles méthodes. Nous Européens, pouvons être très fiers de cette aventure collective, qui est devenue emblématique dans le monde.
Lorsque nous nous réjouissons tant de nous retrouver tous ensemble en Pologne, dans cette ville magnifique de Cracovie, c'est un peu un autre "miracle" que nous célébrons.
S'il y a un peu plus de vingt ans quelqu'un avait dit à la population polonaise que le continent européen allait bientôt se réunifier et que leur pays compterait comme un des acteurs importants de l'Union européenne, il aurait au mieux été catalogué comme un doux rêveur. La réalité a pourtant dépassé le rêve.
La Pologne, comme ses voisins d'Europe centrale et orientale, a pleinement rejoint la famille européenne. Un des siens, M. Jerzy Buzek préside maintenant une institution européenne déterminante. Elle est redevenue pleinement maîtresse de son destin et cela dans le cadre d'un projet qui dépasse ses propres frontières.
Le cheminement vers la liberté qu'a connu la Pologne ne fut pas sans heurts. Il c'est cependant accomplit pratiquement sans déchainement de violences. Des hommes d'exception l'ont accompagné. Je ne puis les évoquer tous.
Mais comment ne pas saluer en premier l'action et l'oeuvre du plus illustre des Polonais contemporains, à savoir Jean-Paul II, qui fut l'archevêque de Cracovie pendant tant d'années et dont le flambeau est aujourd'hui repris avec fidélité par le cardinal Dziwisz?
Le courage qu'il insuffla dans les cœurs des populations d'Europe orientale et au-delà eut des effets incalculables. La liberté se gagne d'abord dans les têtes. Un mouvement de fond se mettait en marche. Le syndicat Solidarnosc, avec à sa tête Lech Walesa, en fut le fer de lance.
Plus rien ne pourra l'arrêter, car l'oppression ne peut durer qu'un temps. Le philosophe Pascal est réputé avoir dit qu'il aimait bien les choses qui vont ensemble. L'Europe occidentale, centrale et orientale, toutes ces parties sont aujourd'hui rassemblées. C'est malgré les insuffisances chroniques et les difficultés quotidiennes que vit notre continent un constat plein d'espoir en ce début du XXIème siècle.
Mesdames et Messieurs,
au printemps dernier j'eus l'infini plaisir d'assister à Aix la Chapelle à la remise du prix Charlemagne au professeur Andrea Riccardi. Ce prix qui compte parmi les plus prestigieux est décerné à des personnalités qui se sont illustrés de façon marquante pour l'unification européenne et l'entente entre les peuples.
Ainsi, pour le professeur Riccardi, sa personne et la collectivité qu'il incarne si bien, la Communauté de Sant' Egidio ne font qu'un: l'un ne s'imagine pas sans l'autre. M. Camdessus, qui m'a précédé avec tant de talent à cette tribune, nous expliqua dans sa "laudatio" que M. Riccardi préfère de loin que l'on parle de sa Communauté que de lui-même.
D'où tirent-ils leur force, cette énergie qui permet de soulever des montagnes?
Par leur fidélité aux messages des Evangiles d'abord, mais aussi par la certitude qu'il est possible et même nécessaire de changer le monde. Je cite M. Camdessus à ce propos:
"Andrea Riccardi et la Communauté Sant’Egidio prennent au pied de la lettre, en effet, le leitmotiv du Ressuscité : « La paix soit avec vous tous ! ». Ils le déclinent dans l’amitié des pauvres, leur contribution à la résolution des conflits et le soutien du dialogue interreligieux. Sur chacun de ces terrains, cet engagement pour la paix accomplit des miracles, illustrant à merveille les mots d’Annah Arendt pour qui « il entre dans les facultés de l’homme d’accomplir des miracles », brisant ainsi les déterminismes établis."

La Grande-Duchesse a pu se rendre compte récemment au Burundi de l'immense travail qu'accompli la Communauté Sant' Egidio notamment dans les prisons où sont enfermés de nombreux enfants et au niveau de la réinsertion des enfants soldats dans la société. Mon épouse a une immense estime et une affection toute particulière pour votre organisation si efficace et pourtant si discrète cher professeur Riccardi. Ne pouvant être présente pour ces journées, elle le sera en pensées et en prières.

Beaucoup l'on dit avant moi, les Européens ont aujourd'hui une responsabilité toute particulière, une mission même. L'acquis considérable de six décennies de paix mérite d'être défendu à tout prix, mais ce seul objectif ne saurait se suffire à lui-même. L'Europe d'aujourd'hui se doit maintenant d'être un exemple aux autres et pour les autres.

Un exemple, en puisant à l'intérieur d'elle-même les valeurs morales et spirituelles qui fondent la civilisation européenne et sa conception de l'homme. Un exemple en contribuant avec d'autres à montrer le chemin de la paix, du progrès et de la fraternité.

Je demeure convaincu que ces journées de dialogues des religions et des cultures à Cracovie, dans le droit fil de l'esprit d'Assise initié par Jean-Paul II il y a vingt ans, constituent une étape essentielle vers un monde de paix. Voilà pourquoi je voudrais remercier du fond de cœur l'archevêque de Cracovie, Cardinal Dziwisz et son équipe pour l'immense travail qu'ils ont effectué. Ma gratitude ira également à la Communauté de Sant' Egidio qui avec une ferveur sans pareil renouvelle le tour de force de réunir chaque année en une ville symbole les représentants des grandes religions mondiales. Permettez-moi aussi de saluer tous ceux qui viennent d'autres continents, car leur propre vision d'un objectif qui nous est commun à tous nous importe au plus haut point.

Parce que la religion est d'abord ce qui lie et relie les hommes, ces journées de dialogue et de compréhension entre les confessions sont un rendez-vous marquant pour chacun de nous.

Pris individuellement nous en ressortons rassérénés sur la vertu de notre engagement. Sur un plan plus collectif, la concorde entre les religions est un message essentiel adressé à l'humanité: face aux défis de ce monde actuel, leur raison d'être est d'unir, non de diviser.

Je vous remercie.

 


Cracovie 2009

La salutation du pape Benoît XVI à l'Angelus


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