15.01.02
Safiya,
Nig�riane condamn�e � mort pour adult�re
Depuis
qu'un tribunal islamique l'a condamn�e � mort par lapidation pour
"adult�re", en octobre 2001, le sort de Safiya Husaini a �mu et
mobilis� le monde. M�me si toute menace d'ex�cution de la sentence est
en fait �cart�e depuis la mi-novembre son cas ne manque pas de
rebondissements.
Lundi 14
janvier, devant une cour d'appel islamique, les dix avocats de Safiya
Husaini, 35 ans, sont revenus sur la d�fense de leur cliente, jug�e pour
avoir donn� naissance, il y a onze mois, � une fille hors mariage � ce
qui, de la part d'une femme divorc�e, est assimil� par la charia � une
preuve d'adult�re. Ils ont soutenu que Safiya Husaini n'aurait pas �t�
viol�e, mais aurait con�u l'enfant avec son troisi�me mari, dont elle
est s�par�e depuis 1998. Or, selon la loi coranique, une femme a le droit
d'avoir des enfants avec son ex-mari dans les sept ans suivant la rupture
de leur union.
La d�fense,
en partie prise en charge par le gouvernement f�d�ral du Nigeria, hostile
� l'application du code p�nal islamique dans les treize Etats du Nord qui
l'ont adopt� depuis deux ans, a aussi fait valoir que la loi ne pouvait
pas s'appliquer r�troactivement. Or, dans l'Etat du Sokoto, dans le
nord-ouest du Nigeria, la charia n'a �t� introduite qu'en janvier 2001.
Confront� � ces nouveaux arguments, le grand cadi pr�sidant la cour a d�cid�
de renvoyer l'affaire au 18 mars, "apr�s le mois du grand p�lerinage
� La Mecque".
La veille
du proc�s en appel, dans une interview � l'AFP, Safiya Husaini s'en �tait
encore tenue � la version qui avait �t� la sienne depuis sa condamnation
en premi�re instance, sans avocat de d�fense.
R�p�tant
que c'�tait un "vieil ami de son p�re" qui avait abus� d'elle,
la femme, mari�e pour la premi�re fois � l'�ge de 12 ans, avait affirm�
: "Je n'ai jamais consenti � ces relations sexuelles. J'ai �t� forc�e."
Elle avait ajout�, reconnaissante : "J'appr�cie le soutien que l'on
m'apporte dans le monde entier."
De
soutien, en effet, elle n'a pas manqu�. D�s novembre, un mois apr�s sa
condamnation, la communaut� chr�tienne de Sant'Egidio a remu� l'Italie.
La nuit de No�l, plus de 3000 manifestants, bougies et torches � la main,
ont d�fil� sous la fen�tre de l'ambassadeur du Nigeria � Rome. G�nes a
fait de Safiya Husaini sa "citoyenne d'honneur" et la diplomatie
italienne a fait des d�marches officielles. Le minist�re grec des femmes
a �galement protest� contre "cette d�cision inhumaine". En
France, le Quai d'Orsay s'est born� � un appel � la "cl�mence",
mais du Th��tre du Soleil � France-Inter, en passant par de tr�s
nombreuses associations, la mobilisation a �t� forte. Vendredi 11 janvier,
le journal L'Humanit� a consacr� sa "une" � Safiya Husaini,
expliquant : "Cette femme peut �tre ex�cut�e du jour au lendemain."
assistance juridique
Pourtant,
d�s le 15 novembre, le gouvernement f�d�ral du Nigeria s'est
publiquement engag� � emp�cher l'ex�cution de cette femme condamn�e �
mort pour avoir donn� la vie � un enfant. Alors r�fugi�e au Niger,
Safiya Husaini n'est d'ailleurs revenue qu'� cette condition : b�n�ficiant
de l'assistance juridique du gouvernement central, elle pourra s'adresser
en dernier recours � la Cour supr�me � Abuja, qui n'applique pas la loi
islamique. Cette possibilit� n'�tait pas offerte � Sani Yakubu. Assassin
d'une pharmacienne, qu'il avait poignard�e avant de trancher la gorge de
ses deux jeunes enfants, il a �t� pendu, le 3 janvier � Kaduna. C'�tait
la premi�re sentence capitale ex�cut�e dans le nord du Nigeria au nom de
la charia.
"Je
peux le garantir : Safiya ne sera pas lapid�e, a d�clar� au Monde, lundi,
l'ambassadeur du Nigeria � Paris, Edward Aina. J'ai beaucoup de sympathie
pour tous ceux qui se solidarisent. Je leur donnerai des visas gratuits s'ils
veulent rendre visite � Safiya et, par la m�me occasion, mieux se
familiariser avec les r�alit�s de mon pays."
Stephen
Smith
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