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NO alla Pena di Morte
Campagna Internazionale

Comunità di Sant'Egidio

 

Comunit� di Sant'Egidio

Bruxelles, 25 marzo 2004. ore 20. Tamara Chikunova, fondatrice dell'associazione uzbeka 'Madri contro la Pena di Morte e contro la Tortura', far� una testimonianza durante la preghiera della sera, Notre-Dame en Finist�re, rue neuve.

 

Bruxelles, 25/3/2004. A 20h00, Mme Tamara Chikounova, fondatrice de l'association 'M�res contre la Peine de Mort et la Torture' en Ouzb�kistan, donnera son t�moignage pendant la Pri�re du soir, Eglise N.D. en Finist�re, Rue neuve.

 

Brussel, 25/3/2004. Om 20u geeft Tamara Chikunova, oprichtster van de Uzbeekse organisatie 'Moeders tegen de Doodstraf en het Martelen', een getuigenis tijdens het avondgebed, O.L.V. in Finisterraekerk, Nieuwstraat

 


Association �M�res contre la Peine de Mort et la Torture�

Tamara Chikounova vit � Tachkent, capitale de l�Ouzb�kistan. Son fils, Dimitri, condamn� � mort en 1999, a �t� fusill� le 10 juillet 2000. Il avait 29 ans. Tamara ne fut pas avertie de l�ex�cution. Elle n�a donc pas pu le saluer une derni�re fois. Apr�s la trag�die familiale qu�elle a v�cue,  Tamara a d�cid� de fonder l�association publique � M�res contre la Peine de Mort et la Torture ï¿½ avec d�autres femmes � qui, comme � elle, une ex�cution capitale a enlev� un enfant. Se sont jointes � elles d�autres personnes de diff�rentes professions et positions sociales, qui sont simplement contre la peine de mort et sont d�termin�es � partager avec courage son combat pour son abolition. � La peine de mort �soutient Tamara- est par essence g�n�ratrice de mal. Elle est la n�gation du droit et de la possibilit� de corriger une erreur judiciaire. Elle est un d�ficit d�humanit� dans les fondements de la soci�t� et de l�Etat. Elle porte en elle, non-seulement l�erreur, mais elle viole aussi le droit le plus �lev� et inali�nable de chaque homme : le droit � la vie ï¿½. Gr�ce � l��uvre et � la m�diation de son association, Tamara a contribu� � sauver la vie de divers condamn�s � la peine capitale. Elle a d� affronter pour cela de nombreux sacrifices personnels et d�passer de durs obstacles, dans un pays, l�Ouzb�kistan, o� la peine de mort est un secret d�Etat et o� les couloirs de la mort sont les lieux de l�oubli absolu : les familiers des condamn�s ne peuvent pas leur rendre visite, ils ne sont pas mis au courant de leur ex�cution et ils ne peuvent pas non plus conna�tre ensuite le lieu de leur s�pulture. On estime que, chaque ann�e, environ 200 d�tenus sont tu�s par l�Etat ouzbek. Mais, il s�agit de chiffres obtenus aux moyens de calculs de probabilit�s �tant donn� que ce pays d�Asie centrale ne fournit aucunes donn�es officielles � cet �gard.


Incontro Internazionale
Uomini e Religioni
Palermo 1-3 settembre 2002

Terzo Millennio senza pena di morte?

Tamara Chikunova
Human Rights Organization, Uzbekistan

Bonjour, chers Messieurs!

Je m�appelle Tamara Čikunova, je suis une m�re qui a perdu son fils parce qu�il a �t� condamn�, contre toute loi juridique et humaine.

Mon fils � Čikunov Dmitrij, n� en 1971 dans la ville de Berlin, russe, chr�tien, citoyen de la Russie � a �t� condamn� � la peine de mort le 11 novembre 1999.

Le 10 juillet 2000, sans que j�aie pu le rencontrer, ils l�ont fusill�.

En condamnant mon fils � la mort, ils m�ont condamn� � mort moi aussi, qui suis sa m�re.

Mais le jour o� j�ai rencontr� la Communaut� Sant�Egidio, mon �me morte a retrouv� la vie, parce qu�elle a rencontr� des fr�res et s�urs dans le Christ. Merci � vous tous parce que vous �tes l�.

C�est la deuxi�me fois que je viens vous voir, la premi�re fois, c��tait au printemps de cette ann�e.

Je suis fort touch�e par votre amour et votre compr�hension face � mon probl�me. La visite a �t� au-del� de toutes mes attentes. Mon c�ur s�est d�gel�. Vous et tous les membres de la Communaut� Sant�Egidio, vous avez fait fondre la glace de la m�fiance envers les autres. Votre foi en Dieu, votre travail plein d�abn�gation, m�ont rendu la vie, m�ont donn� plus de force dans mon travail. Vous avez partag� avec moi la chaleur de votre c�ur, sans aucun int�r�t de votre part. Je suis reconnaissante � Dieu de m�avoir fait rencontrer des personnes comme vous.

Je repr�sente ici l�Etat de l�Ouzb�kistan. C�est un �tat tr�s jeune, qui apr�s la d�claration de l�ind�pendance s�est dirig� vers la d�mocratie. En Ouzb�kistan, gr�ce aux personnes qui s�engagent pour faire changer la soci�t� � tous les niveaux, beaucoup de choses sont en train de se r�aliser. Mais nous avons de gros probl�mes dans plusieurs domaines.

Un de ces probl�mes dans la l�gislation, est l�existence de la peine de mort comme peine maximale. Mais cela n�est pas seulement un probl�me de l�Ouzb�kistan. Dans beaucoup d�autres pays aussi on utilise cette forme de peine qui est une offense pour tous les hommes, la peine de mort.

Un malfaiteur qui a commis un d�lit, qui est-ce ? Un extraterrestre tomb� du ciel, un robot programm� pour un d�lit? Non. C�est un membre de notre soci�t�, un citoyen de notre �tat. Mais au lieu de le comprendre, de comprendre sa pri�re, de comprendre ce qui l�a amen� � faire cela, nous le condamnons � la peine maximale.

N�est-ce pas l� une preuve de notre l�chet�, de notre manque de volont� de l�aider?

L�isoler de la soci�t�, le cacher dans une prison, et puis le tuer. Voil� comment nous raisonnons.

Le probl�me de la peine de mort en Ouzb�kistan est un probl�me de manque de compr�hension et d�absence de volont� de s�occuper du probl�me. L�organisation que je dirige rassemble des personnes de diff�rentes professions, qui proviennent de diff�rentes couches de la soci�t�. Beaucoup de ces personnes sont arriv�es chez nous parce qu�elles sont pass�es par la m�me douleur que moi, d�autres parce qu�elles n�acceptent pas la �peine de mort� comme moyen pour r�soudre le probl�me de la lutte contre la d�linquance. Nous avons parl� avec plusieurs personnes, mais souvent elles ne s�y int�ressent pas ou le probl�me les laisse indiff�rents. En effet, notre probl�me est un probl�me d�isolement, de division entre les personnes, de fronti�res, de distances, de langues diff�rentes.

M�me si nous vivons dans d�autres parties du monde, nous sommes tous confront�s aux m�mes probl�mes. Dans les diff�rents pays, que les gens soient riches ou pauvres, il leur manque souvent la spiritualit�. Et souvent ce n�est que quand la douleur nous y oblige, que nous nous adressons � Dieu pour lui demander de l�aide.

Mais cette situation n�est pas juste.

Les personnes qui travaillent dans le monde des affaires, travaillent de fa�on plus efficace quand on touche � leurs int�r�ts financiers. Alors, il n�y a plus de fronti�res, plus de barri�res linguistiques, il n�y a plus aucun obstacle.

Il faudrait apprendre � travailler ainsi. Pour les personnes qui portent la Parole de Dieu, il n�y a pas de barri�res. Et pour cela nous avons beaucoup de confiance en vous. Vous avez les possibilit�s et les forces et � ce qui est plus important � vous avez devant un public de personnes qui souffrent beaucoup du vide spirituel.

L�Ouzb�kistan est un �tat jeune sur la carte du monde. Notre gouvernement et notre pr�sident font beaucoup pour construire un �tat d�mocratique. Mais il y a seulement peu de personnes avec une vision progressiste.

Il faut lutter pour l��me de gens. Sinon le vide spirituel de l�homme sera vite rempli par d�autres id�es. Je veux dire des id�es exprim�es par le nationalisme ou le terrorisme, pour lesquelles d�ailleurs il n�existe pas non plus de fronti�res entre les �tats et qui ne manquent pas de moyens financiers pour arriver � leurs fins.

Voil� pourquoi il faut faire un petit effort pour se rencontrer. Il ne faut pas attendre, mais il faut aller � la rencontre des autres sans faire de calculs. Il faut se rencontrer plus souvent et les confessions religieuses doivent �tre les premi�res � faire cela.

L�Ouzb�kistan est un pays o� des personnes de diff�rentes confessions religieuses vivent les unes � c�te des autres, dans la paix et la concorde. Mais en Ouzb�kistan il y a beaucoup de probl�mes. La pr�sence de la peine de mort comme peine maximale, est une arme dans les mains de ceux qui s�ment discorde et inimiti� dans les �mes des gens. Mais cela n�est pas uniquement un probl�me de l�Ouzb�kistan.

Les �v�nements tragiques du 11 septembre ont d�montr� que les fronti�res entre les �tats, les peuples et les hommes sont illusoires.

Dans des livres religieux de diff�rentes tendances et langues, on retrouve une seule chose: Dieu a cr�� l�homme, l�Homme, et non pas le japonais, le chinois, le russe ou le juif. Dieu a cr�� l�homme, mais souvent les hommes s�approprient la responsabilit� de la vie ou de la mort des autres, qui ont pourtant �t� cr��s par Dieu.

Avons-nous le droit d�assumer les fonctions de Dieu?

Agissons-nous avec justice dans nos d�cisions, quand nous pronon�ons une condamnation?

Il n�y a pas de d�lits que les auteurs doivent payer de leur vie. Nous tous, habitants de la terre, sommes quelque part responsables. Cela est notre croix, et l�ex�cution d�une personne qui a commis un d�lit ne nous lib�re pas de cette responsabilit�, mais la rend plus importante.

Avec notre indiff�rence et notre cynisme nous nous sommes isol�s de cela, mais nous oublions de ce malheur peut un jour nous toucher ou quelqu�un de nos proches.

Avec les r�alisations dans le domaine de la science et de la technique, les hommes ont perdu ce qui est probablement la qualit� humaine la plus importante: la compr�hension r�ciproque et le respect envers tous les habitants de la terre.

Ne repoussons pas ceux qui font appel � notre piti�, mais tendons-leur la main, pour qu�ils trouvent de l�aide et de la compr�hension.

La peine de mort est une manifestation de notre l�chet� et de notre hypocrisie.

Si nous apprenons � pardonner, le monde deviendra meilleur, et les personnes se comprendront mieux les uns les autres.

Oui,  car le mal g�n�re le mal, et la peine de mort g�n�re le mal, cela est un axiome.

Le succ�s de la lutte contre le mal (contre les crimes) n�est pas garanti par une loi sans piti�, mais la certitude qu�on sera puni.

La peine de mort g�n�re elle-m�me le mal: c�est la n�gation du droit et de la possibilit� de corriger une erreur judiciaire; c�est un d�ficit d�humanit� au sein de la soci�t� et de l��tat; non seulement elle porte en elle l�erreur, mais elle viole la chose la plus importante, le droit ind�niable de chaque �tre humain: le droit � la vie.

J�ai trouv� des personnes qui partagent mes id�es, des m�res, des s�urs, des fr�res qui partagent ma douleur. J�ai fond� l�organisation �M�res contre la peine de mort et la torture �.

Notre organisation est publique. De toute notre �me, de toute notre force et notre volont�, nous luttons pour l�abolition des condamnations � mort.

Les pays riches n�ont pas le droit de se tenir � l��cart, quand chaque jour quelque part sur cette terre on pratique encore cette terrible peine de mort, quand chaque jour on enl�ve � de fa�on l�gale ! � la vie de certaines personnes.

Un malfaiteur commet un d�lit tout seul ou en groupe. Le tribunal prononce la peine maximale, avec notre accord tacite commet un homicide. La peine capitale est un homicide, un homicide l�galis� par notre l�chet�, par notre hypocrisie et le refus d�entendre un appel au secours. Car chaque d�lit est un appel au secours, de quelqu�un qui ne sait plus quoi faire. Et qu�est-ce que nous lui donnons comme aide? Il re�oit �la peine maximale�, c�est-�-dire la peine de mort.

Pourquoi est-ce que ce fait triste est la norme de notre vie?

De mon point de vue, ce sont les personnes qui ont d�di� leur vie au service de Dieu qui doivent s�occuper de la solution de ce probl�me. Avec leur connaissance de l��me humaine, avec leur mis�ricorde, seulement eux peuvent aider � r�soudre ce probl�me. Car ces personnes sont les m�decins de l��me humaine. Nous avons appris � soigner notre corps, et nous vivons de plus en plus vieux.

Dans la recherche de bien-�tre mat�riel, nous sommes tous devenus sourds. Nous avons arr�t� d��couter notre �me, nous sommes devenus durs et sourds.

Et d�autres personnes ont profit� de notre surdit�. Ce sont les personnes qui donne une aide spirituelle aux malades et qui les soignent de leur fa�on. Et � cause de notre surdit� et notre c�cit� spirituelle nous connaissons la haine religieuse, l�extr�misme, le terrorisme qui ne connaissent pas de fronti�res.

Mais les faux proph�tes ne dorment pas, ils remplissent le vide spirituel, ils soignent la douleur de l��me, et nous voyons le r�sultats de leurs soins dans notre propre vie.

Les �v�nements en Ouzb�kistan, en Russie et en Am�rique, les �v�nements en Isra�l sont eux aussi le r�sultat de notre surdit� et notre c�cit�.

En avant, alors, retrouvons la vie, apprenons � ne pas n�gliger les souffrances spirituelles de l�homme.

Les hommes de Dieu sont les m�decins des souffrances de l��me humaine. Mais la pr�sence de la peine de mort dans la l�gislation est aussi une maladie, la maladie de l��me de la soci�t�. C�est une maladie grave et dangereuse, plus dangereuse qu�une maladie du corps.

La science et les m�decins gu�rissent le corps. Mais les cons�quences de la maladie de l�esprit sont terribles.

Chaque guerre est une maladie de l�esprit. Et nous connaissons tous les cons�quences de la guerre.

Je m�adresse � vous, fr�res et s�urs!

Vous avez gu�ri mon �me, votre chaleur humaine m�a donn� la force de pers�v�rer dans la lutte pour l�abolition de la peine de mort, car il est �crit: �A celui � qui on a beaucoup donn�, on demandera beaucoup �. 

Alors, luttons ensemble pour l�abolition de la peine de mort en Ouzb�kistan, parce que des milliers de personnes souffrent et attendent votre compassion. Ils ont mis leur espoir en notre aide.

L�humanit� a appris � tuer, maintenant, il faut qu�elle apprenne � pardonner. C�est peut �tre une chance pour le salut de nous tous.

 

Avec amour et estime, Tamara Čikunova

 Chief-Coordinator

�Mothers against the death penalty and torture�.