MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II

  

A mon Fr�re V�n�r�

le Cardinal Walter Kasper

Pr�sident du Conseil Pontifical

pour la Promotion de L�Unit� des Chr�tiens

Il est pour moi particuli�rement agr�able de faire parvenir mes salutations et l�expression de ma cordiale appr�ciation, par votre interm�diaire, tr�s cher Fr�re, � tous les Repr�sentants des Eglises et Communaut�s eccl�siales et des grandes Religions mondiales, r�unis � Milan pour la XVIII�me Rencontre intitul�e � Religions et cultures : le courage d�un nouvel humanisme �. C�est pour moi un motif de grande joie et de r�confort de voir que le p�lerinage pour la paix que j�ai initi� moi m�me � Assise en octobre 1986, ne s�est pas arr�t� mais qu�il continue et cro�t en nombre de participants et porte du fruit.

Je suis �galement heureux de saluer la ch�re Eglise Ambrosienne qui, avec son Archev�que, le Cardinal Dionigi Tettamanzi, accueille � nouveau et g�n�reusement cette providentielle Rencontre. Je remercie aussi la Communaut� de Sant�Egidio qui a saisi l�importance de ce que j�ai appel� � esprit d�Assise � et qui, depuis 1986, continue � le proposer avec audace et pers�v�rance, encourageant ainsi � l�engagement sur un chemin si n�cessaire � notre monde, marqu� par de profondes incompr�hensions et de graves conflits. Souvent l�esprit du dialogue et de la compr�hension a inspir� les voies de la r�conciliation. Malheureusement, de nouveaux conflits ont �clat�, il s�est m�me r�pandu une mentalit� selon laquelle le conflit entre mondes religieux et civilisation est consid�r� comme un legs in�vitable de l�histoire.

Il n�en est pas ainsi ! La paix est toujours possible ! On doit sans cesse coop�rer pour d�raciner de la culture et de la vie les germes d�amertume et d�incompr�hension, ainsi que la volont� de domination , l�arrogance de nos propres int�r�ts et le m�pris de l�identit� d�autrui qui s�y trouvent. En effet, de tels sentiments portent vers un futur de violence et de guerre. Le conflit n�est jamais in�vitable ! Et les religions ont le devoir important de le rappeler � la conscience de tous les hommes et les femmes, ce constat qui est � la fois don de Dieu et fruit de l�exp�rience historique de nombreux si�cles. C�est cela que j�ai appel� l�� esprit d�Assise �. Notre monde a besoin de cet esprit. Il a besoin que surgissent de cet esprit des convictions et des comportements qui rendent la paix solide, par le renforcement des institutions internationales et la promotion de la r�conciliation. L� � esprit d�Assise � stimule les religions � offrir leur contribution � ce nouvel humanisme dont le monde contemporain a tant besoin.

Le monde a besoin de paix. Chaque jour nous parviennent des nouvelles de violences, d�attentats terroristes, d�op�rations militaires. Le monde est peut-�tre en train d�abandonner l�esp�rance d�atteindre la paix ? On a parfois l�impression d�une habitude progressive � l�usage de la violence et � voir du sang innocent �tre r�pandu. Face � ces donn�es pr�occupantes je me penche sur les Ecritures et j�y trouve les paroles r�confortantes de J�sus : �Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point �. (Jn 14,27). Ce sont des paroles qui font na�tre l�esp�rance en nous chr�tiens qui croyons en Lui, � notre paix � (Eph. 2, 14). Je voudrais, toutefois, m�adresser � tous pour vous demander de ne pas c�der � la logique de la violence, de la vengeance et de la haine, mais au contraire de pers�v�rer dans le dialogue. Il faut briser cette cha�ne de mort qui emprisonne et couvre de sang une trop grande partie de la plan�te. Les croyants de toutes les religions peuvent faire beaucoup pour cela. L�image que nous laisse la Rencontre de Milan encourage un grand nombre sur la voie de la paix.

Dans quelques jours nous rappellerons ce terrible 11 septembre 2001 qui porta la mort au c�ur des Etats-Unis. Trois ann�es se sont d�sormais �coul�es mais depuis ce jour, malheureusement, le terrorisme semble augmenter ses menaces de destruction. Il n�y a pas de doute qu�il faut de la fermet� et un esprit de d�cision pour combattre les artisans de mort. En m�me temps, cependant, il faut �uvrer de toutes les mani�res possibles pour d�raciner tout ce qui peut favoriser l�affirmation de cette d�rive de la terreur : en particulier la mis�re, le d�sespoir et le vide des c�urs. Nous ne devons pas nous laisser vaincre par la peur qui nous referme sur nous-m�mes et � renforcer l��go�sme des individus comme des groupes. Il faut avoir le courage de mondialiser la solidarit� et la paix. Je pense en particulier � l�Afrique, � un continent qui semble incarner le d�s�quilibre existant entre le Nord et le Sud de la plan�te �(Message pour la XVI�me rencontre � Hommes et Religions � : Palerme, 29 ao�t 2002), et le bien aim� peuple irakien est au centre de mes pr�occupations, pour lequel chaque jour je prie Dieu en invoquant la paix que les hommes ne savent pas se donner.

La Rencontre de Milan, montre le besoin de s�engager avec d�termination sur la v�ritable voie de la paix, qui ne passe jamais par la violence mais toujours par le dialogue. On sait bien � ceux qui viennent des terres ensanglant�s par les conflits le savent bien � que la violence engendre toujours la violence. La guerre ouvre grand les portes au gouffre du mal. Avec la guerre tout devient possible, m�me ce qui n�a aucune logique. C�est pourquoi la guerre doit toujours �tre consid�r�e comme un �chec : un �chec de la raison et de l�humanit�. Que vienne vite, alors, un sursaut spirituel et culturel qui conduise les hommes � bannir la guerre. Oui, plus jamais la guerre ! J�en �tais convaincu en cet octobre 1986 � Assise, quand j�ai demand� aux membres des diverses religions de se r�unir les uns � c�t� des autres pour invoquer la paix de Dieu. J�en suis encore plus convaincu aujourd�hui : alors que diminuent les forces de mon corps, je sens la force de la pri�re plus vive encore.

Il est donc significatif que la Communaut� de Sant�Egidio ait choisi pour la rencontre de cette ann�e le titre : � Religions et cultures : le courage d�un nouvel humanisme �. Cette fa�on de se rencontrer g�n�re un humanisme, ou une fa�on nouvelle de se regarder les uns les autres, de se comprendre, de penser au monde et d��uvrer pour la paix. A la Rencontre participent des personnes capables d��tre c�te � c�te, en d�couvrant cette amiti� qui fait sentir la grande dignit� de chaque homme et la richesse qui r�side souvent dans la diversit�.

Le dialogue r�v�le le courage d�un nouvel humanisme, parce qu�il requiert la confiance en l�homme. Il ne met jamais les uns contre les autres. Son but est de combler les distances et d��mousser les asp�rit�s pour faire m�rir la conscience que nous sommes tous des cr�atures du Dieu unique, et donc fr�res de la m�me humanit�.

Ces convictions dans le c�ur, j�assure ma participation spirituelle � la Rencontre et j�invoque de tout c�ur sur tous les b�n�dictions c�lestes du Dieu Tout-Puissant.

De Castel Gandolfo, le 3 septembre 2004

Jean-Paul II