Comunità di Sant'Egidio - Napoli 2007 - Per un mondo senza violenza - Religioni e Culture in dialogo Comunità di Sant'Egidio - Napoli 2007 - Per un mondo senza violenza - Religioni e Culture in dialogo
 

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Comunit� di Sant'Egidio

23/10/2007 - 19:30 - Piazza del Plebiscito
C�r�monie conclusive

Samuel Kobia
Secr�taire g�n�ral du Conseil cum�nique des �glises

M�ditation sur Lc 19, 1-10

L�histoire du salut du publicain Zach�e

1. Avec J�sus, la v�rit�

Ce texte nous raconte l�histoire de J�sus qui arrive � J�richo. Une grande foule est venue pour le voir, ne serait-ce que de loin. Parmi elle se trouve Zach�e. Il cherche � se frayer un passage � travers la foule pour mieux le voir, mais ne parvient pas � atteindre le premier rang. Aussi est-il oblig� de courir en avant et de grimper sur un sycomore pour bien voir ce rabbin itin�rant dont on parle tant.

Le fait que la foule tourne le dos � Zach�e contient une v�rit�. Il est le chef des publicains, et le texte pr�cise que c�est un homme riche. On peut en d�duire que c�est un personnage important � J�richo. De nos jours, cet homme exigerait une place au premier rang � qui lui serait sans doute accord�e � car, sans �gard � la fa�on dont elle a �t� obtenue, la richesse est reconnue et donne des privil�ges. Dans le texte, nous voyons qu�� J�richo les gens ordinaires ne reconnaissent pas la richesse comme telle. Ils seraient plut�t d�avis que Zach�e a accumul� ses richesses en collaborant avec l�ennemi, l�Empire romain. Il a achet� le privil�ge de percevoir les imp�ts, et son succ�s vient de ce qu�il n�a eu aucun scrupule � les exiger des hommes, ses semblables.

Il est riche, mais il est marginalis�. Les gens de J�richo disent : � Il est riche, il est vrai, mais il nous trompe. Il profite de son pouvoir. Pour nous, une seule chose compte : m�me si nous sommes pauvres, nous sommes les descendants d�Abraham. Zach�e est riche, mais il est perdu ! �. Quand J�sus vient, il r�v�le la v�rit�. La v�rit� sur le m�pris des hommes, sur la jalousie, sur les esp�rances et le d�sespoir cach�s dans l�homme.

2. J�sus choisit celui qui s�est perdu

C�est J�sus qui s�invite chez Zach�e. � Il me faut aujourd�hui demeurer chez toi �. Pourquoi une telle urgence ? Nombreux �taient ceux qui, � J�richo, auraient voulu que J�sus vienne chez eux. Les gens autour de lui s��tonnent que J�sus pr�f�re la maison d�un publicain p�cheur ! N�a-t-il pas compris quelle sorte d�homme est Zach�e ?

C�est une � option pr�f�rentielle � vraiment singuli�re, non pas pour le riche ou le nanti, mais pour celui qui est perdu, quelles que soient ses richesses sur cette terre. C�est la gr�ce imm�rit�e qui se pose sur la maison de Zach�e. Cette gr�ce ne se soucie pas de l��ventualit� d��tre incomprise ou contest�e. La gr�ce authentique porte ses fruits.

3. Conversion et r�paration

Le fait que J�sus se rende chez Zach�e est un grand tournant � je dirais m�me une d�viation � scandaleuse � - pour les habitants bien-pensants de J�richo. Mais l�histoire ne s�arr�te pas l�. Son amiti� pour Zach�e provoque un tournant encore plus radical : une conversion qui est vraiment une bonne nouvelle !

Zach�e annonce qu�il donnera la moiti� de ses biens aux pauvres. Et il ajoute : � Si j�ai extorqu� quelque chose � quelqu�un, je lui rends le quadruple �. Le fait qu�un homme puisse se priver de ses biens nous para�t spectaculaire et compl�tement irr�aliste !

Nous devons savoir que la restitution au quadruple �tait une pratique pr�vue par les lois de l��poque. Elle s�explique par le fait que le taux d�int�r�t demand� par les publicains et les usuriers �tait si excessif qu�il pouvait atteindre 100%, voire davantage. Pour nous � habitants des pays riches qui nous plaignons de taux d�int�r�t bien inf�rieurs � cela peut sembler exorbitant. Mais si nous consid�rons l�inflation de la dette que beaucoup de pays font peser sur ce qu�on appelle le Tiers-Monde, cette pratique des percepteurs romains n�est pas exag�r�e. On pourrait citer maints exemples de dettes qui ont augment� de fa�on vertigineuse � cause des int�r�ts. Une restitution du quadruple ne semblerait pas excessive. Quoi qu�il en soit, l�objectif de cette restitution �tait de r�tablir la pleine capacit� �conomique de ceux qui avaient �t� extorqu�s, et pas de leur faire l�aum�ne. La justice diff�re radicalement de la charit�. L�histoire de Zach�e ne contient-elle pas aussi une le�on pour les politiques d�all�gement de la dette aujourd�hui ?

La vraie bonne nouvelle, c�est que Zach�e qu�il va donner la moiti� de ses biens aux pauvres. Cela n��tait pas pr�vu par les lois de son temps, et ce n�est pas non plus en vigueur aujourd�hui. Nous pouvons voir cela plut�t comme une mise en pratique du commandement fondamental de la Torah : Aime ton prochain comme toi-m�me. Et donc, partage avec ton prochain la moiti� de tes biens.

L�histoire de Zach�e est remarquable parce qu�elle nous parle de r�paration � r�paration comme r�ponse � la gr�ce de Dieu, comme cons�quence d�un repentir sinc�re, comme changement total du c�ur. Voil� une histoire de gr�ce de grand prix.

4. Le salut est arriv� pour cette maison

En apprenant l�intention de Zach�e, J�sus dit : � Aujourd�hui le salut est arriv� pour cette maison, parce que lui aussi est fils d�Abraham. Car le Fils de l�homme est venu chercher et sauver ce qui �tait perdu �.

Apr�s l�annonce du projet de r�paration, J�sus parle du salut. Le salut s��tend � toute la vie ; c�est un changement d�attitude qui vient du c�ur, et une nouvelle fa�on de se comporter.

� Tu as fait ce qui �tait juste, dit J�sus � Zach�e, tu es, toi aussi, un descendant d�Abraham. Tu l�es vraiment ! Tu fais partie du pacte d�Alliance. Qui oserait te le contester ? �. C�est une histoire qui finit bien.

Mais il reste quelques questions : que diront les habitants de J�richo ? Seront-ils heureux d�accueillir � nouveau Zach�e dans leur communaut� ? Seront-ils pr�ts � recevoir son argent et � changer d�attitude ? Ou bien pr�f�reront-ils rester pauvres et retranch�s dans leur m�pris ?

Le fait de recevoir un don aussi g�n�reux sans se sentir encore plus humili�, est un acte de gr�ce. � Le salut est arriv� pour cette maison �, dit J�sus. Le salut est-il �galement arriv� � J�richo ? L�histoire ne nous le dit pas. Ce r�cit de l�Evangile reste en suspens. C�est l� que nous entrons en sc�ne. Quel r�le sera le n�tre ? Celui de Zach�e ? Ou celui des habitants de J�richo ?