Comunità di S.Egidio


 

25/01/2003


C�te d'Ivoire : vers un gouvernement de r�conciliation

 

Les dix d�l�gations ivoiriennes r�unies � Marcoussis ont sign� dans la nuit de jeudi � vendredi un accord qui pr�voit le maintien au pouvoir du pr�sident Laurent Gbagbo jusqu'� la fin de son mandat et la formation d'un gouvernement ouvert � toutes les parties. Le gouvernement �largi aux rebelles, qui avaient jusqu'� la table ronde exig� le d�part du pr�sident, doit �tre dirig� par un premier ministre de consensus. Cet accord ouvre la voie � un r�glement politique de la guerre civile, qui, depuis le coup d'Etat manqu� du 19 septembre 2002, a fait plusieurs centaines de morts et paralys� le pays. Il doit �tre pr�sent� ce vendredi par le coordinateur Pierre Mazeaud au pr�sident Jacques Chirac qui, dans l'apr�s-midi, re�oit Laurent Gbagbo.

La table ronde ivoirienne de Linas-Marcoussis a d�bouch� dans la nuit de jeudi � vendredi sur un accord pr�voyant la mise en place d'un "gouvernement de r�conciliation nationale" regroupant les principales forces politiques et les trois mouvements rebelles du pays.

Ce texte, finalis� au terme d'une s�ance marathon qui ne s'est achev�e que vers 2 h 30 au Centre national du rugby (CNR), doit �tre approuv� ce week-end � Paris par la conf�rence des chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest.

Il ouvre la voie � un r�glement politique de la guerre civile qui, depuis le coup d'Etat manqu� du 19 septembre 2002, a fait plusieurs centaines de morts et paralys� le "poumon �conomique" de l'Afrique de l'Ouest.

Cet accord maintient Laurent Gbagbo � la pr�sidence de la C�te d'Ivoire. Mais le chef de l'Etat, �lu en octobre 2000, devra composer avec un "premier ministre de consensus" � la t�te d'un gouvernement qui, pr�cise le texte dont Reuters s'est procur� une copie, "disposera, pour l'accomplissement de sa mission, des pr�rogatives de l'ex�cutif".

La r�bellion, qui �tait arriv�e � Paris en r�clamant la d�mission de Laurent Gbagbo, n'a pas obtenu gain de cause sur ce point pr�cis mais estime que l'accord de Linas-Marcoussis va "dans le sens de la reconstruction et de la r�conciliation". "Il est clair que, pour nous, concevoir la nouvelle C�te d'Ivoire avec M. Gbagbo est vraiment difficile, mais nous pensons qu'il faut trouver un �quilibre", a d�clar� � Reuters Konat� Siriki, porte-parole du Mouvement patriotique de C�te d'Ivoire (MPCI). "Ce que nous n'avons pas eu d'un c�t�, nous l'avons obtenu de l'autre avec un gouvernement fort qui a en main toutes les clefs de la r�solution de la crise", a ajout� le repr�sentant du plus important mouvement rebelle, qui contr�le le nord de la C�te d'Ivoire.

CHOIX D'UN PREMIER MINISTRE

"C'est un accord de compromis entre les revendications des diff�rents partis qui ont particip� � cette table ronde", a comment� pour sa part l'actuel chef du gouvernement, Pascal Affi Nguessan, qui dirigeait la d�l�gation du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo.

Le premier ministre ivoirien, joint par t�l�phone, a indiqu� que les n�gociateurs n'avaient pas �tabli de "listes de premier ministrables" et qu'il n'�tait pas en mesure de dire quand Laurent Gbagbo proc�derait � cette nomination. "C'est � lui qu'il faut poser la question", a-t-il dit. Mais on indiquait en d�but de soir�e, de source proche de l'opposition ivoirienne, que "le nom du futur premier ministre ne sortirait pas forc�ment de Marcoussis mais peut-�tre de France, d'ici � dimanche soir".

L'accord de Linas-Marcoussis pr�cise que le futur gouvernement ivoirien "sera compos� de repr�sentants d�sign�s par chacune des d�l�gations ivoiriennes ayant particip� � la table ronde". Ce gouvernement aura notamment pour t�che de "pr�parer les �ch�ances �lectorales aux fins d'avoir des �lections cr�dibles et transparentes et en fixera les dates". Il restera en place jusqu'� la prochaine �lection pr�sidentielle, "� laquelle le premier ministre ne pourra se pr�senter", ce qui rend plus qu'improbable un retour � la t�te du gouvernement d'Alassane Ouattara.

L'ancien premier ministre et figure embl�matique de l'opposition ivoirienne, interdit d'�lection en 2000 du fait de sa "nationalit� douteuse", ne fait pas myst�re de ses ambitions pr�sidentielles. De m�me, l'ancien pr�sident Henri Konan B�di�, renvers� par un coup d'Etat militaire en d�cembre 1999 et lui aussi interdit de candidature � la derni�re pr�sidentielle, a clairement indiqu� au d�but des n�gociations qu'il n'�tait nullement int�ress� par un poste de premier ministre.

L'accord a �t� sign� par les dix d�l�gations participant depuis le 15 janvier � la table ronde ivoirienne sous l'�gide de la France ainsi que par l'ancien ministre fran�ais Pierre Mazeaud, membre du Conseil constitutionnel, qui pr�sidait les discussions. Pierre Mazeaud le pr�sentera dans la matin�e au pr�sident Jacques Chirac, qui recevra ensuite dans l'apr�s-midi Laurent Gbagbo, arriv� jeudi en fin d'apr�s-midi � Paris.

ABIDJAN DEMANDE L'ACTIVATION DE L'ACCORD DE D�FENSE

Mais le neuvi�me et dernier jour de la table ronde de Linas-Marcoussis a aussi co�ncid� avec une nette d�t�rioration de la situation en C�te d'Ivoire, soulignant les difficult�s � venir. Le ministre ivoirien de la d�fense, Kadet Bertin, a demand� l'activation de l'accord de d�fense qui lie la C�te d'Ivoire � la France pour faire face � ce qu'Adbijan pr�sente comme une agression du Liberia, en d�pit des d�mentis de Monrovia. "Il faut qu'on active les accords de d�fense, il faut que la France envoie des militaires ici pour chasser ces gens-l�", a-t-il d�clar� jeudi soir sur Radio France international. La France et la C�te d'Ivoire sont li�es depuis 1961 par un accord de d�fense qui peut conduire la France � intervenir en cas d'"agression ext�rieure caract�ris�e" contre son ancienne colonie d'Afrique de l'Ouest.