Comunità di S.Egidio


 

06/03/2007


Voici les artisans de l�ombre du dialogue direct

 

L�accord de paix sign� � Ouagadougou entre le pr�sident Laurent Gbagbo et son opposition arm�e a �t� bien accueilli par l�opinion publique nationale et internationale. Un mois durant, les d�l�gations de Bouak� et d�Abidjan ont travaill� d�arrache-pied pour parvenir � mettre sur papier la charpente de ce que sera la nouvelle transition en C�te d�Ivoire. A leurs c�t�s, des personnalit�s ont man�uvr� dans l�arri�re-cour.

Thabo Mbeki, pr�sident de l�Afrique du Sud

Thabo Mbeki a r�ussi son pari. Obtenir un accord dans la crise ivoirienne par les Ivoiriens et pour les Ivoiriens.

Vilipend� et contest� par l�opposition politico-arm�e qui avait jug� sa m�diation partiale, apr�s en avoir profit� (notamment Alassane Ouattara, qui y a gagn� le ticket de participation � la prochaine pr�sidentielle), le num�ro un du pays arc-en-ciel n�a pas renonc� � sa volont� de venir en aide � la C�te d�Ivoire.

La prospection d�un terrain � Ouagadougou pour l�ouverture d�une ambassade dans le pays des hommes int�gres au d�but du dialogue direct n�est pas fortuite. Le successeur de Mandela avait d�cid� de travailler en souterrain aupr�s de Blaise avec qui, � la demande du pr�sident du Faso, il avait engag� des relations bilat�rales depuis quelques semaines. Ses �missaires ont man�uvr� dans l�intension de tenir la France loin des n�gociations. Et ils ont r�ussi, parce que ce n�est qu�� quatre jours de la signature de l�accord que Brigitte Girardin, mise devant le fait accompli (les parties ont ignor� la 1721 qu�elle d�fendait) a indiqu� la voie officielle que la France va suivre d�sormais. M�me quand Blaise est revenu du sommet France-Afrique, le pr�sident de la R�publique sud-africaine, selon des confidences, a fait pr�valoir �la psychologie et l��me� de l�Afrique digne pour r�gler le probl�me d�un pays africain. Le pr�sident Gbagbo lui a rendu un hommage appuy� � Ouaga comme � Abidjan pour l�avoir soutenu jusqu�aux n�gociations de Ouaga.

En r�alit�, le �tandem� Thabo Mbeki � Laurent Gbagbo est � l�origine du dialogue direct. C�est lors de la derni�re visite � Abidjan du pr�sident sud-africain, en septembre 2006, que les choses se sont pr�cipit�es. Face � la morgue de Charles Konan Banny et aux jeux ind�cents du PDCI et du RDR, face � la volont� plusieurs fois manifest�e du pr�sident burkinab� de se rapprocher de Pretoria, les deux hommes ont choisi de privil�gier la �cl� Compaor� pour r�gler la crise ivoirienne. D�o� une visite � Ouagadougou qui a �t� tr�s fructueuse, malgr� le r�cit mensonger qu�en avaient fait alors les journaux proches du RHDP. C�est � partir de l� que tout est devenu irr�versible.

L�on sent d�ailleurs la marque de fabrique de la r�conciliation �� la sud-africaine� dans l�accord de Ouaga.

Mario Giro de la communaut� Saint�Egidio

Le pr�sident Laurent Gbagbo lui a rendu hommage publiquement � la signature de cet accord �r�volutionnaire�. Mario Giro, membre de la communaut� Saint�Egidio, a �uvr� avec tact aupr�s des diff�rentes d�l�gations au dialogue direct et jou� un r�le diplomatiquement correct aupr�s de Blaise Compaor� pour que celui-ci puisse parvenir � un consensus r�aliste et applicable en C�te d�Ivoire.

A quarante-deux ans, plein de jovialit� et tout en rondeurs, c'est un pilier de cette association catholique et la�que � but non lucratif. Fond�e en 1968 � Rome, elle compte 30 000 membres, principalement en Europe et en Afrique. Des militants de Dieu, d�fricheurs de paix.

Mario Giro travaille aux relations ext�rieures de la communaut� Saint�Egidio. Il a commenc� son activit� de m�diateur en 1990 dans le conflit mozambicain, qui opposait le pouvoir � la r�bellion. Il a m�me fait un voyage � Maputo en Mozambique, o� une guerre entre la r�bellion arm�e et le pouvoir en place �tait � son paroxysme. Apr�s vingt-sept mois de tractations discr�tes, le cessez-le-feu est enfin sign�. C'est ce succ�s qui a propuls� Sant�Egidio sur la sc�ne internationale. Dans la foul�e, l�association s'est investie dans le dossier alg�rien. Elle y a essuy� le feu des �radicateurs et des int�gristes. Mais Bouteflika lui-m�me, quatre ans plus tard, a �voqu� l'utilit� de la plate-forme que la communaut� Saint�Egidio avait alors propos�e.

Dans le conflit burundais, elle avait �t� d�sign�e pour pr�sider la �commission de cessez-le-feu�, avant la signature de l�accord d�Arusha.

Enracin�e � Rome, bienfaitrice des pauvres, oeuvrant sous l'oeil bienveillant du Vatican, la communaut� religieuse de Sant�Egidio est surtout connue pour son action diplomatique. Des conflits africains aux n�gociations pour la paix en Alg�rie ou au Kosovo, ses ambassadeurs sans titre ont acquis une aura internationale.

Vincent Zakan�, Conseiller juridique de la pr�sidence du Faso

Bien qu�il y avait des juristes avis�s dans le camp pr�sidentiel (D�sir� Tagro,�) et au sein de la d�l�gation de Bouak� (Kon� Mamadou, Me Konat� Fakhy), le facilitateur n�a pas h�sit� � confi� les drafts produits au cours de ce dialogue direct � son Conseiller juridique, le Pr. Vincent Zakan�. Fin praticien du droit qu�il enseigne d�ailleurs avec aisance, selon des confidences dans les milieux diplomatiques ougalais, le Conseiller juridique du num�ro un du Faso n�a pas du tout ch�m� aux c�t�s du ministre Djibril Bassol�. Il n�h�sitait pas, lorsqu�il y avait des zones d�ombres dans les propositions de telle ou telle partie au dialogue direct, � renvoyer les documents aux concern�s pour qu�ils �vacuent ce qui pourrait donner libre cours � des interpr�tations au sortir de Ouagadougou. Ses conseils (dans le sens du droit et conform�ment � la Constitution ivoirienne que la r�solution 1721 reconna�t d�ailleurs) au facilitateur et � son ministre qui supervise le dialogue, ont permis de ne prendre en compte que des propositions r�alistes.

Saint-Claver Oula