source : AVVENIRE
On les appelle le « peuple des invisibles ». 90 % des habitants du Malawi, le pays le plus pauvre d’Afrique, ne sont pas inscrits à l’état civil. Un héritage de l’époque coloniale, qui s’est conclue en 1964, pendant laquelle l’inscription sur le registre national était obligatoire pour les seuls résidants étrangers. Dans les décennies qui ont suivi l’indépendance, « l’invisibilité légale » des enfants s’est maintenue. Jusqu’à 2010. Cette année-là, le gouvernement a décidé d’instituer le National Register Act. Or les décrets d’application ne sont entrés en vigueur qu’en août 2015. Pour combler le retard, la Communauté de Sant'Egidio, présente au Malawi depuis 1999, a lancé une collaboration avec l’exécutif local pour procéder à l’inscription de la population.
Les résultats, en ces quatre premiers mois de travail, sont encourageants. Le programme Bravo ! – acronyme anglais de « inscription à l’état civil pour tous » est déjà actif dans plusieurs pays du continent parmi lesquels le Mozambique et le Burkina Faso – a enregistré, dans le seul district de Balaka, 20 000 demandes.
Comme cela a été souligné par Marco Impagliazzo, président de Sant’Egidio, en visite au Malawi ces jours-ci, l’inscription est la première condition pour l’accès à tous les autres droits : elle permet d’étudier et de travailler légalement, rend les enfants moins vulnérables face au risque d’être recrutés par les groupes armés ou de finir victimes de l’esclavage, d’abus sexuels, de mariages précoces. Grâce à Bravo !, a expliqué Marco Impagliazzo, « les enfants ne sont plus invisibles. Ils existent et, avec eux, leurs familles existent. Et c’est donc toute une société qui existe. Avec l’application de la loi pour l’inscription, le Malawi accomplit un pas important pour le développement du pays, fondé sur la reconnaissance des droits fondamentaux de ses citoyens ». |