La persistance de discriminations racistes et autres dans l’application de la peine de mort a été dénoncée mardi 28 novembre à Rome, lors d’un congrès annuel qui réunissait une vingtaine de ministres de la justice sous l’égide de la Communauté de Sant’Egidio.
Mario Marazziti, porte-parole de cette communauté proche du Vatican, a cité une étude américaine selon laquelle, sur les 15 978 peines capitales exécutées dans l’histoire des États-Unis, 30 seulement concernaient des Blancs qui avaient tué des Noirs.
Robert Badinter, ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, qui avait fait adopter en 1981 l’abolition de la peine en France, a relevé qu’aujourd’hui plus de 150 États ont aboli cette peine, alors que la France était le 37e État à le faire en 1981. Le racisme et la discrimination sociale sont encore flagrants dans l’application de la peine capitale, et « jamais on n’a vu un fils de banquier ou d’un grand avocat finir dans le couloir de la mort », selon l’ancien ministre français, cité par Sant’Egidio.
ÉVOLUTIONS PROMETTEUSES
Des évolutions prometteuses ont été enregistrées en Afrique : le ministre de l’intérieur du Zimbabwe, Theresa Makone, a affirmé que son gouvernement envisageait une révision constitutionnelle pour abolir la peine de mort, non appliquée depuis 32 ans tandis que le représentant centrafricain, Dominique Said Panguindji, a annoncé qu’un comité serait formé pour abolir la peine de mort, encore inscrite dans le Code pénal.
Ces dix dernières années, 31 pays l’ont abolie en pratique ou dans leur législation. En 2011, la Mongolie a aboli la peine de mort et, en 2012, le Connecticut a été le 17e État américain à le faire.
Le 19 novembre, 110 pays – plus haut chiffre jamais atteint – ont demandé dans le cadre de l’ONU un moratoire général sur la peine capitale.
Chaque année, la Communauté de Sant’Egidio célèbre chaque année le 30 novembre une journée Cities for life, mobilisant 1500 villes, dont 69 capitales (parmi lesquelles Paris qui a rejoint cette année le réseau Cities for life). Cette date a été retenue parce qu’un premier État européen, le Grand-duché de Toscane, avait aboli la peine de mort le 30 novembre 1796.