La 25e rencontre internationale pour la paix s’est achevée mardi soir 5 octobre à Barcelone par un appel à la paix signé par environ deux cents responsables religieux chrétiens, musulmans, juifs et bouddhistes. Cette cérémonie, qui se situe dans la continuité de la rencontre interreligieuse d’Assise de 1986, voulue par Jean-Paul II, a clôturé deux jours de débats entre des leaders religieux, mais aussi économiques et politiques venus du monde entier.
Année après année, l’événement organisé par la communauté Sant’Egidio et le diocèse d’accueil, fait la promotion d’une culture du dialogue, dans un climat de grande liberté, entre des responsables qui ont finalement peu d’occasions de se rencontrer. Les questions abordées sont ceux du moment : mondialisation, migrations, écologie, dialogue entre les cultures et les religions, tensions et conflits régionaux…
Traditionnellement, lors des rencontres organisées par cette communauté fondée par Andrea Riccardi en 1968 à Rome dans les locaux de l’église Sant’Egidio et active à la fois sur les plans social et diplomatique, les aspects informels sont aussi importants que les discussions de fond. Les membres de la communauté, venus en grand nombre d’Italie soutenir l’organisation catalane, veillent d’ailleurs en permanence sur les hôtes pour favoriser les rencontres en dehors des temps de débats.
Placer la décennie commençante sous le signe du dialogue
De fait, des contacts se nouent, des cartes de visite s’échangent, des messages passent. La rencontre est l’occasion de contacts œcuméniques informels et appréciés. Lors d’une table ronde sur l’urgence de l’unité des chrétiens, Mgr Ilarion, métropolite orthodoxe et président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, relevait qu’il n’est « pas si simple de trouver des opportunités de se retrouver entre chrétiens ».
La précédente édition de cette rencontre à Barcelone en 2001 s’était achevée par un vibrant appel à la paix, quelques jours seulement avant le 11 septembre. Le dialogue entre religions en avait grandement souffert.
En organisant à nouveau la rencontre dans la capitale catalane, Sant’Egidio a voulu conjurer un traumatisme profond et placer la décennie commençante sous le signe du dialogue.
Rendez-vous à Munich en 2011
L’appel final, lu sur le parvis de la cathédrale, après que les communautés religieuses représentées ont prié séparément en divers lieux de la ville, insiste sur le dialogue comme art et comme exigence sur le chemin de la paix : « À travers le dialogue se réalise ce destin commun qu’est la paix. Le dialogue est le chemin pour le retrouver et le construire. Il protège chacun d’entre nous et préserve notre humanité dans un temps de crise (…). Il rend capable de voir loin même quand tous ne regardent que ce qui est près d’eux, finissant par se sentir seuls, résignés, effrayés (…). Rien n’est perdu avec le dialogue. Tout devient possible, même imaginer la paix. »
Dans son adresse finale, Andrea Riccardi a rappelé les intuitions qui guident Sant’Egidio , en particulier le manque d’un esprit et d’une vision dont souffrent les institutions internationales pour rendre fructueux le dialogue entre responsables et que seules les traditions religieuses peuvent leur apporter.
Après Cracovie l’an dernier et Barcelone cette année, la rencontre 2011 aura lieu à Munich, en Allemagne, le diocèse dont le cardinal Ratzinger fut l’archevêque. La capitale catalane s’apprête désormais à accueillir le pape Benoît XVI le 7 novembre pour consacrer la nef centrale de l’Église de la Sainte-Famille.