Un an après son assassinat, le 2 mars 2011, l'Église du Pakistan rend hommage à Shahbaz Bhatti, 42 ans, ministre fédéral des minorités, assassiné dans sa voiture à Islamabad. Le meurtre avait été revendiqué par le Tehrik-e-Taliban Pakistan, mouvement terroriste proche d'Al-Qaida, accusant le ministre de s'être « opposé à la loi anti-blasphème » et d'avoir défendu la chrétienne Asia Bibi.
Shahbaz Bhatti, ministre des minorités depuis 2008, seul catholique au sein du gouvernement pakistanais, savait qu'il était menacé de mort. Depuis l'assassinat deux mois auparavant, pour les mêmes motifs, de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab et musulman, le ministre catholique était devenu la nouvelle cible des extrémistes.
Lors de la célébration œcuménique qui s'est déroulée samedi 3 mars à Lahore, le P. Andrew Nisari, vicaire général du diocèse, a demandé « à nos évêques de se battre pour que le martyre des Pakistanais soit reconnu. Tous les chrétiens tués pour blasphème doivent être déclarés martyrs ». Un point de vue partagé par son homologue, Mgr Alexander John Malik, évêque anglican de Lahore. Vendredi 2 mars, des messes et veillées de prières se sont succédées dans toutes les églises du Pakistan. Des manifestations à l'étranger ont également marqué le premier anniversaire de la mort du ministre pakistanais. À Rome, l'université pontificale du Latran, la communauté de Sant'Egidio et l'Association des Pakistanais chrétiens en Italie ont ainsi organisé des hommages et des veillées de prière.
Testament spirituel
C'est le testament spirituel de Shahbaz Bhatti, publié en avril 2011 par la revue jésuite Civilta Cattolica, qui a notamment marqué les esprits, faisant dire au cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, que le ministre pakistanais « était un véritable martyr » qui « savait [qu'il mourrait assassiné] et avait déjà offert sa vie ». C'était d'ailleurs à l'appui de ce document que la Conférence épiscopale du Pakistan a décidé, peu après le meurtre de Shahbaz Bhatti, d'envoyer au Saint-Siège une demande pour que le ministre catholique soit proclamé martyr, assassiné « in odium fidei » (en haine de la foi).