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2013 十月 21

L'évêque sert les sans-abri

Monseigneur Delville fait le service à table, le samedi, à la Communauté Sant'Egidio

 
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Notre nouvel évêque incarne décidément une nouvelle génération de prélats… Et il a plus d’une corde à son arc ! Le samedi, par exemple, il troque ses atours de « Monseigneur » et se retrousse les manches pour aller servir les repas au dîner des sans-abri de la communauté Sant’Egidio, en Jonruelle. L’évêque fait même… la vaisselle.

«Le Père Damien ne s’est jamais avoué vaincu. Il n’a jamais baissé les bras alors qu’il aurait eu de quoi… Au contraire, il a créé une
ville-modèle à Molokai », rappelle Mgr Jean-Pierre Delville. C’est en hommage au missionnaire belge que la communauté Sant’Egidio de Liège, installée en Jonruelle dans le quartier Nord, a baptisé son restaurant social « Kamiano » : « C’est ainsi que les indigènes  surnommaient le Père Damien quand il servait les repas aux lépreux », poursuit le nouvel évêque de Liège. «Il n’avait pas de médicament pour les soigner, mais il les aidait. Les lépreux sont un peu les sans-abri d’aujourd’hui… Ici aussi, nous savons que nous n’allons pas guérir les gens de la pauvreté, mais nous essayons de leur apporter une meilleure vie ».

Costume trois-pièces sombre et chemise bleue, son seul petit col trahissant sa fonction religieuse, Jean-Pierre Delville, 62 ans, fait des allers-retours entre la cuisine, où s’active une dizaine de bénévoles, et les deux salles à manger pour distribuer les repas du dîner qui accueille, chaque samedi, les personnes en difficultés financières ou sans domicile fixe. «Nous recevons entre 20 et 40 personnes selon les semaines. Nous avons 25 places assises, nous faisons donc deux services », embraie François Delooz, responsable
de la communauté. «Le chiffre de fréquentation augmente, nous prévoyons une troisième salle à manger lors des travaux que nous allons réaliser au rez-de-chaussée ». La communauté Sant’Egidio vient en effet d’acquérir le bâtiment des soeurs franciscaines, qui ne sont plus qu’au nombre de quatre. «Et nous ferons aussi des douches et sanitaires, car il n’en existe nulle part ailleurs qu’à La Fontaine ».
UN DÎNER TROIS SERVICES
Les petites soeurs distribuaient déjà des repas-tartines en semaine. Sant’Egidio a décidé de passer à la vitesse supérieure en
novembre 2010, en osant des repas chauds le week-end, à l’instar de ce qui se faisait à Rome et à Anvers. Un dîner complet, trois services : potage, plat et dessert. «Aujourd’hui, c’est soupe verte 4 saisons, couscous et… lacquemant », précise l’évêque. Eh oui,  Madame Gisèle, de chez Désiré de Lille actuellement sur la Foire d’octobre, a offert cinq boîtes des fameuses galettes liégeoises au sirop gourmand pour le dessert de ce samedi. Un geste généreux, à l’image de la philosophie des dîners : «L’amitié y est garantie, nous veillons au bon ordre pour que les gens soient en sécurité. Il y a une dimension de connaissance mutuelle, de rencontre », continue d’expliquer l’évêque, entre deux assiettes de couscous. «Il y a un noyau de gens réguliers qui se connaissent, d’autres viennent pour rompre la solitude ».
Les clients sont, pour un tiers d’entre eux, des étrangers, sanspapiers, réfugiés, de passage pour quelques samedis, guidés
par l’ouï-dire. Les autres sont trop pauvres pour manger à leur faim, sans famille ou « clochards ». Deux femmes, ce samedi,
parmi les hommes. «Nous avons aussi quelques papas qui viennent avec leur enfant quand ils en ont la garde », confie François
Delooz. Ce n’est pas l’endroit idéal pour un enfant mais on y mange bien. «Le but est que ce soit bon, bien préparé et bien
servi, comme au restaurant ou en famille, pas comme dans un selfservice », poursuit Monseigneur Delville, cette fois entre deux assiettes de lacquemant. «Bon appétit ! », lance un SDF du second service à ses condisciples de tablée. «Et que Dieu nous
garde », ajoute-t-il, avant de commencer à dévorer son potage. Et ce n’est même pas ironique.
C. VRAYENNE

GEORGES, L’UN DES BÉNÉVOLES

« Ça m’aide à relativiser »

de la communauté Sant’Egidio et participe donc au restaurant « Kamiano » depuis ses débuts. Il vient aider deux samedis par
mois. «J’accueille les personnes qui attendent dès 11 heures dans la rue, on discute, je vois comment vont ceux que je connais
bien ». C’est lui qui gère les entrées, en fonction du nombre de places disponibles aux tables. Personnellement, il en retire aussi des avantages : «Ça m’aide à relativiser ma propre vie et ça remet les choses en place de côtoyer ces personnes en difficultés ».