« Nous avons tout mondialisé, sauf la sagesse ! », a déclaré Mme Siti Musdah Mulia, professeure à l'université Islam Syarief Hidayatullah d'Indonésie. « Nous voulons une paix immédiate, car la situation est semblable à une bombe qui peut exploser immédiatement », a dit le rabbin David Rosen, membre du Forum pour la paix qui réunit juifs, chrétiens et musulmans.
« Il existe toujours le risque d'une erreur humaine », a renchéri le professeur Muhammad Fathi Osman, collaborateur de l'Institut d'études de l'Islam, à Los Angeles
Tous ces propos n'étaient pas l'exposé d'un pessimisme paralysant. Bien au contraire, ils voulaient simplement souligner la nécessité urgente de la paix ; surtout au moment où le monde vit une transition rendue encore plus difficile par la grave crise que nous traversons.
Ces réflexions ont été menées au cours de la rencontre internationale de Sant'Egidio qui réunissait, à Chypre, quelque 1 200 participants venus de soixante pays proches ou lointains, dont 200 responsables de toutes les religions. Nous étions au centre de la Méditerranée, dans cette île carrefour des cultures et des religions depuis des temps immémoriaux ; dans cette île blessée, divisée, aujourd'hui, entre Grecs et Turcs. Tout un symbole pour les membres de cette communauté Sant'Egidio, fondée après la rencontre d'Assise, le 27 octobre 1986. Ce jour-là, un homme extraordinaire avait eu un trait de génie : à Assise, en ce lieu où la pauvreté et l'esprit de paix avaient été vécus intensément par un certain François, le pape Jean-Paul II avait invité les représentants de toutes les religions à prier ensemble.
« Ne permettons à personne de violer cet espoir »
Chrétiens de toutes obédiences, bouddhistes, hindouistes, musulmans, juifs, prêtres de Zoroastre et d'autres encore avaient élevé leur pensée vers le Ciel. En même temps, montaient, dans l'air pur, les volutes des calumets de la paix des Indiens venus d'Amérique. Spectacle inoubliable, sentiment profond de l'unité de l'humanité dans toute diversité. C'est cela que quelques chrétiens, tel Andrea Riccardi, ont voulu perpétuer en créant cette communauté qui rassemble des milliers et des milliers de femmes et d'hommes. Ceux-ci veulent faire partager, chaque année, leur indéfectible espérance en relançant inlassablement le dialogue entre les hommes divisés, entre les religions dont aucune ne devrait jamais confisquer pour elle le nom de Dieu.
Si les menaces qui planent sur la paix ont été rappelées, en même temps, la confiance dans l'avenir a été confortée. « Malgré les apparences, le monde avance vers le Bien », a déclaré le cardinal archevêque de Naples, Mgr Sepe. Il a expliqué qu'à Naples, tout le monde a peur. Alors, il a lancé un appel : « Venez déposer dans mon église vos poignards et vos couteaux. Beaucoup l'ont fait, venant de Naples et d'ailleurs. Le jour du Vendredi saint, j'ai brûlé publiquement toutes ces armes ! » Geste fort, un pas vers la concorde, un pas vers le Bien, vers une espérance renouvelée : « Ne permettons à personne de violer cet espoir », a conclu Mgr Sepe.
C'est cette volonté qui a été manifestée par ces hommes et ces femmes réunis dans l'esprit d'Assise pour « marcher avec tous dans le 'vivre ensemble' vers la civilisation de la paix.
