| 17 Novembre 2011 |
Mario Monti forme un nouveau gouvernement de technocrates |
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ROME (AP) ? L'économiste Mario Monti a formé mercredi un nouveau gouvernement qui ne compte aucun homme politique de profession. Il a fait appel à des banquiers, des diplomates et des chefs d'entreprise pour s'assurer que l'Italie, confrontée durement à la crise de la dette, échappe à un désastre financier.
L'ex-commissaire européen à la concurrence, âgé de 68 ans, a annoncé qu'il occupera la double fonction de président du Conseil et ministre de l'Economie pour l'instant, alors qu'il essaye de remettre sur pied les finances du pays et relancer la croissance.
Mario Monti et ses nouveaux ministres ont prêté serment mercredi, mettant officiellement fin à trois ans et demi de gouvernement Berlusconi et à 17 ans de domination politique du "Cavaliere" en Italie. Le président Giorgio Napolitano a dirigé la cérémonie de prestation de serment au Palais du Quirinal, quelques heures seulement après la formation du nouveau gouvernement.
Le nouveau président du Conseil a promis d'être fidèle à l'Italie, de respecter la constitution et d'oeuvrer en faveur des intérêts de la nation. Il a ensuite serré la main de M. Napolitano.
Mario Monti, qui a insisté sur le fait que la croissance économique de l'Italie était pour lui une priorité, présentera ses mesures d'urgence anti-crise dès jeudi au Sénat, avant un vote de confiance. Puis il y aura un second vote, à la Chambre des députés, probablement vendredi.
Les espoirs suscités par la nouvelle administration italienne lui ont valu un répit mercredi sur les marchés financiers. Le rendement des obligations à dix ans a baissé de 0,16 point de pourcentage à 6,77%. La semaine dernière, le franchissement de la barre jugée critique des 7% avait fait craindre que l'Italie ne finisse par être contrainte comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal, de demander une aide financière internationale.
Le rétablissement de la confiance dans l'avenir financier de l'Italie est crucial parce qu'en tant que troisième économie de la zone euro, elle est trop importante pour être secourue.
Mario Monti a fait peu d'allusions à son programme politique mercredi. Expliquant pourquoi son gouvernement ne comptait aucun responsable de parti politique, il a confié que ses discussions avec les dirigeants des partis l'avaient conduit à la conclusion "que la non-présence d'hommes politiques dans son gouvernement l'aiderait".
Corrado Passera, PDG de la deuxième banque italienne, Intesa Sanpaolo SpA, dirigera le ministère du Développement économique et des infrastructures; Piero Gnudi, président d'Enel, celui du Tourisme et des Sports, dans un pays où les recettes du tourisme sont très importantes; Giulio Terzi di Sant'Agata, actuel ambassadeur italien à Washington, celui de ministre des Affaires étrangères.
Un historien de l'Eglise catholique entretenant des liens étroits avec le Vatican, Andrea Riccardi, a été nommé ministre de la Coopération internationale. La désignation à ce poste du fondateur de la Communauté de Sant'Egidio semble récompenser les parlementaires pro-Vatican au Parlement.
Trois ministres sont des professeurs d'université, comme Mario Monti lui-même, et trois sont des femmes, dont Paola Severino à la Justice.
Dans une lettre adressée à Mario Monti, Nicolas Sarkozy l'a félicité et assuré "de la volonté la plus complète de la France de coopérer étroitement" avec son gouvernement. "Je suis convaincu que la mise en oeuvre par l'Italie des nouvelles mesures qui viennent en complément des plans déjà adoptés lui permettra, dans la confiance, de trouver le chemin de la stabilité et de la croissance", a souligné le président français.
La chancelière allemande Angela Merkel l'a également félicité. Son porte-parole, Steffen Seibert, a exprimé l'espoir que le gouvernement Monti mette en oeuvre les réformes nécessaires "pour que l'Italie puisse regagner la confiance des marchés". Mme Merkel "a une haute opinion de lui. C'est un expert qui connaît très bien les relations en Europe", a-t-il ajouté.
Paolo Ferrero, chef d'un petit parti d'extrême gauche italien, Rifondazione Comunista, se montrait beaucoup moins confiant. "Ce gouvernement, lié aux banques, aux affaires, au Vatican, aux universités privées (...) c'est l'opposé de ce que le pays a besoin", a-t-il affirmé.
Chargé dimanche par le président Giorgio Napolitano de former une nouvelle équipe au lendemain de la démission de Silvio Berlusconi, Mario Monti avait exprimé mardi sa "sérénité" et sa "conviction" quant à la capacité de l'Italie à surmonter cette phase difficile de son histoire, expliquant à des journalistes que différentes parties s'étaient engagées à endurer des sacrifices pour le bien du pays. AP
pyr/v0526/nc
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