ROME
De notre correspondante
L'annonce a été officialisée hier. L'ancien commissaire européen Mario Monti a accepté la lourde et délicate charge de président du Conseil. Avec deux garanties politiques : le soutien des partis de gauche, de centre et de droite – à l'exception de la Ligue du Nord, dont l'électorat réclame encore des législatives anticipées – et l'accord pour gouverner jusqu'à l'échéance naturelle de la législature fixée au printemps 2013. Il lui restait à constituer le nouvel exécutif. Si l'on en juge la durée de son entretien (2 heures 30) avec le président de la République, Giorgio Napolitano, avant de présenter sa liste de ministres, le parcours pour aboutir à la formation de son gouvernement a été accidenté. Le choix du ministre de la justice aurait notamment donné lieu à des discussions serrées avec Angelino Alfano, le secrétaire général du PDL (Parti de la liberté) de Silvio Berlusconi.
Lors de la présentation hier de l'exécutif, Mario Monti ne s'est pas étendu sur les difficultés rencontrées. Il a préféré souligner qu'« une équipe composée uniquement de techniciens facilitera la mission de l'exécutif ». Compétence et engagement reconnus dans la société civile sont les deux points communs aux personnalités choisies. Une équipe de 16 experts, seulement, ce qui représente déjà un exemple de rigueur. Le gouvernement Berlusconi en comptait plus du double.
Pour mieux rassurer les marchés financiers et ses partenaires européens, Mario Monti aura lui-même une double casquette : président du Conseil et ministre des finances. Pour tous les autres ministères clés, il a misé sur de très grosses pointures. Le ministère du développement économique, des infrastructures et des transports sera dirigé par Corredo Passera, 56 ans, PDG de la grande banque italienne Intesa San Paolo. Le ministère de l'intérieur sera guidé par une femme préfet, qui a toujours été au service de l'État, Anna Maria Cancellieri, 67 ans. Celui de la justice, ministère très délicat, est confié à une spécialiste en droit pénal, Paola Severino. Les affaires étrangères seront entre les mains du diplomate Giulio Terzi Di Sant'Agata, 65 ans, qui va quitter son poste d'ambassadeur aux États-Unis. Autre ministère important, celui de l'instruction et de la recherche universitaire, confié aux mains du directeur du Centre national de recherches (CNR), Francesco Profumo. Le travail et les affaires sociales sont confiés à une brillante économiste, Elsa Fornero, 63 ans. La défense sera dirigée par le président de la commission militaire de l'Otan, l'amiral Giampaolo Di Paola, 67 ans. Autre ministère phare, pour un pays comme l'Italie, celui des « biens culturels », qui voit arriver le recteur de la prestigieuse université catholique de Milan, Lorenzo Ornaghi, 63 ans.
Le 63e gouvernement de la République italienne sera aussi marqué par la présence d'Andrea Riccardi, 62 ans, fondateur de la communauté chrétienne Sant'Egidio, axée sur le dialogue interreligieux et que l'on surnomme la « petite ONU du Trastevere », du nom du quartier romain où se situe son siège. L'historien sera responsable de la coopération internationale et de l'intégration.
Mario Monti doit dévoiler aujourd'hui son programme au Sénat, lors du vote de confiance de son gouvernement. Il a déjà prévenu les Italiens de s'attendre à « des sacrifices ».