CITE DU VATICAN, 17 nov 2011 (AFP) - Plusieurs catholiques influents ont rejoint le gouvernement italien dirigé par l'économiste Mario Monti, mais ils ont été choisis pour leurs compétences et leur présence ne marque pas un retour de la Démocratie chrétienne, selon des experts.
L'économiste Mario Monti est lui-même un catholique pratiquant et s'est rendu à la messe dimanche avant d'être désigné par le président Giorgio Napolitano.
Le nouveau ministre de la Coopération internationale est Andrea Riccardi, fondateur de la communauté très influente Sant'Egidio, qui travaille dans le monde au dialogue inter-religieux et la médiation dans les conflits.
Le titulaire de la Santé est Renato Balduzzi, président du Mouvement des diplômés catholiques MEIC, tandis que celui de la Culture est Lorenzo Ornaghi, recteur de l'Université catholique de Milan.
Plusieurs commentateurs ont dressé un parallèle entre Mario Monti et Romano Prodi, économiste de renom international et ancien président du Conseil de centre-gauche: deux hommes liés d'amitié, qui ont le même style discret, à l'opposé de celui du Cavaliere.
M. Prodi s'endort toujours avec sa bible sur la table de chevet.
"Dans toute période de crise, il y a eu une contribution de la culture catholique" à la politique, souligne le vaticaniste du quotidien Il Fatto Quotidiano, Marco Politi.
L'Eglise est restée très discrète dans les jours de la transition, depuis que Silvio Berlusconi a perdu mardi dernier sa majorité absolue au parlement et après sa démission samedi dernier.
L'Osservatore Romano, le journal du Vatican, s'est contenté d'évoquer factuellement les soubresauts politiques de l'autre côté du Tibre, publiant seulement un grand article historique sur "l'engagement des catholiques en temps de crise".
Mercredi, une fois le nouveau gouvernement formé, le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, l'a qualifié de "belle équipe".
Ces derniers mois, l'Eglise avait pris ses distances de Silvio Berlusconi qu'elle avait longtemps soutenu en raison de son engagement contre toute loi contraire aux valeurs catholiques (avortement, euthanasie, etc).
Faisant allusion aux frasques sexuelles du Cavaliere, le chef des évêques italiens, Mgr Angelo Bagnasco, avait dénoncé en septembre des "comportements difficilement compatibles avec la dignité institutionnelle".
Le pape avait lui-même souhaité "un renouveau éthique" de l'Italie et un sommet a eu lieu, selon les spécialistes, le 17 septembre dans sa résidence d'été à Castel Gandolfo. Benoît XVI, Mgr Bagnasco et le numéro deux du Vatican Tarcisio Bertone y seraient convenus d'une dénonciation des incartades du Cavaliere, sans désigner le chef du gouvernement ou un parti spécifique.
Pour le vaticaniste Politi, la présence de catholiques au gouvernement Monti "est aussi une revanche, car, dans le gouvernement (Berlusconi) formé en 2008, il n'y avait aucun catholique aux ministères clé".
Cependant, pour lui, les personnalités nommées sont d'abord des "personnes attentives au bien commun, et aux besoins de plus nécessiteux".
Pour Marco Tosatti, autre vaticaniste de La Stampa, ces "techniciens ont été choisis parce qu'ils sont chacun au sommet de leurs compétences".
Il a particulièrement salué le choix d'Andrea Riccardi, qui "à partir de rien, a bâti une institution incroyable (Sant'Egidio) qui distribue de la nourriture aux clochards tout en parlant à la Chine".
"Ce ne sont pas des démocrates-chrétiens" mais des "personnalités catholiques qui se distinguent entre elles par des nuances", relève-t-il.
"L'Eglise n'est pas beaucoup entrée dans ce processus, n'a pas eu la possibilité de le faire", selon Marco Tosatti. D'autant que le président Giorgio Napolitano, un ex-communiste, et M. Monti séparent bien leur fonction d'éventuelles convictions religieuses.
"C'est un choix de ministres dans lequel le confessionnalisme n'est pas du tout entré en ligne de compte", d'après M. Tosatti.
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