On peut tomber, mais aussi se relever si quelqu'un vous aide
G.a aujourd'hui 63 ans. Il est né et a grandi dans une ville du centre de l’Italie où il a travaillé jusqu'à il y a quelques années comme marchand de fruits et légumes sur le marché de la place principale. Marié, avec des enfants, un jour, il se sépare de sa femme. Il commence à rencontrer des difficultés dans son travail et ne parvient plus à faire face aux dépenses. A un certain moment, il quitte tout et prend le train pour Rome dans l'espoir de trouver un travail, mais il se retrouve très vite dans la rue. Il commence à fréquenter les circuits dédiés au soutien aux personnes sans abri. Au cours de ses circuits, il arrive notamment à la Mensa de la Communauté de Sant’Egidio, Via Dandolo. Là, il reçoit une aide pour trouver une première solution de logement temporaire et un travail à temps partiel dans la Ville éco-solidaire (Città Eco-Solidale), le lieu où la Communauté de Sant’Egidio récupère les dons de toutes sortes (meubles, vêtements, livres, etc.). Avec cette nouvelle stabilité, G. réussit à reprendre contact avec ses enfants qu'il a régulièrement au téléphone à présent. Preuve qu'il suffit de peu de chose pour sauver un grand nombre de personnes. Car trouver quelqu'un qui écoute vos besoins peut tout changer. Et un travail, même petit, éloigne de la rue et vous redonne votre dignité vis-à-vis de vos proches et de la société.
De Lampedusa à Rome : après la tragédie, un Noël d'espérance
Tadese est né en 1985 en Erythrée. Il a quitté son pays en 2011 et, après avoir traversé l'Ethiopie et le Soudan, il est arrivé en Lybie. De là, il est parti à bord d'une embarcation avec 500 autres personnes en direction de l'Italie dans cette traversée qui est passée à la postérité comme l'une des plus tragiques en Méditerranée, celle de Lampedusa. C'était le 3 octobre 2013 : 369 personnes perdirent la vie, en majorité des Erythréens. Tadese et 152 autres personnes furent secourus au large de l'île et lui fut précisément le dernier à être arraché aux flots, rattrapé par la ceinture de son pantalon par un marin-pêcheur.
Aujourd'hui Tadese vit à Rome et, avec le mouvement “Gens de paix” de la Communauté de Sant’Egidio, il aide d'autres réfugiés comme lui, qui arrivent aujourd'hui en Italie dépourvus de tout. A ceux qui lui demandent pourquoi il le fait, il répond : “Hier j'ai été sauvé, aujourd'hui je dois sauver les autres. Je ne pourrais pas faire autrement. On ne peut pas mourir en mer pour fuir son pays en guerre”. Et quand il a su que se mettaient en place les couloirs humanitaires avec lesquels Sant’Egidio, avec la Fédération des Eglises protestants, sauvera mille réfugiés syriens et erythréens, comme lui, il croit davantage en l'Italie : “Nous sommes de nouveaux Européens, nous construisons notre avenir tous ensemble”.
La solidarité qui surprend en cette année de la Miséricorde
Ces dernières semaines, de nombreux Romains ont pris contact avec la Communauté, manifestant leur souhait d'offrir leur temps pour préparer le repas de Noël avec les pauvres. Nous avons été surpris par leur nombre et par leur conviction. Un mail, un appel téléphonique, un message sur Facebook : de brèves et simples paroles qui manifestent l'envie d'aider, plus encore en ce Jubilé de la Miséricorde. Citons seulement quelques-unes des très nombreuses phrases recueillies : “Cette année je voudrais donner un sens nouveau et vrai à mon Noël, en mettant mon temps à disposition pour les plus déshérités et nécessiteux” ; “Bonjour ! Nous en avons assez des réveillons habituels dépourvus de sens. Nous envisageons de passer la fin de l'année avec les derniers. Organisez-vous quelque chose ? Avez-vous besoin d'un coup de main ?” ; “Bonjour, nous sommes une famille de cinq personnes, père et mère cinquantenaires, enfants de 22, 19 et 16 ans. Nous souhaitons vivre le jour de Noël en tant que bénévoles à votre repas avec les pauvres” ; “Bonsoir, je m'appelle G. Cela fait de nombreuses années qu'avec mon mari nous voudrions partager Noël avec votre communauté. Cette fois-ci nous y serons"… En d'autres termes, la solidarité nous a surpris : la crise ne l'a pas effacée, au contraire, elle a grandi démontrant que l'avenir de l'Italie et de l'Europe ne consiste pas dans l'opposition, dans la construction des murs, mais dans la volonté d'accueillir, d'intégrer, de vivre ensemble. |