Lors de ses dernières visites au camp de réfugiés à Calais, la Communauté de Sant’ Egidio à Calais a dressé un constat : « La plupart [des réfugiés] marchent en tongs, les plus chanceux sont pieds nus dans des baskets boueuses, car la boue, comme le froid, est omniprésente ». En d’autres termes, les réfugiés manquent de tout, y compris des biens les plus fondamentaux pour survivre. Une promesse a été faite par la Communauté aux réfugiés qu’elle a rencontrés : revenir à Calais les bras chargés de chaussures et de chaussettes. Et, comme on dit, chose promise, chose due : une délégation européenne de la Communauté de Sant’ Egidio, réunissant trois pays voisins de Calais - la France, la Belgique et l’Angleterre - s’est retrouvée lundi 28 décembre 2015 sur le camp, chargée d’un stock de plus de 400 paires de bottes neuves et de vêtements donnés par des commerçants et achetés par la Communauté.
L’acheminement et la distribution des chaussures et vêtements sont loin d’être une tâche aisée : il nous faut d’abord réussir à pénétrer à l’intérieur du camp, entouré d’un mur de barbelés blancs car la police bloque l’entrée principale. Nous avons ensuite décidé d’apporter nos présents à l’Eglise Ethiopienne (auto-construite par les réfugiés) car il n’est pas possible d’improviser une distribution sur le camp. En effet, les réfugiés sont aujourd’hui 6000 et malgré notre investissement, nous n’avons pu réunir que 400 paires de chaussures et quelques vêtements supplémentaires : le risque était donc de créer une émeute lors de la distribution. Nous avons donc fait rentrer la camionnette pleine de paquets à l’intérieur de la cour de l’Eglise, et nous avons stocké en cachette nos présents, qui seront distribués équitablement entre les différents groupes religieux du camp (catholiques et musulmans essentiellement), le jour de la fête de Noël qui se célèbre le 6 janvier dans la tradition orthodoxe. Nous avons d’ailleurs été invités au repas, et espérons pouvoir y participer. Nous avons ensuite célébré notre amitié avec l’église, et avec les réfugiés présents avec des nationalités très diverses (Erythréenne, Afghane, Irakienne, Soudanaise, Kurde, Syrienne) par de la musique et des chants.
Déchargement et stockage des cartons de vêtements et de chaussures à l’Eglise éthiopienne
Nous avons poursuivi notre journée par la visite du camp. Certains, qui ne l'avaient jamais vu, ont découvert son paradoxe : celui d’un accueil chaleureux, par des réfugiés le plus souvent issus des classes aisées de leur pays, généralement très instruits, mais vivant dans un milieu indécent, où les droits de l’homme sont loin d’être respectés. D’autres déjà venus à Calais ont pu revoir leurs amis et constater que rien de leurs conditions de vie n’avait été amélioré depuis la dernière fois et que l’absence d’aides des Etats, l’Etat Français en première instance, était toujours palpable.
Et pourtant, malgré tout, un espoir fragile reste présent : « C’est le rêve qui me fait tenir » nous confie Ahmed, un jeune Syrien passionné d’anglais. Rêve de passer en Angleterre, de s’intégrer en France, ou dans n’importe quel pays en paix, rêve de retrouver sa famille, rêve d’un monde en Paix surtout.
« Jungle Books » Une bibliothèque construite au cœur du camp de réfugiés. A l’intérieur, on peut emprunter des ouvrages, il y a des dictionnaires anglais et français, une affiche explique la procédure de droit d’asile. Réfugiés et volontaires y discutaient. Un havre de paix
Le bidonville de Calais aux portes d’un ensemble pavillonnaire
Les promesses gouvernementales. Un chantier de 200 containers qui concernerait 1500 migrants (pour 6000 migrants) prévu pour mars (après l’hiver…) et la réalité du camp : boue, tentes de fortune, détritus. |